Non classé

TDF 2019 : Quintana, l’année ou jamais ?

A 29 ans, le petit colombien de la Movistar semble moins aérien et fringuant que par le passé. Longtemps considéré comme un des meilleurs grimpeurs du peloton et comme principal concurrent de l’armada Sky, beaucoup de spécialistes le voyaient comme un futur vainqueur de la Grande Boucle. Aujourd’hui, il s’élance pour sa 6eparticipation au Tour de France, arrivant discret et dans un rôle d’outsider qui pourrait lui convenir.

            Nous sommes le 14 Juillet 2013 lors de la 15étape du Tour de France. Alors que le monde du cyclisme reste circonspect du démarrage tonitruant de Christopher Froome, moulinant à toute allure sur sa selle dans le Mont Ventoux, ce jour est aussi la confirmation qu’une jeune pépite venue tout droit d’Amérique du Sud est en train d’éclore. Parti quelques kilomètres auparavant dans cette même ascension, le colombien Nairo Quintana (23 ans, Movistar), équipier de luxe de son leader Alejandro Valverde, parvient à suivre Froome (lorsque ce dernier le rejoint) jusqu’à 2km du sommet pour ne terminer qu’à 29 petites secondes. Quelques jours plus tard, il finira 2edu Tour de France et meilleur grimpeur (pour sa toute première participation) ce qui le fera passer au rang de crack du cyclisme mondial. L’avenir était alors à lui. 

Dès l’année suivante, il remporte son premier grand tour en s’adjugeant le Giro 2014. Il revient alors plus fort et confiant sur le Tour de France 2015 où il fait partie des favoris, avec un Froome revanchard après son abandon durant l’édition précédente, et Vincenzo Nibali, le vainqueur sortant. Réalisant une très bonne 3esemaine et reprenant du temps dans les étapes de montagne, il termina 2e à seulement 1’12 de Froome au général. Souvent critiqué (encore aujourd’hui) pour son attentisme et son manque de panache, il a enfin tout tenté. Trop tard peut être ? Froome pouvait-il perdre le tour s’il avait été mis en danger plus tôt ? On ne le saura jamais. Ce qui est sûr, c’est que Quintana n’a jamais été aussi proche de remporter la Grand Boucle, et qu’aujourd’hui, il en parait bien plus loin…

            En 2016, il revient sur le tour et réalise son 3epodium en 3 participations, terminant encore une fois derrière Froome (à plus de 4 minutes cette fois ci !), et le français Romain Bardet. Mais c’est sur le Vuelta 2016 que Quintana va faire part de sa grande forme. Dans un énième duel contre le britannique Christopher Froome, qui lui cherche à réaliser le premier doublé Tour – Vuelta depuis le français Bernard Hinault en 1978, il montra au monde du cyclisme qu’il pouvait tenir tête à son principal rival en s’adjugeant son 2egrand tour.

2017 est un tournant dans la carrière de Quintana. Maillot rose le dernier jour du Giro, il perdit ce dernier au profit du néerlandais Tom Dumoulin durant un contre la montre (spécialité de ce dernier). Cette défaite peut être vue comme le passage de témoin entre des purs grimpeurs et les grimpeurs rouleurs, de retour en forme dans le peloton ces dernières années (Froome, Dumoulin, Thomas, Roglic, etc.), dans un cyclisme où les écarts sont parfois faibles en montagne. Ayant axé sa saison sur un objectif doublé Giro – Tour (jamais réalisé depuis Marco Pantani en 1998), il s’élança sur le Tour de France fatigué, et termina à une toute petite 12eplace. Mais le plus inquiétant reste à venir. En 2018, alors qu’il fait du Tour de France son principal objectif (sans courir le Giro avant), il termine à une très faible 10eplace, pendant que Froome et Dumoulin, ayant couru le Giro quelques semaines avant (Froome 1er, Dumoulin 2e) finissèrent encore sur le podium d’un GT.

Aujourd’hui, Quintana parait moins fort qu’avant, c’est un fait. Peu en vue lors du Critérium du Dauphiné (course préparatoire à la Grande Boucle), il avance en tant que candidat pour un podium. Mais avec un Tour de France plus montagneux et une équipe Movistar confiante qui sort d’une victoire sur le Giro avec l’épatant équatorien Richard Carapaz, combiné à la non-participation de Tom Dumoulin et Christopher Froome, l’optimisme peut être présent dans l’équipe espagnole. Cette dernière, l’une des meilleurs du peloton, qui tarde à regagner un Tour de France (ce fut la derrière fois en 2006 où Oscar Pereiro s’adjugea la Grand Boucle après la disqualification pour dopage de Floyd Landis) verrait d’un bon œil un retour en forme de son colombien.

Avec comme lieutenant de luxe Mikel Landa et l’increvable Valverde, Quintana bénéficiera de valeurs sures en haute montagne. Arrivé à un âge mur, le temps presse pour Nairo. D’autant qu’une nouvelle génération de grand grimpeur sud-américain arrive avec notamment son coéquipier Richard Carapaz, Miguel Angel Lopez, ou encore la pépite du Team Ineos et désigné comme favori du Tour, Egan Bernal.

Laisser un commentaire

%d