Du 27 Septembre au 6 Octobre se dérouleront les championnats du monde d’Athlétisme à Doha. Dans ce cadre, en début de semaine, la fédération française a publié une deuxième liste des athlètes d’ores et déjà sélectionnés pour cet événement. Cette dernière vient ajouter 35 nouveaux noms, ce qui nous donne une vraie indication de ce à quoi ressemblera la liste définitive début Septembre. L’occasion donc de faire un premier tour d’horizon des différentes chances françaises pour ces mondiaux.
Le sprint
Que ce soit chez les femmes ou les hommes, la scène du sprint internationale est cette année très relevée. Ainsi, il semble très difficile d’espérer ne serait-ce qu’une finale pour nos français. En effet, pas moins de 17 athlètes sont déjà descendus sous les 10 secondes sur la ligne droite. Ce qui n’est pas le cas de Vicaut (10’02 à Saint Etienne le 26 Juillet), qui commence juste à pouvoir enchainer les courses après pratiquement 2 ans de blessures. Sur le demi tour de piste, ce n’est pas plus ouvert avec 13 athlètes en dessous des 20 secondes. Il sera donc surtout question de profiter et d’engranger de l’expérience pour le nouveau champion de France, Mouhamadou Fall (20’36 à Saint Etienne le 26 Juillet), qui disputera sa première compétition internationale.
Même son de cloche chez les femmes sur 100 et 400m. En effet, la finale semble promise au trio USA – Jamaïque – Cote d’Ivoire sur la ligne droite. Il semble donc utopique d’envisager mieux qu’une demi-finale pour Carole Zahi (11’20 cette saison). Situation similaire pour Deborah Sananes sur le tour de piste, 44 meilleure performeuse mondiale avec ses 51’55 secondes à Genève en Juin. Elle pourra tout de même espérer une demi-finale tant la discipline est dominée par les américaines, qui ne pourront bien sûr pas être toutes présentes à Doha.
A noter la non-sélection de Christophe Lemaitre sur ces épreuves individuelles. Le médaillé de bronze des championnats du monde 2011 et des jeux de 2016 ne parvient pas à faire descendre ses chronos. Sa prestation en finale du 200m aux championnats de France (6ème place) est symptomatique de son état de forme. Seul un regain fin Aout pourrait lui permettre de participer à ces épreuves, mais cela semble assez compliqué.
Les haies
On le sait, le 110m haies français est une valeur sûre depuis plusieurs années. Cette fois encore il semble possible d’envisager un ou deux athlètes en finale. En effet, Pascal Martinot Lagarde est en progression, il sera surement un peu court pour être à la bagarre pour le podium mais peut espérer une finale (13’34 cette saison). Mais cette saison semble surtout celle du déclic pour Wilhem Belocian. Le recordman du monde junior semble en avoir enfin fini avec les blessures après deux saisons très compliquées. Avec ses 13’28 fin Juin il est le 10ème perfomeur mondial de l’année. Il aurait même pu se hisser au 5ème rang si son chrono en finale des championnats de France avait été homologué (13’14 avec +3.0 de vent). S’il parvient à être épargné par les blessures jusqu’à Doha, il pourra surement se mêler à la bagarre au podium et en finir avec les démons de son faux départ en séries à Rio.

Pour les autres français engagés sur les haies, cela semble plus compliqué. Il sera tout de même intéressant de suivre la progression de trois belles promesse. D’abord Solene Ndama, 20 ans, sélectionnée sur le 100m haies grâce à ses 12’79 alors qu’elle n’est même pas spécialiste de la discipline (épreuves combinées). Mais ce sera aussi l’occasion de se montrer pour la nantaise Laura Valette. Récemment championne de France du 100m haies à Saint Etienne avec un chrono en dessous des 13 secondes (12’87), il sera question d’engranger de l’expérience pour ses premiers mondiaux chez les seniors. Enfin, il sera intéressant de suivre la progression de Wilfried Happio (49’03 sur 400m haie). Du haut de ses 20 ans, il honorera sa première sélection en A après son titre de champion de France fin Juillet.
Le demi-fond
Si pour l’instant, aucune Française n’a été sélectionnée, deux athlètes semblent (presque) prêts à se bagarrer avec les meilleurs chez les garçons. En effet, Alexis Mieillet, 24 ans, s’est imposé comme le nouveau patron du 1500m français (3’34”23 cette saison). S’il semble encore un peu court pour prétendre à une place sur le podium (18ème meilleur performeur mondial), une place en finale est possible grâce à ses grosses qualités de finisseur. Une demie-finale lente pourrait lui être favorable et lui permettre d’accrocher une qualification. L’autre français à suivre sera le toulousain de 25 ans Djilali Bedrani sur 3000m steeple. Lui aussi en progression constante, il est le 10ème performeur mondial de la saison avec ses 8’09″47 établis à Monaco mi Juillet. Il sera donc intéressant de voir les résultats de ces deux garçons dans une compétition de cette envergure. S’il sera compliqué pour eux d’espérer un podium dès ces mondiaux, ce sont tout de même deux belles promesses qui annoncent un renouveau pour le demi-fond français.
Pour ce qui est du 800m, les choses paraissent plus compliquées. Chez les femmes, la vice championne d’Europe, Renelle Lamotte, gênée par une blessure n’est pas encore parvenue à descendre sous les minimas (2’01″22 contre 2’00″60 requis). Elle peut tout de même garder espoir puisqu’elle vient de réaliser son meilleur temps début Aout. De son côté, le champion du monde en titre, Pierre Ambroise Bosse, est dans une situation similaire. S’il est lui qualifié d’office, plusieurs blessures ont tronqué sa préparation et il est pour l’instant très loin de ses temps de passage (1’45″43 cette saison contre 1’42″53 pour son record).
Les sauts
Seul un garçon est présent dans la liste transmise par la fédération: le recordman du monde de la perche Renaud Lavilennie. Lui aussi touché par de nombreuses blessures il commence juste à pouvoir enchainer les compétitions mais a du mal à trouver de la régularité au dessus de 5,80m. Son meilleur saut, 5,85m, ne lui permet de se classer qu’au septième rang des meilleurs performeurs mondiaux de la saison, illustration de l’incroyable niveau actuel de la discipline: 5 garçons à plus de 5,90m et trois au dela des 6m. Néanmoins, il pourra enfin disputer des mondiaux sans le statut d’ultra favori que tout le monde attend sur la première marche du podium. Ainsi, déchargé de cette pression, il pourra peut-être en surprendre plus d’un et enfin obtenir un titre qu’il lui a toujours glissé entre les doigts.
Chez les filles, celle qui figure le mieux dans les bilans mondiaux est Hilary Kpatcha, 13ème meilleure performeuse mondiale à la longueur avec 6,81m. Difficile donc d’espérer ne serait-ce qu’une finale pour ces dernières. Elles constituent tout de même de beaux espoirs pour le futur (toutes âgées entre 21 et 24 ans), leur progression est donc à suivre. Il faut tout de même noter le retour de l’ancienne championne d’Europe de la longueur, Eloyse Lesueur, longtemps éloignée des sautoirs pour des blessures à répétition. Si elle est encore loin de son record (6,72m contre 6,92m), le plaisir de pouvoir enfin participer de nouveau à une telle compétition lui donnera peut être des ailes.
Les lancers
Ce sera peut être l’année du marteau pour l’athlétisme français, avec potentiellement deux athlètes en finale. En effet, chez les femmes, Alexandra Tavernier, première lors des championnats d’Europe par équipe, fait figure d’outsider avec ses 74,84m. Elle est actuellement la neuvième meilleure performeuse mondiale mais pas moins de cinq américaines la devance. On peut donc espérer une belle surprise si elle parvient à garder ce niveau de performance et que certaines favorites flanchent. Du côté des garçons, c’est Quentin Bigot qui peut espérer tirer son épingle du jeu et obtenir un ticket pour la finale. En se rapprochant fortement de son record cette année (78,14m contre 78,58m), il est le huitième meilleur performeur mondial de la saison.
C’est plus compliqué du côté de la médaillée de bronze du disque aux derniers championnats du monde: Mélina Robert-Michon. Avec ses 62,41m elle est à plus de 6cm de son record. Toutefois, il lui reste encore du temps pour améliorer ses marques et sa grosse expérience de ces compétitions internationales pourraient lui permettre d’obtenir au moins une finale.
Epreuves combinées
Sur le papier, c’est le seul titre qui tend les bras à l’équipe de France. En effet, en établissant un nouveau record du monde du décathlon et en devant le premier homme au dessus des 9 100 points, Kevin Mayer fait figure de grandissime favori. De plus, étant le champion du monde en titre, il est qualifié d’office et n’a donc pas eu à disputer un décathlon complet afin de valider son billet. Il a pu se concentrer sur sa préparation et son développement technique tout en participant à certaines épreuves avec les spécialistes. Son récent chrono en finale du 110m haies aux championnats de France (5ème en 13’49) témoigne de son bel état de forme. Quand on sait que la meilleure performance jamais réalisé dans un décathlon dans cette discipline est 13’44, cela annonce de très belles choses. Ainsi, il semble que seul des pépins physiques dans les prochaines semaines ou durant l’épreuve pourraient lui couter le titre. Faire un 0 à un saut serait également une possibilité, mais cela semble peu probable tant Kevin a montré sa capacité à être présent dans les grands rendez-vous lorsqu’il n’est pas gêné physiquement.
