Bundesliga

Union Berlin – RB Leipzig : Le vrai faux derby de l’Est

Ce week-end du 17-18 aout marque le retour de la Bundesliga. À cette occasion, l’Union Berlin y dispute le premier match de son histoire. Hasard du calendrier, la première journée lui réserve un duel des plus détonant face au RB Leipzig. Retour sur un derby aux caractéristiques particulières.

Ce week-end du 17-18 aout marque le retour de la Bundesliga. À cette occasion, l’Union Berlin y dispute le premier match de son histoire. Hasard du calendrier, la première journée lui réserve un duel des plus détonant face au RB Leipzig. Retour sur un derby aux caractéristiques particulières.

UNE RIVALITE TERRITORIALE SANS FONDEMENT HISTORIQUE

10 ans que la Bundesliga n’avait plus connu ça, un club de l’ex-RDA présent dans l’élite du football outre-Rhin. En effet la descente de l’Energie Cottbus en 2009 a laissé un vide que la montée du RasenBallsport Leipzig en 2016 n’a pas comblé. Et pour cause, bien que présent dans l’ex république communiste, le club n’est né qu’en 2009 sur la base du rachat du SSV Markränstadt par la firme autrichienne RedBull. Un départ en cinquième division et après 4 promotions en seulement 7 ans, voilà le RB en Bundesliga. Rien ou presque ne le rattache au passé douloureux de la division entre les deux Allemagnes.

Au contraire des pensionnaires de l’Alte Försterei, le club est fondé officiellement en 1966 mais reste dans l’ombre de son rival et voisin du Dynamo Berlin (club représentant la Stasie). L’Union lui n’est pas soutenu par l’Etat et représente une échappatoire pour les ouvriers et les syndicats. Surtout, comme le rappelle l’hymne du club chanté par Nina Hagen, il « ne se laisse pas acheter par l’ouest ». Cependant la chute du mur et la réunification plongent le club dans la tourmente. N’ayant pas les mêmes moyens financiers que les clubs de l’Ouest et faisant fasse à l’exode des meilleurs joueurs, il ne peut soutenir la comparaison. Il doit d’ailleurs faire face à des difficultés financières importantes (près de 2 millions de dette) qui l’amènent en D4. Seul le soutien des supporteurs et son identité punk/rock, résultant de son appartenance à l’Allemagne de l’Est, va maintenir le club en vie.

DEUX CONCEPTIONS DU FOOTBALL : UN DERBY IDENTITAIRE

Aujourd’hui encore, solidarité et communauté sont les maîtres mots d’un club porté par ses supporteurs. Ainsi en 2004, alors que l’Union est, une nouvelle fois, en grave difficulté financière, ceux-ci donnent du leur (de leur sang pour être exact) pour renflouer les caisses. En 2008, ce sont plus de 2000 d’entre eux qui, bénévolement, rénovent leur antre (près 140 000 heures de travail). L’Alte Försterei représente le lieu de leur communion, à chaque match, à chaque fête de fin d’année (où 20 000 spectateurs se rassemblent pour chanter) ou à chaque match de l’équipe nationale où l’on peut apporter son canapé afin de soutenir la Mannschaft. Dernièrement ce sont les migrants qui ont pu bénéficier de l’hospitalité du stade quand ils en ont eu besoin. Mais la montée en Bundesliga change quelque peu la donne. Le club a dû doubler son budget (de 47 à 80 millions d’euros), Adidas arrive comme nouvel équipementier et la capacité du stade passera prochainement de 22 000 places (dont 18 000 debout) à 37 000. Des changements que les supporteurs redoutaient en fin de saison dernière en se manifestant via des banderoles ; « M…, nous allons monter ». La peur étant de perdre son identité.

Un supporteur de l’Union (Photo : John Macdougall)

Le RB Leipzig est l’antithèse même de son adversaire du jour. Le rachat du SSV Markränstadt par la firme RedBull défie les principes mêmes du football en Allemagne. En effet, pour créer son identité le club doit lutter contre la loi du 50 + 1 (loi de 1998 qui interdit à un investisseur de détenir plus de 50 % d’un club) et contre l’interdiction du naming, RB signifiant RasenBallsport (sport de ballon sur gazon). Ainsi tous les investisseurs du RB sont des membres du conseil d’administration de la firme « qui donne des ailes ». Tout est d’ailleurs rattaché à cette dernière, du logo, aux couleurs du maillot jusqu’au nom du stade. Les fans des traditionverein le détestent, « Le RB est l’exemple même du marketing, un club sans histoire qui ne doit son succès qu’à des investissements massifs ».

UN DERBY RECENT MAIS DEJA ANCRE

Cette défiance est d’ailleurs bien présente chez les ultras de l’Eisern. Les deux clubs ont déjà un passé en commun et ce sont affrontés à quatre reprises lorsque les RotenBullen étaient en deuxième division (2014-2016). Au-delà des résultats (2 victoires, 1 nul et 1 défaite en faveur du RBL), ce sont les démonstrations d’hostilité lors de leur première confrontation, en 2014, qui ont marqué les esprits. Pour dénoncer le côté « plastique » de leur adversaire, les fans de l’Union ont porté des sacs poubelles. Surtout ils ont réalisé une grève des encouragements pendant 15 minutes avant de déclencher une ambiance proche de l’enfer qui a porté les siens vers la victoires (2-1).

Protestations des fans de l’Union contre le RB Leipzig en aout 2015 (Photo : Sportsschau)

Ainsi à l’occasion des retrouvailles en ce jour, le Wuhlesyndikat (principale association de supporteur de l’Union) souhaite réaliser la même opération. Cependant cela crée une polémique au sein des joueurs. Certains à l’image de Subotic soutiennent l’initiative alors que d’autres, comme le gardien chouchou Gikiewicz, pensent que l’historicité du moment et l’ambiance habituelle seraient plus opportuns. Le président, Dirk Zingler, a tranché dans le vif et soutient les fans.  Une initiative qui ne fait pas peur à Nagelsmann et ses joueurs, habitués à ces ambiances hostiles. Quoi qu’il en soit ce match sera historique et ancrera un peu plus cette affiche comme un derby.

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