La 10ème journée de Bundesliga est sans aucun doute, la plus folle de ce début de saison. Chargée en but (35), elle a vu l’Eintracht Francfort écraser le Bayern Munich (5-1) et précipiter le départ de Niko Kovac. Une contre-performance qui a profité aux équipes du haut de tableau, à commercer par Leipzig qui à repris du poil de la bête face à Mayence (8-0), Wolfsburg a perdu son invincibilité à Dortmund (3-0) et Union Berlin a reporté le Stadtderby de Berlin. Focus sur le championnat le plus spectaculaire du Week-end.
Le focus du Week-end : Eintracht Francfort – Bayern Munich (2-2)
C’est l’une des affiches de cette 10ème journée, Francfort accueillait le Bayern Munich samedi à la Commerzbank Arena. Les locaux jusqu’ici intraitables à domicile (3V et 2N), abordent un calendrier compliqué. Après avoir perdu le Week-end dernier au Borussia Park (4-2) face au leader, Mönchengladbach, c’est cette fois l’actuel dauphin qui se dresse sur la route des hommes d’Adi Hütter avant d’affronter deux autres équipes du haut de tableau (Fribourg et Wolfsburg). Invaincus depuis 9 ans face à l’Eintracht en championat, le déplacement s’annonçait périlleux pour les Munichois malgré la 500ème apparition de Thomas Müller sous les couleurs du FCB. En difficulté ces dernières semaines, ces derniers doivent faire sans leur deux leaders défensifs, Süle (out jusqu’à la fin de la saison) et Hernandez, blessés.
Les lacunes défensives du début de saison se confirment d’ailleurs dès l’entame de match. Suite à une perte balle de Coutinho dans la surface de l’Eintracht, Gonçalo Paciência part seul en contre et oblige Jérôme Boateng à faire faute. Martin Schmidt désigne tout d’abord le point de pénalty mais après intervention de la VAR, la faute est en dehors de la surface obligeant Mr Schmidt à exclure Boateng pour anéantissement d’occasion nette de but (8′). Déjà le tournant du match puisque la suite est à sens unique. En supériorité numérique, l’Eintracht domine et finit par trouver la faille sur un coup de billard. Bas Dost décale Danny Da Costa sur la droite, le centre du latéral trouve Djibril Sow, étrangement seul au cœur de la surface bavaroise. Sa reprise contrée revient sur Filip Kostic au deuxième poteau, le Serbe n’a plus qu’à ajuster Neuer pour ouvrir le score (1-0, 25′). La situation se répète quelques minutes plus tard mais les rôles s’inversent. Après un mouvement de balle dans le camp des visiteurs, Kostic voit sa tentative déviée par la défense adverse qui finit dans les pieds de Sow, qui conclut de près (2-0, 33′). Apathique, le Rekordmeister doit s’en remettre au phénoménale Lewandowski pour se relancer. Le Polonais fait parler tout son talent et résiste à la double intervention de Abraham et Hinteregger pour battre Rönnow et permettre à ses coéquipiers d’y croire à la pause (2-1, 37′)
Une lueur d’espoir qui se révèle de courte durée, tant le Bayern n’existe pas dans cette rencontre. Une aubaine pour Francfort qui enfonce le clou dès le retour des vestiaires. Danny Da Costa, excellent sur son côté droit, est de nouveau à la manœuvre et dépose une merveille de centre au deuxième poteau pour David Abraham qui gicle pour tacler le ballon au fond des filets (3-1, 49′). Le break semble définitif et les situations de but se multiplient encore et toujours pour un Manuel Neuer abandonné par sa défense. Le gardien s’incline une nouvelle fois à l’heure de jeu après un corner de Kostic que l’habituel spécialiste, Martin Hinteregger, reprend victorieusement d’une tête croisée (4-1, 61′). Malgré un poteau de Davies, le Bayern vit un cauchemard à l’image de Benjamin Pavard, fautif sur deux buts en raison de son marquage trop laxiste. Le latéral Français est effacé sur une combinaison côté gauche, qui débouche sur ultime but pour les Aigles après qu’André Silva se soit amusé d’Alaba pour servir Paciência à quelques centimètres du but (5-1, 84′). L’humiliation est totale mais le score est bien le reflet d’une partie outrageusement dominée par les locaux.
L’Eintracht reste impérial dans son antre et signe une cinquième victoire en championnat (7ème au classement). Le trio Dost-Paciência-Silva a fait des merveilles et semble peu à peu faire oublier les départs à l’intersaison de Rebic, Haller et Jovic. Déjà peu convaincant en DFB Pokal en milieu de semaine (victoire sur le fil à Bochum (D2) après avoir été mené jusqu’à la 83ème), le Bayern subit sa deuxième défaite en championnat. Celle de trop pour Niko Kovac qui a démissionné de ses fonctions, dimanche soir. Pied de nez pour celui qui avait quitté Francfort après une victoire en finale de Coupe d’Allemagne (face au Bayern en 2018), pour rejoindre le géant bavarois. Son bilan est de 65 matchs pour 69% de victoire avec à la clé un doublé coupe/championnat en 2019. Son successeur n’est pas encore connu (intérim assurer par Hansi Flick) mais il y a urgence car Munich affronte l’Olympiakos en Ligue des Champions puis le Borussia Dortmund dans le choc de la prochaine journée.
Le fait marquant de la semaine : Wolfsburg n’est plus invaincu
Dans l’autre grand choc de cette 10ème journée, Wolfsburg, comme M’gladbach il y a quinze jours, est tombé sur la pelouse du Signal Iduna Park (3-0). Battus sèchement par le RB Leipzig en Coupe, en milieu de semaine (1-6). Les loups n’ont pas su réagir chez un BVB qui a su faire la différence en deuxième mi-temps, grâce notamment au premier but de Thorgan Hazard sous ses nouvelles couleurs (52′). L’international Belge retrouve ensuite son habituel rôle de passeur, pour Guerreiro (59′) avant que Götze ne parachève le travail sur pénalty (88′). Malgré la blessure de Reus en première mi-temps, Dortmund fait le plein de confiance avant les chocs face à l’Inter et au Bayern. Pour Wolfsburg, les premières difficultés apparaissent, à l’image d’une défense jugée imperméable mais qui a craqué face aux favoris du championnat.

Dans le même temps, le leader M’Gladbach se déplaçait sur le pelouse d’un Bayer Leverkusen dans le flou. La logique a d’ailleurs été respectée à la Bayer Arena, puisque la bande de Marco Rose s’impose face à celle de Peter Bosz (1-2). Marcus Thuram, dans une forme étincelante, est l’homme du match avec un but et une passe décisive. Le Franzose porte les Fohlens en l’absence d’Alassane Pléa, ces derniers font même un petit écart au classement avec 3 points d’avance sur l’autre Borussia, 2ème. Pour le reste, Fribourg s’accroche au haut de tableau en arrachant comme face à Dortmund, le point du nul à Brême avec un doublé de Nils Petersen (28′ et 90+3) et ce, malgré l’expulsion d’Haberer. Schalke a retrouvé le chemin de la victoire, non sans mal à Augsburg (qui avait accroché le Bayern dernièrement) par l’intermédiaire d’un Amine Harit de nouveau décisif (2-3, 82′). Hoffenheim en s’imposant face à la lanterne rouge, Paderborn, poursuit son incroyable remontada. Après un gros retard à l’allumage (1 victoire en 6 matchs), le club d’Alfred Schreuder enchaine un quatrième succès consécutif en championnat (cinq toutes compétitions confondues) et se retrouve dans la première partie de classement (9ème) à deux points du BVB. Enfin la performance made in Kartoffel revient au RB Leipzig qui a tenté un Leicester Challenge, sans réussite, avec seulement un 8-0 contre la pauvre défense de Mayence (la plus mauvaise du championnat). Maladroite et inefficace depuis quelques semaines, l’attaque des Roten Bullen retrouve du poil de la bête en inscrivant 14 buts en deux matchs, à l’image de son sérial buteur, Timo Werner.
Le(s) MVP de la journée : Sebastian Polter et Rafal Gikiewicz (Union Berlin)
Timo Werner est bien évidemment l’homme fort de cette journée de championnat. Avec ses trois buts et trois passes décisives dans la démonstration du RB face à Mayence (8-0), difficile de faire plus décisifs sur un match. L’international Allemand retrouve par ailleurs de la confiance après un gros passage à vide durant le mois d’octobre qui a coïncidé avec la baisse de forme et l’inefficacité des Roten Bullens.
Cependant, Union Berlin a écrit l’histoire, samedi, en remportant face au voisin du Hertha le premier Stadtderby entre les deux clubs en Bundesliga (1-0). Dans une rencontre marquée par l’agressivité et l’imprécision des deux camps, le spectacle a surtout eu lieu en tribune. L’amitié qu’entretenait les deux clubs au temps du Mur de Berlin est bien une époque révolue à en voir l’atmosphère électrique qui a régné à l’Alte Forsterei. Au programme, banderoles et chants hostiles ont servi d’échauffement avant les incidents qui ont causé l’arrêt du match pendant quelques minutes (lancé de fumigène sur la pelouse et les bancs de touche) et une tentative d’envahissement de terrain par des hooligans à la fin de celui-ci. Sur le terrain justement, pas grand chose à mettre sous la dent mise à part le poteau frappé par Lenz (Union) à la 3′. Le match a cependant pris un tournant dramatique dans les derniers instants lorsque Gentner est arrêté par Boyata dans la surface. Pénalty pour les locaux, que transforme Polter (90′). S’en suivent 10 minutes de temps additionnels où Subotic et Gikiewicz ne laissent rien passer pour préserver cet avantage. Ce dernier intervient même auprès de quelques hooligans cagoulés, descendus du kop d’Union pour en découdre avec le parcage visiteur. Victoire à l’arraché mais historique pour le promu.