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C’était Poupou.

Véritable figure du cyclisme français, et du sport tricolore dans son ensemble, Raymond Poulidor s’est éteint Mardi à Saint Léonard de Noblat, à 30 kilomètres de Masbaraud-Mérignat ou il avait vu le jour il y’a 83 ans. Plus qu’un sportif, « Poupou » était aussi et surtout une figure populaire, connu de tous, surtout pour son incroyable destin sur le tour de France. Analyste pointu du cyclisme, il laisse la petite reine en deuil, donnant à chacun l’impression d’avoir perdu son grand père.

« Être un Poulidor ». Peu de personne peuvent se venter d’être à l’origine d’une expression courante. En l’occurrence, c’est dans le milieu sportif que l’on retrouve une multitude de Poulidor. Car dans l’imaginaire collectif, l’homme est surtout synonyme d’une place : Celle du dauphin. Une légende qui ne colle pas vraiment à la réalité, car si l’homme compte 8 podiums (un record) sur le tour de France, il ne compte « que » 3 seconde place, laissant l’honneur du record de 2ème place à l’allemand Jan Ullrich, le Raymond Poulidor des temps moderne.


Ce qui fait de Poulidor le perdant magnifique, c’est surtout la cruauté de son histoire avec le tour de France qui frappe : 14 participations, 8 podiums, 11 top 10, 7 victoires d’étapes. Un monument. Mais une anomalie : 0 jour en jaune. Combien de coureurs à la carrière modeste, comme Romain Feillu, Daryl Impey, Linus Gerdemann, Marc Wauters et tant d’autres ont eu le privilège de se draper de jaune sur le tour. 4 coureurs, qui, sans leur manquer de respect, ne resteront pas dans les annales. Mais eux ont vécu un jour au centre de l’attention sur la plus grande course du monde. Pas Poulidor. Dans un sport qui se joue à la minute, parfois à la seconde, il ne peut exister une histoire d’amour plus paradoxal que celle de Poulidor avec la grand boucle. Mais, autre paradoxe, c’est ce côté « éternel second » qui aura fait de l’homme, le cycliste français le plus populaire de l’histoire. Ses batailles avec Merckx, mais surtout avec Anquetil, ont marqués une génération.


Anquetil et Poulidor, c’est 2 visions de la France. 2 hommes que tout oppose. D’un côté, Anquetil, blond, raffiné, propriétaire de château, bourgeois, froid et à l’apparence arrogante. De l’autre, Poulidor, brun à la peau mate, venant de la campagne limousine, ayant grandi dans un milieu rural, chaleureux et proche des gens. Sur le vélo, c’est la même opposition. L’un est froid, maître tacticien et implacable quand l’autre court avec son cœur et son instinct. Une rivalité comme il y’en à peu dans l’histoire du sport français.


Pourtant, la réalité ne colle pas tout à fait à l’image qu’en font les médias. Certes, durant leur carrière, les 2 hommes se détestent, s’évitent autant en dehors de la route qu’ils se suivent dessus. Anquetil jaloux de la popularité de Poulidor, quand ce dernier enrage de ne pas s’imposer devant le presque imbattable quintuple vainqueur du tour. Mais ils sont surtout devenus amis à travers le temps, conscient que le mythe de l’un était intimement lié à l’autre. Sur son lit de mort en 1987, l’homme aux 5 tours de France dira à son meilleur ennemi « Tu vois Raymond, tu vas encore finir 2ème ».

L’image de perdant magnifique sera la base de la « poupoularité ». Pourtant, résumer le cycliste à ses secondes places est trompeur. Vainqueur, entre autre, de la Vuelta, de Milan San Remo, de la Flèche Wallonne, champion de France, médaillé mondiale, le coureur du Limousin possède l’un des plus formidable palmarès du cyclisme français. Mais c’est bien ce côté « maudit » qui restera dans la mémoire.

Son après carrière continuera à le rendre populaire. Sympathique, toujours aussi proche de la population, capable de parler pendant 1h de cyclisme avec un Octogénaire du Sud Vienne, et, le lendemain, de rigoler sur un plateau télé avec le prince Albert II de Monaco, Poulidor était le parfait symbole d’une France rurale, et d’un sport populaire qui a toujours su fasciner à travers les grands champions dont il fait parti.


Son héritage, il porte le nom de Matthieu Van Der Poel. Petit fils de Raymond Poulidor, il lui a offert, Dimanche, un ultime cadeau en devenant  Champion du monde de CycloCross pour la 3ème fois consécutive. Le fantasme de voir un jour le prodige hollandais porter le maillot jaune dans les bras de son aîné s’est éteint ce matin. Nul ne doute que si ce moment arrive, MDVP pensera très fort à son champion de Grand Père, mettant ainsi un terme à la malédiction familiale. 

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