“Oui, je pense qu’on peut gagner ». Ces mots de Nathanaël Mbuku représentaient l’espoir que portait cette génération talentueuse, ambitieuse, qui se trouvait au Brésil afin de disputer la Coupe du Monde U17. Au lendemain du sacre final de la nation hôte, bourreaux des Français, ces mots sonnent faux. Mais, passée l’euphorie et surtout passée la déception, l’heure est venue de tirer un bilan sur les jeunes de cette équipe de France U17. Et, bien qu’il est compliqué à cet âge de savoir quels joueurs confirmeront leurs potentiels, essayons de voir quels joueurs pourraient percer au plus haut niveau.
Un beau parcours, 22 buts en 7 matchs, mais…

Avant tout, retour sur les résultats. Après une phase de groupe facile ( 3 victoires 2-0, 3-1, 2-0), les Bleus rencontraient l’Australie en huitièmes de finale. Un triplé de Mbuku plus tard, et voilà nos bleus en quart de finale. Cette fois ci, une grosse nation, vantée pour sa formation, l’Espagne. C’est le moment ou l’on se dit que l’on va voir ce que cette équipe à dans le ventre. 6-1. Balayés, les Espagnols n’ont pas vu le jour. La puissance offensive des Bleus commence à faire peur. Le quatuor Mbuku-Aouchiche-Lihadji-Rutter marque chacun un but, et la seule ombre au tableau est la suspension de Lucien Agoumé, milieu de terrain essentiel et capitaine de cette équipe, pour les demi-finale. Disputé au Brésil, cette coupe du monde offre un Brésil-France en demi finale. Millot, titularisé à la place d’Agoumé, participe au très bon début des siens, qui mènent 2-0 au bout de 13 minutes. Mais peu à peu, et avec le soutien du public, le Brésil développe son jeu, tandis que les Bleuets déjouent. Les brésiliens offrent alors à leurs supporters une victoire inespérée 3-2, inscrivant le but du 3-2 à la 89’. Abbattus, les Français vont tout de même décrocher la médaille de Bronze en s’imposant 3-1 contre les Pays-Bas dans la petite finale.
La formation Française, meilleure au monde?
Sur cette petite finale, Kalimuendo inscrit les 3 buts. Le titi Parisien fait partie des 4 joueurs du PSG sélectionnés pour cette compétition. Club le plus représenté, ce qui va d’ailleurs à contre-courant de la diversité des clubs représentés dans ce groupe. Chateauroux, ASSE, OL, Toulouese, Stade Rennais, OM, Angers, AS Monaco, Reims, Juventus, Inter, Le Havre, Nîmes, Bordeaux. Beaucoup de clubs, de standings différents, et même deux clubs étrangers. Donc, ou en sommes nous sur la formation Française ? Eh bien, dans les 4 meilleures nations mondiales. Déjà, on peut se rendre compte de plusieurs choses : en termes tactiques, les joueurs sont bien en avance sur d’autres nations. Soppy et Pembélé, les arrières latéraux, tous deux excellents, semblent pouvoir gérer des notions tactiques compliquées : cadrillage du terrain, apport de solutions, gestion du 2 contre 1, apport offensif ou volonté de rester en retrait, etc. Ensuite, la qualité technique globale de cette équipe est affolante. Dans le quatuor offensif énoncé plus tôt, chaque joueur possède d’énormes capacités. Enfin, il faut imaginer le futur. Alors que le monde entier envie notre vivier de joueurs pour l’équipe de France, on est en droit de saliver quant à l’apport de ces joueurs dans les listes des U19, des Espoirs ou des A. Mais si Mbuku est le seul à jouer de manière régulière avec l’équipe première de son club, nul doute que certains de ces jeunes joueurs auront aussi leur chance d’ici peu.
Qu’attendent le PSG et l’OM?

Déja, il y a une anomalie flagrante. Lihadji, ébouriffant sur le côté droit de cette équipe comme il l’est souvent dans les équipes de jeunes de l’OM, n’est toujours pas sous contrat pro. De même, élu 2e meilleur joueur de la compétition, Aouchiche est toujours en attente de ce contrat pro. Et, au vu des performances des deux joueurs, il va falloir que les deux clubs s’activent. Car, il ne faut pas se leurrer, la Coupe du Monde U17, comme tous les Coupe du Monde de jeunes, est truffée de recruteurs, d’observateurs et d’agents. Donc, s’il ne veulent pas se faire voler leurs joyaux, Paris et Marseille vont devoir passer à la vitesse supérieure.
Quels joueurs va t’on pouvoir observer en professionnel dès cette saison?

Aouchiche à déjà disputé un match cette saison avec le PSG, ce qui n’est pas (encore) le cas de Lihadji. Mais dans ce groupe, quels joueurs peuvent avoir un impact dans le groupe pro dès cette saison ? Déjà, malgré de grosses qualités, les gardiens Lima Semedo et Zinga ne gouteront sûrement pas au groupe pro dès cette saison. Il en va de même pour Kouassi et Pembélé, tous deux excellents mais faisant face à une concurrence plus qu’importante au PSG. Soppy pourrai potentiellement profiter d’une éventuelle blessure d’Hamari Traoré ou Sacha Boey, ses deux concurrents au poste de latéral droit. Enfin, Matsima, de Monaco, ne jouera probablement pas cette saison, Jardim ayant déjà assez de problèmes à régler avec sa défense. Au milieu de terrain, ni Taibi, ni Lepenant, ni Millot, ni Ahamada ne semblent encore prêts à évoluer avec l’équipe première de leurs clubs respectifs. En revanche, Aouchiche semble tellement en avance que nous lui consacrerons un article en fin de semaine. Et Agoumé, qui a montré de très belles choses, et qui surtout paraît être le milieu complet moderne parfait, pourrait selon nous aller gratter du temps de jeu dans le milieu de terrain de l’Inter.
De l’Inter à la Berrichonne, il n’y a qu’un pas. Hassan, ailier technique virevoltant, joue déjà régulièrement avec son club. Kalimuendo, comme Rutter, malgré de très bonnes perfs risquent d’avoir du mal à jouer des coudes avec la concurrence respectivement du PSG et du Stade Rennais. En revanche, ses performances ont du capter l’oeil de Villas Boas. Lihadji, que l’on a évoqué plus tôt, semble prêt pour aller provoquer les défenseurs de Ligue 1. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à relire nos papiers sur les pépites de Ligue 1 sortis début août. Et enfin, celui qui paraît peut être le plus précoce : Mbuku. 2e meilleur buteur de cette CDM en jouant sur l’aile, il compte déjà 5 match avec le Stade de Reims. Rapide, vif, avec une vraie capacité d’appuis rapides, et tueur devant le but, il est à même de se faire une place dans l’effectif Rémois.
En bref, cette CDM U17 fut enthousiasmante pour tous ceux qui, comme moi, aiment s’amuser à voir évoluer de (très) jeunes joueurs, cerner leurs qualités et les imaginer évoluer (encore) plus haut. Mais il ne faut pas oublier une chose. A 16 ou 17 ans, ces adolescents vont faire des bêtises. Et, bien que pétris de qualités, la grande majorité d’entre eux ne goûtera jamais à l’équipe de France A. Il n’en reste pas moins que suivre leur évolution sera excitant, certaines fois enthousiasmant, certaines fois décevant, mais dans tous les cas, garder un oeil sur eux sera intéressant.