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Algérie – France : Une rencontre impossible ?

Hier, mardi, le président de la Fédération Française de Football, Noël le Graët a annoncé la prolongation du sélectionneur national, Didier Deschamps, à la tête des Bleus jusqu’en 2022. Autre annonce, qui parait plus secondaire, le match amical entre l’Algérie et la France n’aura sans doute pas lieu en 2020. Le Graët expliquant que, malgré plusieurs mois de négociation entre les deux fédérations, « il ne se disputera pas au premier semestre et aucune date internationale ne sera disponible lors du second. ». En cause, la tenue de la Ligue des Nations sur les six dates internationales de septembre à novembre. Mais réduire la non tenue de ce match à une simple question de calendrier semble réducteur.

En octobre dernier, l’Algérie a rencontré la Colombie dans le Grand Stade de Lille (Photo : F. Le Petri/AFP)

Le projet a été lancé conjointement, d’abord par le président de la FFF en septembre « Il est temps de faire ce match » puis réaffirmer par Kheïreddine Zetchi, son homologue de la fédération Algérienne en octobre, alors que les Fennecs de Djamel Belmadi effectuaient une rencontre amicale contre la Colombie à Lille (3-0), « on va continuer à discuter pour convenir d’un prochain match dans l’année ou l’année et demie qui suivra ». Cependant, un problème de taille se heurte aux volontés des deux fédérations, comme le note Le Graët « quand on regarde un calendrier, pour trouver une date entre l’Afrique et les compétitions qui sont les nôtres, c’est extrêmement difficile. ». Une difficulté qui s’est amplifiée avec la modification des règles de la Ligue des Nations, faisant passer le Groupe A – dont fait partie la France – de 3 à 4 membres, obligeant à occulter deux rencontres amicales entre septembre et novembre.

Pourtant celui-ci ne renonce toutefois pas à un accord prochain. « Ma volonté, c’est toujours d’aller là-bas, mais c’est extrêmement difficile. (…) L’Algérie a besoin de stabilité, il y a un nouveau président fédéral. Je pense me déplacer là-bas fin janvier ou début février pour rebavarder. » Il est vrai qu’un affrontement entre les actuels champions du monde et les derniers vainqueurs de la CAN revête un intérêt sportif tout particulier et aurait pour but d’entériner les événements de 2001.

Zidane face à Slimane Raho lors de France – Algérie d’octobre 2001 (Photo : Le Point/AFP)

Hautement symbolique en raison de l’histoire commune des deux pays, la seule rencontre France-Algérie a eu lieu en octobre 2001. En prélude, La Marseillaise avait été sifflée et le match en lui-même avait été interrompu, après l’envahissement du terrain par une partie du public alors que le score était de 4-1 pour les Bleus de Zidane. Un événement qui se voulait fédérateur, autour de la génération « Black-Blanc-Beur », mais qui a mis en lumière, l’incompréhension d’une génération de Franco-Algérien, incapable de s’identifier à l’une ou l’autre des deux communautés (Yvan Gastaud, 2008). « On a l’impression que la France ne pourra jamais rencontrer l’Algérie, alors que j’en ai tellement envie. Il y a un attachement de la métropole pour l’Algérie et les jeunes Algériens sont très attachés au football français. Lorsqu’on va là-bas, ils regardent les matchs et connaissent tous les joueurs de l’équipe de France ou des clubs français. » souligne le Président de la FFF, rappelant les liens historiques et culturels entre les deux pays.

Manifestation à Alger contre le pouvoir en place, le 10 décembre (Photo – Ryad Kramdi/AFP)

Cependant ce dernier reste attentif au contexte politique actuel en Algérie, qui rend difficile la tenue d’une telle rencontre « C’est un contexte politique qui nous a toujours empêchés d’y aller. » En effet, l’Algérie aborde la dernière ligne droite d’une élection présidentielle qui se tient ce 12 décembre 2019. Un événement majeur dont la France fait partie intégrante, sans le vouloir, en raison de ses liens historiques et de l’interprétation qui en découle dans le bras de fer que se livre le mouvement Hirak – mouvement de contestation populaire qui a commencé en février – et le pouvoir en place.

Dernier élément en lien, la sécurité pose question, notamment en raison d’un problème d’infrastructure comme le relevait à demi-mot, Djamel Belmadi en octobre « Jouer contre les meilleurs, le champion du monde, cela doit être quelque chose que tout le monde a envie de voir. Je sais qu’en Algérie, tout se passera bien. J’espère qu’on aura d’ici là, la livraison de certains (nouveaux) stades. »

Si, près de vingt ans après le France-Algérie de 2001 la question d’une nouvelle rencontre s’affirme. L’ensemble de ces facteurs font que les volontés d’ordres sportive et culturelle se heurtent pour le moment à des difficultés politiques tirant ses racines de l’histoire si particulière et singulière entre les deux pays.

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