Facile vainqueurs des Hawks d’Atlanta dans la nuit de samedi (116-81), les Chicago Bulls présentent actuellement un bilan de 13 victoires pour 20 défaites. Suffisant pour occuper le 9ème spot de la conférence Est à seulement une victoire du Magic d’Orlando (14-18), dernière équipe en position de qualification pour la post-season. Mais à la vue du contexte, les Bulls sont-ils réellement en position d’accrocher les Play-Offs ?
Avril 2017, alors que Chicago (8ème) mène 2-0 contre Boston (1er) dans le cadre du premier tour de Play-Off, Rajon Rondo, décisif jusqu’ici, se blesse. Il ne rejouera plus de la série et les Bulls s’inclinent finalement 4-2, annonçant la fin d’un cycle qui amènera le trade de Jimmy Butler, le soir de la draft de cette même année. Depuis, Chicago tente de se reconstruire avec un noyaux dur de jeune talent (Zach Lavine, Lauri Markkanen, Wendell Carter Jr), tout en affrontant des saisons calamiteuses sur le plan sportif et dans les coulisses.
Des Bulls enfin au diapason des ambitions ?
Cependant cet été, Chicago a suscité quelques peu la hype après une draft pleine de sens (Coby White #7 ; Daniel Gafford #38) et une Free Agency intrigante (Thaddeus Young, Satoransky, Kornet). Ajoutez à cela les prémices du trio Lavine – Otto Porter – Markkanen, entraperçu entre février et avril dernier, ainsi que le retour de blessure du jeune Wendell Carter Jr et vous obtenez une équipe séduisante, capable pour une partie de la communauté NBA d’accrocher les Play-Offs à l’Est. C’est d’ailleurs l’objectif déclaré par la franchise et ses joueurs. Après deux saisons au fond du classement, Chicago veut de nouveau gagner.
Si le début de saison a été compliqué avec seulement 6 victoires sur les 20 premiers matchs et les seuls Wendell Carter (double double de moyenne) et Coby White comme satisfaction, le mois de décembre est plus en adéquation avec les ambitions de la franchise de l’Illinois. En effet, les 7 victoires pour 6 défaites, lui permettant d’accrocher le 9ème rang d’une conférence Est toujours aussi faiblarde. Un regain qui s’explique par le retour en forme des leaders à commencer par Lauri Markkanen.
Le Finlandais tourne à 17,6 points de moyenne à 51% au tir dont 41% derrière l’arc depuis 7 matchs, des statistiques plus en concordance avec les espoirs placés en lui suite à sa saison sophomore de bonne facture (19 points et 9 rebonds de moyenne). À l’instar de l’ailier fort, le Tchèque, Tomas Satoransky commence enfin à trouver ses marques dans un rôle de meneur titulaire à tout faire (15 points à 59%, 7 rebonds, 5 passes et 2 interceptions de moyenne sur les cinq derniers matchs) suivant la continuité de son excellent mondial. Autre facteur déterminant, Kris Dunn profite de la longue absence d’Otto Porter pour trouver une place dans le cinq et apporter ses qualités défensives. Il faut dire qu’avec 12 matchs à plus de 3 interceptions (2ème total de la Ligue), il s’impose comme un défenseur d’élite, permettant aux Bulls d’être deuxième, derrière Milwaukee, au defensive rating sur le mois de décembre.
Mes objectifs n’ont pas changé non. On va continuer à essayer de se battre pour faire les playoffs. C’est ce que j’ai dit dès le premier jour et nous allons continuer à le faire. Et à développer nos joueurs, à leur apprendre, à coacher.” Comme l’affirme coach Boylen
Mais ce dernier mois de compétition n’a pas été si rose pour les taureaux. ils ont perdu contre leurs concurrents, Charlotte (73-83) et Orlando (95-103), tout en restant irrégulier dans la gestion des money times (Toronto, OKC, Golden State). Un problème récurrent qui leur a couté bon nombre de victoires cette saison, malgré des avances considérables -parfois de plus de vingt points-, comme contre les Knicks, les Lakers ou Miami par exemple.
Un contexte fragile
C’est d’ailleurs lors de ce dernier match qu’une fracture s’est fait sentir, le coach Jim Boylen, ayant mis au placard son leader offensif, Zach Lavine, pour la fin de match en raison de ses lacunes défensives. Une remise en question forte, d’autant que l’ex-joueur de Minnesota n’est pas le joueur le plus irrégulier de l’effectif.
« Avons-nous besoin d’une discussion en tête à tête ? Peut-être. C’est un homme direct. On va trouver un moment et un lieu pour ça. J’espère qu’il acceptera les critiques. » déclarait même le joueur à l’issue de la rencontre
Lavine ajoutant les actes aux paroles en enchainant dans la foulée un match à 49 points à Charlotte, avec un buzzer beater incroyable en prime. Depuis il tourne même à 28 points de moyenne (45% à 3 points), faisant de lui un candidat All Star crédible. Cependant la réaction des joueurs à l’issue de cette victoire miracle n’est pas anodine, aucun n’ayant voulu fêter celle-ci avec leur coach. Une situation palpable qui fragilise Boylen, très critiqué par les médias et les fans de la franchise, pour sa gestion calamiteuse des rotations et les résultats qui en découlent. Ses leaders n’hésitant pas à réagir devant les médias à la manière de Thaddeus Young, qui connait sa pire saison statistique depuis son année rookie (8,8 points en 22 minutes)
J’ai joué des money time pendant toute ma carrière, mais si le coach décide d’aller dans un autre sens, avec des joueurs différents, alors il faut faire avec. Je reste prêt si mon nom est appelé. »
Outre le coach, la situation du staff pose également quelques questionnements, à commencer par le GM, Gar Forman, présenté sur la sellette il y a seulement un mois comme le rapporte Joe Cowley du Chicago Sun Times,
Jerry Reinsdorf se réveille peut-être, mais pas de la meilleure des humeurs. Selon plusieurs sources, le président des Bulls est furieux par rapport au début de saison en 6-12 de son équipe et le perpétuel naufrage de l’organisation et il commence à se concentrer sur le manager général Gar Forman. Les sources ont indiqué que ce n’était pas un changement récent dans la tête de Reinsdorf, et que son mécontentement s’est bâti après plusieurs décisions critiquables. L’avis de l’ancien coach des Bulls Doug Collins – un conseiller des Bulls qui n’a jamais été un grand fan de Forman – pèserait dans tout ça. »
En cause, la gestion de la franchise et ses répercussions sur l’image de celle-ci. En effet, cette saison le United Center sonne creux avec seulement la 23ème affluence de la Ligue -89% en taux de remplissage soit 17 581 personnes en moyenne dont des baisses à 14 000 présents- alors que la Franchise fait historiquement partie du top 5 depuis de nombreuses années. Preuve en est du mécontentement général face à la médiocrité de l’équipe.
Enfin le staff médical recommence à faire parler de lui. Déjà critiqué pour sa gestion du cas Derrick Rose entre 2012 et 2016, il conserve depuis sa mauvaise réputation. À l’instar du cas Denzel Valentine, la saison dernière, Otto Porter a vu son diagnostic sous-estimé par les médecins des Bulls. Après avoir été annoncé blesser pour seulement deux semaines, il est finalement out jusqu’à février prochain à cause d’une fracture au pied gauche. De quoi remettre en question les performances fantomatiques de l’ailier sur ses neufs matchs.
Retard à l’allumage chez la concurrence
Différents facteurs qui remettent en cause la crédibilité des Bulls à atteindre l’objectif post-season. ESPN ne donnant que 9% de chance aux chicagoans d’y parvenir, allant jusqu’à prédire un bilan final de 29 victoires. Entrant en ligne de compte, la faiblesse offensive (28ème à l’offensive ratings) de l’effectif malgré l’amélioration de décembre et les performances de pyromane du Rookie Coby White, encore trop irrégulier et ayant connu le traditionnel rookie wall entre novembre et mi-décembre. De plus Zach Lavine et sa bande se montrent incapables de battre meilleur qu’eux, affichant un triste bilan de, une victoire -contre les Clippers en décembre- pour onze défaites contre les équipes possédant un bilan positif à l’heure actuelle. À la vue du calendrier cauchemardesque de fin de saison, difficile d’imaginer une issue favorable.

Certes, Chicago n’est pas la seule équipe à galérer. Orlando connait également des problèmes d’efficacité offensive -Fournier en est le meilleur marqueur avec 19,4 points- en lien avec l’absence de Vucevic, la régression d’Aaron Gordon et le manque d’impact de Markelle Fultz à la mène. Mais les floridiens peuvent capitaliser sur leur solidité défensive, à l’image de Jonathan Isaac, sur l’expérience engrangée de la saison dernière et sur un calendrier plus favorable que Chicago pour la suite de la saison. Un trade n’étant pas à exclure afin d’apporter un joueur impactant au scoring, comme par exemple DeRozan.
De l’autre côté du lac Michigan aussi, la mine est celle des mauvais jours malgré les prestations de Derrick Rose et André Drummond. Avec un bilan de 12 victoires pour 21 défaites, Détroit déçoit à l’image de son leader Blake Griffin. L’ailier Fort affiche ses pires stats en carrière avec 15,7 points à 36% dont 23,8% à 3 points. Chicago possèdant d’ailleurs l’avantage en ayant gagné ses trois face à face contre la Motor City, mais là encore l’expérience est du côté des Pistons même si un chamboulement de l’effectif n’est pas à exclure non plus. Enfin Charlotte, à l’instar des Bulls, profite d’un calendrier favorable (deux victoires en trois matchs contre Chi-Town) pour jouer les troubles fêtes, mais il est difficile d’imaginer l’embellie durer pour la franchise du GOAT, qui n’a cependant rien à perdre.
Si Chicago va mieux depuis quelques semaines, le contexte à l’intérieur de la franchise et la concurrence pour la lutte à la 8ème ne permettent pas aux Bulls d’envisager sereinement une qualification en Play-Off dès cette saison. À travers le développement des jeunes et un salary cap plus ou moins bloqué -hors trade plus ou moins probable, Young ? Lavine ? Otto Porter ?- jusqu’à l’été 2021, Chicago doit se donner le temps pour trouver la bonne formule et de la stabilité. Car en NBA comme nul par ailleurs, le vent peut très vite tourner.