Ligue 1

Les débuts de la corruption en Ligue 1

Corrompre ? C'est tromper. Duper une instance quand ce n'est pas elle qui dupe est une tâche difficile à laquelle se sont adonnés certains clubs.

Corrompre ? C’est tromper. Duper une instance quand ce n’est pas elle qui dupe est une tâche difficile à laquelle se sont adonnés certains clubs. Pour retracer ces faits, il faut remonter bien au delà du cercle contemporain. Si nous faisons marche arrière jusqu’à l’entre-deux-guerres, il est possible de trouver des clubs de football qui ont existé et qui ne font partie des annales que par leur longévité. Et si nous vous racontions certaines histoires ? Découvrez ainsi avec nous deux affaires de corruption qui ont éclaté au cœur de notre très chère Ligue 1 lorsqu’elle n’était encore qu’un bébé.

La saison 1932-1933 : le FC Antibes à l’honneur

Ca y est, la Ligue 1, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est officiellement créée. La saison qui débute est ainsi nommée “saison 1932-1933”. Nous connaissons aujourd’hui de grandes affaires de corruption plus ou moins récentes, en prenant l’exemple des présidents charismatiques Claude Bez (pour Bordeaux) et Bernard Tapie (pour Marseille). Mais quid de la Corruption si l’on remonte un tant soit peu dans le temps ? Prenons par exemple, la saison 1932-1933 : déjà des clubs ont fait parler d’eux à cause de sales affaires dans lesquelles ils furent impliqués. Tout d’abord, le FC Antibes (ou Olympique d’Antibes). Evoluant aujourd’hui en neuvième division, dans la Ligue Méditerranéenne, le club de football d’Antibes a connu ses heures de gloire à une période où le pain coûtait un bras et où l’Europe allait devenir un sombre théâtre de guerre. En effet, lors de la saison 1932-1933, Antibes termine en tête de la division 1B (première division, groupe B) et accède à la finale du championnat de France. Le club et l’équipe y accèdent, certes, mais encore faut-il pouvoir la jouer. C’est là que tout bascule. Antibes plonge dans une affaire de corruption les mains en avant. Accusé d’avoir littéralement acheté la dernière journée du championnat contre le club de Fives (aujourd’hui disparu, on l’embrasse), Antibes est déclassé et ne jouera pas la finale, au profit de l’AS Cannes, deuxième. Les joueurs d’Antibes étaient prêts à partir à Paris, les valises sous le coude et les étoiles plein les yeux, avant que le secrétaire général adjoint du club, Ferdinand Moscone, ne leur apprenne la nouvelle. Une somme d’argent aurait été proposée au club adverse pour demander aux joueurs de lever le pied. Ils pouvaient toujours contester, la Ligue en avait décidé autrement. Déclassement, simple, pur.

Le Red Star de 1954-1955, l’étoile rouge de la corruption

Vous pensiez peut-être que l’anecdote sur l’affaire de corruption à Antibes était incroyable ? Vous n’avez pas vu le Red Star à l’oeuvre. En quelques mots, le club de Saint-Ouen, lors de la saison 1954-1955, réussit à terminer deuxième du championnat de deuxième division, leur permettant ainsi d’accrocher l’élite du football français. Or, la Ligue décide de les maintenir en deuxième division. Mais pourquoi ? La suite va vous étonner : le Red Star aurait payé des subventions aux joueurs des clubs adverses qui se battaient eux aussi pour la montée. Seulement ? Non, évidemment. Un gardien toulonnais, Schoenhenzel, aurait aussi eu son petit morceau de pâte à pizza pour plonger du mauvais côté pour un match entre les deux équipes. Le football n’est-il pas délicieux quand il se crée lui-même ? La réponse est évidemment non. Fort heureusement, le football ne se façonne plus par celui qui paiera l’autre. Du moins, on l’espère tous pour éviter de briser cette naïveté qui fait que nous pouvons vivre les matchs le plus émotionnellement possible. Enfin, le Red Star a continué ses oeuvres durant cette saison pour permettre à l’équipe de se classer à la deuxième place de la deuxième division. Encore plus fascinant : Rennes aurait promis une certaine prime aux joueurs de Besançon s’ils parvenaient à battre le Red Star. Défaite 6-0 pour les bisontins. Les joueurs étaient-ils au courant ? Si oui, l’étaient-ils tous ?

Il serait intéressant de s’attarder sur les différents moyens de corruption. A l’origine, nous pouvons voir que les clubs proposaient des primes aux joueurs adverses. Aujourd’hui, l’imaginaire collectif a plutôt tendance à positionner l’arbitre comme figure de proue de la corruption. Néanmoins, le football garde ses données aléatoires qui, pour le bien-être et la santé de tous, doivent rester mystérieuses, inexpliquées, inexplicables.

(Photo : L’équipe antiboise, mai 1933)

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