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Adama Traoré : vrai crack ou One Season Player?

Chaque saison nous réserve CE joueur. Celui qui marque les esprits, celui qui performe, si bien qu’on l’imagine dans les plus grands clubs. Celui que l’on attendait pas, et qui pourtant est bel et bien là. Celui qui nous fait rêver, qu’on ne se lasse pas de voir jouer, et dont on regarde ses prouesses en boucle. Celui que, chaque samedi, on attend de voir évoluer sur les pelouses de Premier League. Il y a eu Mahrez avec Leicester, Charlie Austin avec QPR, voire Rashford avec Manchester United, et bien d’autres encore. Il y a aussi cette question chaque année : est-on en train de voir une future star, ou une étoile filante? Ce joueur-là, cette saison, c’est Adama Traoré.

Un joueur qui prend son temps.

L’ailier de 23 ans marche sur la Premier League (Photo: Café Crème Sport)

Qualité première : vitesse. Paradoxal? Oui et non. Formé à la Masia, il décide de partir très vite vers l’Angleterre. Adama Traoré est ce que l’on appelle un jeune espoir. Inarêtable, avec ou sans la balle dans les pieds, son transfert en 2015 pour 10 millions d’euros à Aston Villa ne sera pas une franche réussite. Si bien qu’il repartira, 1 an plus tard, pour 8,25 millions d’euros vers Middeslbrough .Il disputera 27 matchs, dont 16 titularisations. Sans convaincre, il garde la confiance de son club, et reste patient avec un joueur qui prend son temps. Si sa première partie de saison est mitigée, avec seulement deux passes décisives, l’arrivée de Tony Pulis sur le banc va tout changer. Le gallois aperçoit l’énorme potentiel de son joueur. Il va donc tout faire pour le faire exploser: il se rapproche de son joueur, tente de le comprendre, de lui faire prendre confiance en lui. Durant les matchs, il le fait même jouer du côté du banc, pour qu’il puisse l’aider et l’encourager. A la mi-temps, il le faisait donc changer de côté pour que l’Espagnol soit encore proche de lui. Et ça marche! Traoré est lancé à pleine vitesse : en 22 matchs, il score 5 fois et donne 8 passes décisives, et c’est Wolverhampton qui viendra alors le chercher pour l’amener en première division.

Doucement mais sûrement….

Sa première saison sera à l’image de sa première saison à Middlesbrough, mitigée. 1 buts, 1 passe décisives en championnat, en 29 matchs et seulement 8 titularisations. Son entraîneur, Nuno Espirito Santo, le fait jouer sur plusieurs postes, n’arrivant pas à mettre l’ex du Barca dans les meilleures conditions. Il souhaite aussi que son ailier progresse sur le plan tactique, lui qui a du mal à se fondre dans le collectif très exigeant des Wolves. Patience…
Depuis le début de la saison, il a fait du flanc droit le sien. Que ce soit au poste de latéral droit de la défense à 5 (ou à 3, c’est selon), ou plus haut sur le poste d’ailier droit du 3-4-3, il est quasiment toujours titulaire. En pleine confiance, l’ailier espagnol devient très intéressant, car il est capable aussi d’occuper un poste de buteur dans une attaque à 2. Sa polyvalence, et sa progression tactique font de lui un joueur qui peut largement aspirer à un club d’une plus grande envergure que les Wolves. Mais, avant de savoir où il s’intégrerait le mieux, commençons par analyser son jeu.

Dribbleur, centreur, finisseur…. défenseur?

Si l’on devait décrire Traoré en un mot: spectaculaire. Et ce n’est pas ses adversaires qui diront le contraire. 25 joueurs ont déjà pris un carton jaune cette saison en essayant de le stopper. Début Janvier, il a réussit 15 dribbles dans le même match. C’est beaucoup? Oui. C’est même la première fois que ça arrive depuis qu’Opta analyse cette statistique. Son physique plus qu’imposant, couplé à sa vitesse hors du commun, lui permet de toujours passer l’épaule devant son adversaire. Physiquement, il faut aussi souligner son agilité. Pour un physique pareil, c’est très important : cela lui permet de gagner la grande majorité de ses 1 contre 1 (74,1% de dribbles réussis), grâce, aussi, à une technique bien au dessus de la moyenne. S’il réussit autant de dribbles, c’est aussi parce qu’il ne lâche jamais: il tente toujours de se mettre entre son adversaire et le ballon, même quand ça semble perdu. C’est aussi un joueur qui tente tout pour mener son action à terme, qui ne s’arrête pas même s’il y a faute sur lui, qui attend le coup de sifflet de l’arbitre ou de ne vraiment plus pouvoir jouer.
Très gros dribbleur, mais surtout dribbleur illisible. Il est impossible de prévoir ce qu’il va faire : longer la ligne de toucher, foncer tête baissée vers l’intérieur du terrain, ou trouver un appui sur un partenaire, Traoré sait varier son jeu. Même si avec les Wolves il est amené à beaucoup centrer (en raison de la présence de Jimenez dans la surface, il a montré avec Middlesbrough une forte tendance à rentrer dans le half-space droit pour gagner du terrain.
Sa qualité de centre est d’ailleurs, elle aussi, très intéressante. Outre le fait qu’il trouve en majorité un joueur ( 74,4% de passes moyennes réussies (5-25mètres), c’est la variété de ses centres qui le démarque des autres: à terre, à mi-hauteur, en hauteur, il met toujours son partenaire dans la meilleure condition possible pour marquer, que celui-ci soit au premier poteau, au second, au point de pénalty, ou en retrait à l’entrée de la surface.

Inter, Real, City : quel serait le meilleur choix de carrière?

Remplacez l’écusson des Wolves par celui de Madrid : ça fonctionne non? (Photo: AfricaTopSport)

Allez, prêtons-nous au jeu des pronostics: quel club serait idéal pour Traoré? En raison de sa nationalité, les noms des plus grands clubs espagnols nous viennent à l’esprit: le Real et le Barca. Les premiers, déjà surchargés de joueurs sur les ailes, pourrait tout de même bénéficier de sa polyvalence: dans une attaque à deux avec Benzema notamment. Mais bon, avec Rodrygo, Vinicius, Bale, Hazard, Odegaard qui pourrait revenir, voire Reinier, l’horizon semble (pour l’instant) bouché. En revanche, du côté du Barca, on pourrait y voir un joli mariage. Alba à gauche permet de repasser en défense à 4 en phase défensive, ce que veut Sétien, et cela laisse le poste de piston droit libre. En revanche, Traoré devrait encore travailler: en Angleterre, il n’as plus été habitué à jouer en une/deux touches de balles et dans les petits espaces. C’est même une de ses limites, puisqu’il tente toujours, ou presque, de passer son vis à vis, même dos au but. Dans une équipe aussi patiente que l’équipe de Sétien, le mariage pourrait être intéressant.
Dans un style autre mais pas si éloigné, on peut l’imaginer aussi à City. Rester en Angleterre, et laisser faire de Traoré le nouveau Sterling de Guardiola. Quand on voit ce que le coach a fait de l’Anglais, on peut rester rêveur….
Enfin, j’avoue voler l’idée à Raphaël Cosmidis du podcast Vu Du Banc, mais Traoré dans l’Inter de Conte, dans un rôle à la Moses (en mieux), serait plus qu’intéressant. Etant donné l’espace et la liberté laissé aux joueurs de côté dans le système Intériste, Traoré pourrait être un joueur majeur. Il lui faudrait travailler sur ses retours défensifs en revanche, qui sont beaucoup compensés par Matt Doherty à Wolverhampton. Il offrirai aussi un possible remplacement à Lautaro, si celui-ci était amené à partir. Car si Traoré marche si bien, c’est aussi en raison de son entente avec Jimenez, que l’on pourrait voir se reproduire avec Lukaku.

En bref, vous l’avez compris: Traoré n’est pas une étoile filante. Il possède toutes les qualités (et plus encore) que l’on demande pour exister dans un top club. Son profil, si particulier, doit être parfaitement étudié afin de l’inclure dans un système tactique. Et d’ailleurs, si finalement, il restait aux Wolves ? Club ambitieux, avec beaucoup de jeunes, qui grandit, avec un (très) bon coach, et qui sied à merveille ses qualités. Si on a du mal à voir ce scénario se réaliser, ce serai quand même pas une mauvaise idée. Quand on sait combien il aime prendre son temps…

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