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Ligue 2 : et si Caen avait conservé ses meilleurs joueurs ?

Actuellement 16ème de Ligue 2, le Stade Malherbe de Caen semble mal digérer sa descente de Ligue 1 et se retrouve à jouer une nouvelle fois le maintien, à l’étage inférieur. Une habitude qui lui colle à la peau après cinq saisons dans l’élite dont quatre comme acteur du bas de tableau. Dans ce marasme ambiant, les Normands sont quand même parvenus à obtenir une belle septième place lors de la saison 2015/16, qu’ils n’ont malheureusement pas réussi à confirmer par la suite, la faute à des querelles politiques et des moyens financiers limités. Que se serait-il passé si Malherbe avait pu conserver l’ensemble de ces joueurs ?

Avant-propos : afin de réaliser cet article, nous avons pris en compte les joueurs, toujours en activité, ayant passé au moins une saison au sein du club malherbiste, que ce soit en centre de formation ou en équipe sénior. De plus, pour composer le meilleur onze possible, nous nous sommes basés sur les valeurs marchandes en cours sur le site spécialisé, transfermarkt. Le onze titulaire est formé des valeurs marchandes les plus élevées en respectant les positions habituelles ou secondaires de chaque joueur (ex : Raphaël Guerreiro est placé en latéral gauche puisqu’il a joué à ce poste durant la majorité de sa carrière).

Depuis 15 ans, le club caennais possède la solide réputation d’une équipe trop forte pour la Ligue 2 mais trop faible pour la Ligue 1, résultant de ses nombreuses montées et descendes successives. Loin de marquer l’histoire du football français, le club peut s’enorgueillir de posséder un capital sympathie grâce à des joueurs emblématiques (Seube, Vercoutre, Savidan) et une finale de Coupe de la Ligue en 2005. Si la dernière décennie a vu une forte présence en Ligue 1, elle s’est aussi distinguée par un projet ambitieux avec le président Fortin à sa tête. Marquer par une identité forte (logo, slogan, infrastructures), il s’est cependant stopper net avec l’éviction de ce dernier, le remaniement administratif et la descente en mai dernier.

Benoît Costil (gardien) : formé au sein du club, Benoit Costil y fait également ses débuts en pro, sans parvenir à se faire une place (19 matchs entre 2005-2009). Prêté puis vendu en Ligue 2, c’est à Sedan qu’il perce en étant élu meilleur gardien de l’antichambre de l’élite. Une récompense qui lui ouvre les portes de la Ligue 1, qu’il connaitra en s’engageant avec le Stade Rennais (2011). En Bretagne, il s’impose comme l’un des meilleurs à son poste et accède même à l’équipe de France (1 sélection). Après six saisons et deux finales perdues, il signe aux Girondins de Bordeaux où il joue toujours actuellement.

Valeur marchande : 5 millions d’euros

Alexander Djiku (déf. central) : Montpelliérain d’origine, c’est à Bastia qu’il effectue sa formation. Polyvalent, il se fixe comme défenseur central et s’impose petit à petit comme un élément prometteur en Ligue 1. Cependant le club corse est relégué en 2017 et Djiku est transféré en Normandie, pour deux millions d’euros. Il forme alors une défense centrale solide avec son compère Damien Da Silva et suscite l’intérêt de clubs plus huppés. Malheureusement, il connaît une nouvelle descente deux ans plus tard et est de nouveau transféré, cette fois à Strasbourg où il a découvert la coupe d’Europe cet été.

Valeur marchande : 8 millions d’euros

Damien Da Silva (déf. central) : le Franco-Portugais a bourlingué. Formé à Bordeaux, c’est avec les Chamois Niortais qu’il débute en pro. Il alterne dès lors Ligue 2 et National en Deux-Sèvres puis à Châteauroux, Rouen et Clermont. C’est en Auvergne qu’il se stabilise et qu’il se fait remarquer par Caen, promu en Ligue 1, qui le transfère pour 300 000 euros en 2014. Sous les couleurs caennaises, il prend part à 137 matchs en quatre saisons et s’impose comme l’une des figures du club. Laissé libre, il s’engage à l’été 2018 avec Rennes où il remporte la Coupe de France en 2019 et participe à la coupe d’Europe dans la peau d’un titulaire indiscutable.

Valeur marchande : 5 millions d’euros

Raphaël Guerreiro (arrière gauche) : certainement l’un des meilleurs éléments formés en Normandie. Trop talentueux, l’international portugais (39 sélections), n’effectue qu’une saison en pro avec Caen (2012-2013) où il participe à l’ensemble des matchs de la saison (41). Transféré en Ligue 1 à Lorient, il confirme son potentiel au point d’être appelé par la Seleção dès 2014. Champion d’Europe en 2016, il quitte les Merlus ce même été pour l’étranger et le Borussia Dortmund. En Bundesliga, il privilégie ses qualités offensives et évolue au poste de milieu centre ou milieu gauche pour s’imposer comme un élément de la rotation des Borussens (18 buts en 103 matchs).

Valeur marchande : 25 millions d’euros

Frédéric Guilbert (arrière droit) : c’est l’un des rares éléments du centre de formation à ne pas avoir fait ses débuts pro avec Malherbe. Non retenu en 2013, il passe par la case CFA pour forcer le destin avec Bordeaux. Placardisé par Gourvennec après une saison 2015-2016 pleine, il est rapatrié par Caen. D’abord prêté puis transféré définitivement, il s’impose comme un acteur majeur du maintien des Normands en 2017 et 2018. Cédé à Aston Villa en janvier 2019, où il est aujourd’hui un titulaire indiscutable en Premier League, il reste en prêt à Caen pour finir la saison mais ne parvient pas à éviter la descente en Ligue 2 avant son départ définitif.

Valeur marchande : 9 millions d’euros

N’Golo Kanté (milieu défensif) : l’histoire est aujourd’hui connu de tous, N’Golo Kanté est probablement le joueur le plus talentueux de l’histoire du club bas-normand. En deux saison (2013-2015), le champion du monde 2018 a disputé 82 matchs avec Malherbe, participant à la montée en Ligue 1 et à son maintien miraculeux la saison suivante. Vendu à Leicester, il remporte deux titres de Champion d’Angleterre avec les Foxes et Chelsea, devenant un élément incontournable des Blues et des Bleus de Deschamps.

Valeur marchande : 100 millions d’euros

Steven Nzonzi (milieu défensif) : natif d’Île-de-France, Nzonzi enchaine les clubs dans sa jeunesses au point de connaitre le centre de formation du PSG entre 1999 et 2002. Non conservé, il exporte ses talents à Lisieux puis à Caen, sans parvenir à s’imposer à cause de blessures à répétition. C’est finalement en Picardie qu’il se fait une place et qu’il connait le monde pro avec Amiens. Transféré après la descente en National, il connait des expériences en Angleterre (Blackburn, Stoke), Espagne (Séville), Italie (AS Roma) et aujourd’hui en Turquie (Galatasaray). Vainqueur de l’Europa League en 2016 et du Mondial 2018, il représente une valeur sûr en Europe.

Valeur marchande : 13,5 millions d’euros

Thomas Lemar (milieu gauche) : de dernier des champions du monde de cette équipe a disputé 35 matchs (2013-2015) pour le club qui est venu le chercher dans sa Guadeloupe natale en 2010. À l’image de Kanté, il quitte Malherbe après un maintien miraculeux, en direction de l’AS Monaco. Dans la Principauté, il participe pleinement à l’épopée du titre en 2017 et celle en Ligue des champions la même année (demi-finale). Après le Mondial 2018, il s’engage à l’Atlético Madrid où il peine à s’imposer aujourd’hui.

Valeur marchande : 30 millions d’euros

Yann Karamoh (milieu droit) : autre pépite du centre de formation, Yann Karamoh connait une carrière jusqu’ici mitigée. Prometteur à ses débuts à Caen (2016-2017), il cède aux sirènes de l’Inter Milan contre un chèque d’environ 8 millions d’euros. Malgré des prestations encourageantes, il ne s’impose pas et est prêté à Bordeaux puis à Parme, cette saison, sans parvenir à démontrer tout son potentiel.

Valeur marchande : 10 millions d’euros

Andy Delort (avant-centre) : à 28 ans, l’international Algérien semble mené une carrière chaotique avec pas moins de 10 clubs à son actif. Jusqu’à présent il alterne les saisons de bonne facture (Ajaccio, Tours, Caen, Montpellier) et les échecs cuisants (Wigan, Tigres, Toulouse). Avec Caen, l’histoire avait bien débuté (38 matchs, 13 buts, 7ème de Ligue 1) avec de tourner au drame avec un transfert énigmatique aux Tigres.

Valeur marchande : 13 millions d’euros

M’Baye Niang (avant-centre) : à l’instar de Karamoh, il s’est montré très prometteur à ses débuts avec Malherbe, en effectuant sa première apparition à 16 ans (30 matchs, 5 buts). Mais son transfert en 2012 à Milan se révèle être un échec et ses prêts successifs (Montpellier, Genoa, Watford, Torino) ne parviennent pas à le faire exploser. C’est finalement depuis son arrivée, en 2018, à Rennes que l’international Sénégalais s’épanouit pleinement aux côtés de Da Silva.

Valeur marchande : 15 millions d’euros

Remplaçants : Samba (4 M€), Gradit (1,5 M€), Yago (1,25 M€), Appiah (1,75 M€), Armougom (2 M€), Aït-Bennasser (6 M€), Makengo (5 M€), Fajr (4 M€), De Préville (7), Diakhaby (8 M€), Crivelli (6 M€).

Avec une valeur totale de 270 millions d’euros dont 223,5 pour le onze titulaire, le SM Caen posséderait actuellement la 4ème valeur comptable de Ligue 1, derrière le PSG, Lyon et Monaco. L’effectif se compose essentiellement de joueurs formés au club ou issus du centre de formation (13/22). Une faiblesse est à noter sur les postes de défenseur, avec la présence des quatre remplaçants sous la barre des 2 millions de valeur. Pour les 9 autres non issus des filières jeunes, ce sont majoritairement des joueurs ayant évolué sur les dernières années, époque coïncidant avec les cinq années passées en Ligue 1. Cependant, rares sont ceux qui figurent encore au club, preuves en est de la difficulté de maintenir un projet fort lorsque l’on bascule de l’élite à la Ligue 2.

Club plutôt anonyme dans le passage footballistique français, le Stade Malherbe de Caen se distingue par la qualité de son centre de formation qui le maintien dans les hautes sphères nationales. De quoi faire réfléchir les dirigeants actuels dans leur quête d’un retour rapide en Ligue 1.

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