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Pourquoi se doper lorsqu’on est sportif de haut niveau ?

C'était une recette à lui, un dopage comme un autre, et qui donnait de l'allant aux bêtes" disait Maxence van der Meersch dans L'Empreinte du Dieu en 1936.

“C’était une recette à lui, un dopage comme un autre, et qui donnait de l’allant aux bêtes” disait Maxence van der Meersch dans L’Empreinte du Dieu en 1936. Déjà, la notion de dopage n’était pas inconnue aux yeux du public. Posons-nous de simples questions : pourquoi des sportifs se dopent-ils ? Cherchent-ils une gloire triomphante au profit d’un orgueil affaibli ou veulent-ils se vanter d’être au niveau au détriment du regard des autres – une fois pris en flagrant délit ? Cet article ne se veut pas d’être une enquête approfondie mais surtout de dresser un tableau avec nos moyens de l’existence du dopage dans le sport. Nous tenterons d’éclaircir ce sujet à travers différentes thématiques gravitant, globalement, autour du cyclisme et du football.

Une manoeuvre éducative ratée ?

Une étude menée au début du millénaire nous apprend qu’à l’échelle de la Lorraine, 30% des éducateurs sportifs estiment qu’un sportif ne peut réussir au haut niveau sans l’aide d’une consommation illicite de produits dopants. Plus globalement, il faut se demander si l’éducation sportive dés le plus jeune âge a été décemment faite. La recherche de la gloire sportive et de moyens financiers immenses donnés dans certains sports laissent ouvrir une porte vers la facilité. Le dopage est en effet une façon d’arriver plus haut et plus vite. Cependant, il existe des contrecoups qui doivent être enseignés dés le plus jeune âge. Certaines sources s’accordent à estimer que 5% des adolescents sont dopés (contre 12,5% chez les sportifs de haut niveau). 5% de trop ? Les risques sur la santé sont-ils assez présentés ? Le rôle des grands sportifs est évidemment à prendre en compte. Ce sont les premiers modèles des jeunes, ils représentent ce que des adolescents rêveraient d’être. Pourtant, pour utiliser l’exemple du football, certains grands de ce sport jurent que le dopage n’y existe pas. Sepp Blatter dit même qu’il n’existe “aucun produit capable de faire d’un mauvais joueur un bon joueur et d’un bon joueur un grand joueur”. Or, des épisodes italiens comme le cas de la Juventus à la fin des années 1990 nous montrent le contraire.

Qui faut-il croire ? Les grands joueurs tentent-ils de se dédouaner en évoquant un dopage irréel et inexistant dans le football ? Il existe une forme d’hypocrisie dans le football que l’on trouve moins dans les autres sports. Peut-être car les enjeux sont différents. Il semble plus facile d’attaquer un coureur cycliste qu’une star mondiale du football. Tout cela n’est qu’hypothèse et n’est tiré d’aucun parti pris évidemment : ici, nous cherchons à comprendre les intérêts du dopage à différentes échelles. Le football est une société qui vit sur une autre planète mais il faut trouver les mots et les sources justes pour le comparer à d’autres sports. Nous ne pouvons par exemple pas oublier ces affaires de dopage qui ont laissé une trace dans leur sport respectif : Tyson Gay, coureur du 100m, en 2013, ou encore Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, aussi appelé Robocop, s’est huilé illicitement, ce qui lui a valu une suspension de toutes compétitions liées au règlement anti-dopage, ainsi que le retrait de toutes les victoires qui constituaient alors sa vitrine à trophées. Le dopage est une manière illégale de se rappeler qu’il existe une limite très fine entre le triomphe sans gloire et les victoires au péril. Pour revenir sur l’aspect éducatif : il faut que toutes ces affaires de dopage liées à chaque sport fassent l’objet d’une reconquête morale. Le dopage est mais ne doit plus être. Pour cela, il faut dés le plus jeune âge être sensibilisés aux risques qu’encourent les nouveaux sportifs pour éviter qu’une multitude d’affaires surgissent et gâchent des carrières.

Le dopage : réponse néfaste à une volonté de gloire

Tout le monde a déjà rêvé ne serait-ce qu’une fois d’être riche, connu : un artiste glorieux en somme. Réussir dans le sport est un art à la portée de ceux qui – outre un talent indéniable et individuel -, travaillent et croient. Croire en ses rêves aura un résultat bien meilleur si le voyage pour y parvenir n’est pas semé d’embûches contrôlées positives. Le dopage, comme évoqué plus haut, est une réponse à la difficulté qu’est la réussite dans le sport professionnel, tous sports confondus. Or, si le fait de se doper est une étape assez simple à vivre au moment de la prise de substances, il peut devenir très vite difficile de s’arrêter. Le dopage, comme toute drogue, peut devenir addictif et là peuvent commencer de lourds problèmes. S’il est possible d’échapper à un contrôle ponctuel, il est difficile de passer à travers les mailles du filet. En parlant en mon nom et en évoquant à nouveau le football, j’ai eu vent – par un proche qui travaille pour un club de Ligue 1, qu’en fin de match, seulement une petite poignée de trois ou quatre joueurs (dans le cas de ce club, pour les autres je n’ai aucune information) se faisaient contrôler par un médecin affilié au club.

Dans d’autres sports, il est beaucoup plus difficile de passer outre ces contrôles. Pour revenir sur le cyclisme – il faudrait une enquête entière pour produire du contenu sur le dopage dans le cyclisme -, les mesures anti-dopages prisent semblent être beaucoup plus répressives vis-à-vis des coureurs. En effet, nous apprenons par exemple que depuis 1968 – date de la première suspension pour dopage lors du Tour de France, 35,2% des coureurs ont été épinglés (prend en compte ici ceux qui ont “désobéi” au règlement contre le dopage) ou seront épinglés a posteriori pour une affaire de dopage. Ces chiffres sont colossaux mais tendent à faiblir durant les dernières années. Depuis 2008, “seulement” – entre gros guillemets -, six vainqueurs du Tour ont été épinglés, période qui succédait à dix-sept années de victoire par dopage. Alors certes, comme l’a dit Sepp Blatter, le dopage ne fait pas gagner, en tout cas, il aide grandement les sportifs à se sortir de situations physiques difficiles. Le dopage ne rendra personne grand tant qu’il existera des sportifs qui penseront le contraire. C’est finalement une réponse néfaste à la conquête de la gloire. Ou plutôt un accès libre à un futur tumultueux.

Sports collectifs et sports individuels : même combat ?

La question du dopage est certes inter-sportive, elle n’en reste pas moins différente selon le sport que l’on évoque. Du sport collectif au sport individuel, la prise de substance ne change pas en elle-même. Cependant, les contrôles sont différents. Déjà, il est plus difficile de contrôler l’entièreté d’une équipe après un match que de demander à un tennisman ou un cycliste d’uriner dans un bocal. De nombreux paramètres sont à prendre en compte avant de faire un contrôle. Outre le contrôle urinaire, il faut depuis le 1er janvier 2018 fournir un échantillon de son sang aux médecins pour vérifier une potentielle prise d’hormone de croissance. Cela semble anodin mais il faut du temps, il faut anticiper les besoins de chaque joueur après un match. Si le contrôle se fait le lendemain – par exemple, il faut prévoir du temps soit pris lors d’un repos, soit lors de séances d’entrainement ou de musculation. Pour un sportif individuel, la démarche est sensiblement la même, mais il ne faut le faire qu’une fois, ce qui assouplie les contraintes par rapport à une équipe entière. Individuel et collectif, même combat ? Oui. Les démarches des contrôles anti-dopages doivent être aussi rigoureuses pour les uns comme pour les autres, c’est une évidence. Cependant, pourquoi dans le football sont épinglés si peu de joueurs pour prise de substances illicites ? Le football est il pur ou hypocrite ? Pourquoi jusqu’en 2010, entre 25 et 50% des coureurs cyclistes ont été épinglés pour une contrevenu du règlement antidopage ? Les chiffres sont en constante régression depuis 2002 : lors des deux dernières éditions du Tour de France, seulement 7% des coureurs ont été liés plus ou moins étroitement au dopage.

Pour conclure et revenir au titre de cet article : pourquoi se doper lorsqu’on est un sportif de haut niveau ? Nous pourrions avancer qu’un sportif de haut niveau se dope pour rester au haut niveau ou pour dépasser la limite que son corps lui a institué. C’est une tendance évidemment néfaste pour la carrière de ces sportifs mais aussi et surtout pour leur corps qui ne tiendra jamais une addiction aussi nocive. Au final, se doper, c’est duper et se duper.

(Crédit photo : futura-sciences.com)

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