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NFL – Il devient quoi Colin Kaepernick ?

Avant ce dimanche, la dernière fois que les Niners ont atteint le Superbowl, c’était en 2013 et l’homme qui portait la franchise de San Francisco était un quaterback à l’ascension fulgurante, Colin Kaepernick. Depuis ? une défaite face à Joe Flacco et une fin de carrière controversée il y a 3 ans. Focus sur un homme à la personnalité engagée et à la carrière brisée.

Avant ce dimanche, la dernière fois que les Niners ont atteint le Superbowl, c’était en 2013 et l’homme qui portait la franchise de San Francisco était un quaterback à l’ascension fulgurante, Colin Kaepernick. Depuis ? une défaite face à Joe Flacco et une fin de carrière controversée il y a 3 ans.  Focus sur un homme à la personnalité engagée et à la carrière brisée.

De star confirmée à paria de la NFL

En 2016, Colin Kaepernick, alors quaterback star de la franchise des Niners de San Francisco, déclenche une tempête médiatique aux Etats-Unis en posant genou à terre pendant l’hymne américain (rituel systématique avant un match de NFL). Un signe de protestation en réponse aux troubles que connait le territoire américain à l’époque, sur fond de meurtres de plusieurs membres de la communauté afro-américaine, abattus par des policiers blancs.

Colin Kaepernick en 2016, posant genou à terre lors de l’hymne américain (Photo : Brodview TV)

Un geste à la répercussion massive puisque de nombreux joueurs de la NFL mais aussi de la NBA, du football et bien d’autres milieux sportifs et artistiques, le reproduiront lors des mois qui suivent. Un mouvement (Black Lives Matter) qui n’est pas sans rappeler celui des Black Panthers appuyé par le geste de Tommie Smith et John Carlos lors des JO de 1968. La polémique est dès lors très vive puisque Donald Trump qualifie les joueurs frondeurs de « fils de pute », estimant qu’ils devraient être limogés.

Un discours qui divise profondément l’Amérique. D’un côté, les soutiens de Kaepernick avec en tête d’affiche Barack Obama qui déclare « Il exerce son droit constitutionnel à faire passer un message », mais aussi Megan Rapinoe, Lebron James, Stevie Wonder, Bruce Maxwell, Serena Williams ou Tom Brady, entre autres. En face, Donald Trump et ses partisans, qui martèlent un discours de séduction envers les suprématistes blancs (cœur de l’électorat pro-Trump) en provoquant les acteurs de l’opposition. Un message minimisant l’influence du sport aux Etats-Unis et révélateur d’une société encore ancrée dans les clivages raciaux des années 1960. Parmi ces soutiens, on retrouve par ailleurs des propriétaires de franchise en NFL.

Véritable Boycott ?

L’histoire se gâte pour Kaepernick en 2017, son contrat chez les Niners n’est pas reconduit et le voila boycotté par l’ensemble de la Ligue de Football à la suite de sa provocation. Une situation qui pousse le quaterback et son coéquipier, Eric Reid, à poursuivre la NFL en justice sur le motif d’une entente des propriétaires de franchise pour les empêcher de continuer leur carrière.  Si Reid a finalement réintégré la NFL sous les couleurs des Carolina Panthers en 2018, ce n’est pas le cas de son ex-partenaire.

Kaepernick lors d’un entrainement public en novembre 2019 (Photo : Elijah nouvelage)

Certes, Kaepernick était une star en 2016 en raison de ses aptitudes athlétiques et de son look reconnaissable parmi tant d’autre, mais son niveau sportif laissait à désirer depuis 2014. Quaterback complet à la passe comme à la course, il a pu mener les Niners au Superbowl en 2013 en prenant la place de titulaire à Alex Smith. Mais il n’a par la suite, pas su confirmer les espoirs placés en lui. Finalement défait au Superbowl (34 -31) par les Ravens de Baltimore, il signe une extension de contrat en 2014 pour 6 ans et 126 millions de dollars, devenant ainsi l’un des plus gros contrats de la Ligue, en plus de remplir l’espace publicitaire (Beats by Dre, McDonald’s).

La suite est moins reluisante et les contre-performances, en dehors (enquête pour agression sexuelle, frasque en tout genre) comme sur le terrain, ainsi que les blessures, s’enchainent pour « Kap ». Au point de perdre sa place de titulaire en 2016. C’est donc au plus bas sportivement, que Kaepernick réapparait sur le devant de la scène médiatique cette année-là.

Tentative de retour

Peu à peu son image bascule du sportif de haut niveau à celle d’activiste reconnu. En 2018, il devient à cette occasion, le visage de la campagne publicitaire de Nike pour le 30ème anniversaire du slogan « Just Do it » qui le met en scène via un portrait en noir et blanc avec le message « Croyez en quelque chose. Même si cela signifie tout sacrifier ». Encore une fois les passions sont déchainées, le slogan « Just Do it » est détourné par les partisans de Trump en « Just Burn It » et les produits Nike sont brulés sur les réseaux sociaux. À l’inverse, la firme réalise des bénéfices records (à l’image de la vente de la Nike Air Force 1’07 x Kaepernick), s’élevant à 1,1 milliards de dollar au second trimestre 2018, tandis que l’ex-joueur reste une personnalité influente dans le monde du sport (classé 57ème sur 100 par ESPN en 2019) et des médias (récompensé par Amnesty international) sans même jouer depuis plus de 3 ans.

Colin Kaepernick en affiche de la campagne Nike sur Time Square à NY (Photo : Mark Lennihan/AP)

Sa dernière apparition médiatique, qui date du 4 janvier dernier, confirme ce changement de statut. Sur Twitter, l’ex-Quaterback a dénoncé « les attaques terroristes américaines contre les Noirs et les Arabes » au lendemain de la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine, sur ordre du président Donald Trump. Aujourd’hui à 32 ans, Kaepernick n’a pas abandonné l’idée de revenir dans le monde pro du football US. En février 2019, les tensions s’apaisent avec la NFL en signant un arrangement à l’amiable. Si les termes de l’accord sont confidentiels, les médias américains évoquent une compensation financière de l’ordre de 60 à 80 millions de dollars. En novembre dernier, la NFL a même organisé un entrainement à Atlanta, afin de lui permettre de retrouver un contrat.

Cependant, le joueur a pris la décision de délocaliser cette session dans un lycée local et devant les médias et le pulbic, entrainant la défection de la majorité des franchises. Seuls les Chiefs de Kansas City, les Eagles de Philadelphie, les Jets de NY, les Redskins de Washington, les Lions de Détroit, les Titans du Tennessee et.. les Niners de San Francisco y ont assisté. Malgré l’envoi d’une vidéo à l’ensemble des franchises, Kaepernick reste à l’heure actuelle sans offre et ne suscite que peu d’intérêt par l’une d’elles.

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