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ASSE : un déclin prévisible ?

Embourbé à une inquiétante 15ème place en Ligue 1 Conforama après 24 journées, l’ASSE connaît un épisode plus que compliqué cette saison. Entre gestion discutable et coups de malchance à répétition, les Verts commencent à envisager une opération maintien inhabituelle ces dernières années. Y avait-il des signes précurseurs ? Les signaux d’alarme auraient-ils pu être tirés avant ?

Des départs importants non compensés

Si l’ASSE est en difficulté cette saison, c’est d’abord parce qu’elle a perdu de nombreux éléments forts de la saison passée. Du côté des joueurs, certes, mais aussi et surtout du côté du staff. En première ligne, évidemment : Jean-Louis Gasset. La survie de l’AS Saint-Etienne dans le haut du tableau français tenait pour beaucoup de la présence du technicien à la casquette sur le banc stéphanois. Arrivé pour sauver Julien Sablé, successeur d’Oscar Garcia, le Montpelliérain fait venir ses soldats, pour que l’ASSE revienne à un rang convenable (l’ASSE passe de la 16ème place à la trève à une honorable 7ème place en fin de saison).

De plus, l’ASSE a également vu partir son directeur général Frédéric Paquet, pour des raisons quelque peu floues. Il se dit que Paquet avait tendance à se montrer un peu généreux avec certaines personnes plus ou moins proches du club, ou encore qu’il prenait de décisions sans concerter ses présidents. Ce départ, bien que rendu discret par le club, a participé au bazar interne ambiant, déjà prouvé par le départ de l’Ange Vert Dominique Rocheteau quelques semaines auparavant. Les têtes tombent à l’AS Saint-Etienne, sans que cela n’alarme tout le monde.

Dominique Rocheteau, Jean-Louis Gasset et Frédéric Paquet. Les 3 visages d’un passé déjà bien loin (Photo : Le Progrès)

Sur le terrain maintenant, les Verts ont également perdu gros. En vendant bien Rémy Cabella, les dirigeants stéphanois réalisent une excellent opération financière. Oui, mais l’aspect sportif de cette transaction n’est pas brillant. Animateur intermittent de l’attaque stéphanoise, Cabella servait bien ses coéquipiers lorsque Wahbi Khazri était moins en jambes. Subotic, Aït Benasser et Vada quittent également le club, mais leur importance sportive était moins élevée.

Des tensions en interne

Le premier constat est simple : l’équilibre du club est chamboulé. Dès lors, l’enjeu des dirigeants stéphanois est de faire de l’année 2019/2020 une saison de transition. Un objectif réalisable si l’on prépare convenablement le terrain. Pour cela, plusieurs éléments peuvent être décisifs : l’intégration de jeunes joueurs prometteurs, les performances régulières des cadres restés au club, un entraîneur pragmatique et architecte sur le moyen/long terme. Mais rien de tout cela n’arrive, et c’est la catastrophe industrielle. La principale victime de tout ce cirque ? Ghislain Printant.

Ghislain Printant a souffert durant les premiers mois de la saison (Photo : Sports.fr)

Plébiscité par le vestiaire, Printant accepte de prendre la succession de son ami Jean-Louis Gasset. Mais les résultats ne vont pas, malgré une victoire inaugurale à Dijon. Saint-Etienne patine sur le pré et descend au classement dans un climat étrange où personne ne prend ses responsabilités et la rumeur d’un départ de l’ex-adjoint de Jean-Louis Gasset prend de l’ampleur. En championnat comme en Europa League, les Verts déçoivent. Printant est alors convoqué par ses dirigeants, mais aucun accord à l’amiable n’est trouvé. Finalement, Roland Romeyer et consorts décident de suspendre Ghislain Printant de ses fonctions et le licencient pour faute grave. Une décision difficilement compréhensible compte tenu de la dévotion et de la situation du principal intéressé.

A l’aube d’un derby entre deux équipes perdues, Claude Puel est engagé. Les pleins pouvoirs sportifs lui sont assurés ; une marque de confiance envers le Castrais, certes, mais qui trahit aussi un manque de recul sur les évènements. Une crise bien réelle guette les Stéphanois. Et alors que le début de l’ère Puel est un franc succès, l’hiver vient refroidir le peuple vert.

Un effectif moins fiable qu’auparavant

Alors que reste-t-il lorsque c’est la pagaille dans les bureaux ? Il reste le terrain. Et le terrain ne marche pas. Malgré des recrues estivales prometteuses dont celle de Denis Bouanga (dont nous avons parlé ici), le cruel manque de buteur se fait sentir. Dès le début de la saison, les méformes de Robert Beric et Loïs Diony sont palpables. De même, le principal artisan de la saison précédente, Wahbi Khazri n’est pas prêt physiquement après un été rythmée par une Coupe d’Afrique des Nations éprouvante. Cette pénurie de buteur est caractéristique de l’AS Saint-Etienne de ces dernières années. Habituellement sauvé par des ailiers prolifiques, le club de la Loire ne peut pas en dire autant cette année malgré les 8 buts TTC de Bouanga.

Meilleur Vert cette année, Denis Bouanga ne règle pas tous les problèmes (Photo : Café Crème Sport)

Si Khazri est à la peine, c’est également le cas de beaucoup de défenseurs du Forez. Loïc Perrin vieillit inévitablement, Timothée Kolodziejczak régresse également, et les recrues Moukoudi et Palencia n’ont pas bousculé la hiérarchie. William Saliba est blessé et laisse trop souvent une défense lente et friable que le jeune Wesley Fofana ne peut pas tenir à lui seul. Et lé défense est pourtant très sollicitée puisque le milieu de terrain est tout sauf imperméable. Yann M’Vila n’est que l’ombre de lui même, et l’absence de Zaydou Youssouf laisse un vide que ni Yohan Cabaye ni Madhi Camara ne parvienne à combler.

Le déclin de l’ASSE est relatif. D’une part, il est clair que le niveau sportif affiché actuellement est nettement inférieur à ce que l’ASSE a pu montrer l’an dernier. D’autre part, une saison compliquée n’est pas nécessairement synonyme de déclin. Si les Verts se maintiennent en Ligue 1, ce qui est probable, et que la trêve hivernale est mûrement réfléchie et travaillée, alors cette saison ne sera qu’un mauvais épisode. De plus, la Coupe de France est aujourd’hui un motif d’espoir pour les supporters stéphanois.

On pouvait prévoir une saison compliquée pour l’ASSE, surtout à cause du départ de Jean-Louis Gasset, mais une telle situation après deux tiers du championnat était tout de même loin de faire l’unanimité dans les esprits de l’ensemble des médias sportifs français. Rien n’est joué aujourd’hui. Toutefois, la sonnette d’alarme est désormais tirée, et les dirigeants stéphanois sont face à leurs irresponsabilités. Impossible de fuir, il faut désormais se battre pour se maintenir en Ligue 1 et reconstruire un effectif compétent à tous les étages pour la saison 2020/2021.

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