Après avoir passé l’été en WNBA, Marine Johannès est l’étoile montante de l’équipe féminine française de basket. Élue meilleure arrière de l’EuroLeaugue en mars 2019, la jeune française a brillé sur les parquets du Tournoi de Qualification Olympique (TQO) la semaine dernière. Zoom sur une basketteuse hors-norme.
Des débuts très prometteurs
Née le 21 janvier 1995, elle est issue (comme un certain Nicolas Batum) du club de Pont-Lévêque, dans le Calvados. Ce n’est qu’à ses quinze ans, à Mondeville, que Marine Johannès se démarque : championne de France UNSS, championne de France cadettes, et vainqueur de la Coupe de France cadettes. Un beau palmarès donc pour la jeune Calvadosienne. Mais encore un peu fébrile sur les pertes de balles, ce n’est qu’à l’été 2015 qu’elle devient un élément majeur de l’équipe de France U20 (10,6 points de moyenne par match et 4,3 rebonds).
En 2016, elle quitte le Calvados pour rejoindre Bourges, un contrat de trois saisons, qui lui permet notamment de disputer la coupe d’Europe. Elle avait d’ailleurs déclaré au magazine Le Berry Républicain : « Je suis très contente d’avoir cette opportunité car Bourges fait partie des meilleurs clubs français. J’avais envie de jouer une Coupe d’Europe ». C’est donc dans le Cher que Marine Johannès explose, des stats incroyables : lors de sa dernière saison à Bourges (2018/2019), elle tourne à 14,33 points par matchs en championnat et en EuroLeague.
Suite à cette incroyable saison, c’est de l’autre côté de l’Atlantique, à New York que la jeune française attise les convoitises. À 24 ans, elle devient la deuxième plus jeune joueuse française (après Sandrine Gruda, 20 ans), à rejoindre la Women NBA, une consécration. Et même en terre inconnue, Marine fait sensation. Elle inscrit, lors de son premier match, 10 points en 16 minutes. Après cette escapade étasunienne, c’est à Lyon ASVEL féminin, qu’elle décide finalement de signer pour trois ans. Mais Marine Johannès a quelque chose en plus, un petit truc qui fait d’elle, une future icone du basket féminin français.
Un profil atypique qui la démarque des autres joueuses
« Marine Johannès, Curry à la française » titre RMC sport dans un reportage dédié à la basketteuse française. Il est vrai, qu’en regardant les performances de Marine, on retrouve un style unique, une vivacité et une technicité hors norme. Son geste préféré ? Le Step-back. Lors des Jo 2016, elle avait d’ailleurs mystifié la grande joueuse américaine Maya Moore en réalisant un cross-over step-back, avant d’inscrire un superbe panier à trois points.
Kristen Sharp, son ancienne coéquipière avait révélé : « Je ne vois pas d’autres joueuses. Elle a un plus, un talent qui ne s’apprend pas, quelque chose en elle. Son sens du basket est incroyable (…) C’est une fille qui peut faire le show, du spectacle, une fille qui peut enflammer une salle. » Son ancien coach, Romain l’Hermitte, la couvre de superlatifs et la compare au MVP NBA 2015, Stephen Curry : « Ils ont le même style de jeu, Marine joue comme un garçon. Il n’y a pas son équivalent en France, même en Pro A chez les hommes. » Une comparaison loin d’être exagérée quand on observe les gestes techniques de la calvadosienne.
De super scoreuse en France à super passeuse en WNBA, Marine Johannès a su s’adapter aux exigences outre-Atlantique. Alors qu’elle risquait d’être scotchée sur le banc, elle réalise une moyenne de 7,3 points par matchs et 3 passes décisives en 18 minutes de jeu, en moyenne. Une escapade new-yorkaise très satisfaisante pour la française de 24 ans. Mais la faim de Marine ne s’arrête pas là. À l’approche des JO de Tokyo, l’arrière de Lyon n’a qu’une idée en tête, ramener l’or à la maison.
Les JO comme consécration ?
Les frustrations en équipe de France sont nombreuses pour Marine Johannès. Élimination en demi-finale aux jeux de Rio en 2016, élimination en finale de championnat d’Europe en 2017 et 2019 contre l’Espagne. Au mondial 2018, c’est contre les Belges, en quarts, que les françaises craquent. Des désillusions trop nombreuses qui lui ont donné la rage de vaincre, l’envie de montrer au monde entier que les françaises peuvent tenir tête aux plus grandes nations du basket.
C’est la semaine dernière, sur un parquet que Marine connaît bien, à Bourges, que l’équipe de France brille lors du Tournoi de Qualification Olympique. Avec trois victoires sur trois matchs, les françaises se hissent en tête de leur groupe pour le tirage au sort des JO de cet été. Mais ce qui a marqué ce tournoi, c’est l’association Marine Johannès – Bria Hartley qui a fonctionné à merveille (12 points pour Marine Johannès contre l’Australie et 17 points contre le Brésil). Les deux joueuses se sont côtoyées à New-York et se retrouvent en sélection française pour le plus grand bonheur des spectateurs. Une équipe de France complète donc, et emmenée par l’expérimentée Sandrine Gruda, élue meilleure joueuse de ce TQO.

Les bleues ont toutes les raisons de nous faire rêver cet été, avec un savoureux mélange d’expérience, de fougue et de mental pour nous ramener, qui sait, une première médaille d’or dans la discipline.