C’était le 9 février dernier. Romane Dicko décroche son premier titre, dans la catégorie des + 78kg au Paris Grand Slam. Une victoire écrasante, en à peine deux minutes, face à une biélorusse totalement dépassée par la puissance de la française. Après plus d’un an d’absence, la championne d’Europe 2018 revient sur les tatamis pour notre plus grand bonheur. Portrait de Romane Dicko, la pépite du judo français.
Un début de carrière atypique
Native de Clamart, Romane Dicko ne s’était pas destinée à une carrière de judokate. C’est d’abord dans la natation, loin des kimonos, que la jeune femme se démarque. Mais à ses douze ans, l’envie de quitter les eaux pour rejoindre le monde des arts martiaux est trop forte. Alors elle se lance et rejoint le club de judo de Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne. Il ne lui faudra que quatre ans pour exceller dans la discipline. En 2016, elle décroche le titre de championne de France alors qu’elle n’était que cadette et surtout, qu’elle n’était pas encore ceinture noire.
Mais c’est à Tel-Aviv, lors des championnats d’Europe de 2018, que Romane Dicko se démarque. Qui aurait parié, que la jeune francilienne, 18 ans seulement, aurait pu se démarquer et devenir la meilleure judokate européenne ? Pourtant, Dicko l’a fait, du haut de ses 1,80 m et 98 kg, notre judokate remporte l’or, son premier titre européen individuel. Une performance qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Teddy Riner qui, au même âge, décrochait son premier titre continental (rien que ça !) Mais la comparaison s’arrête là. En effet, Romane Dicko compte bien se faire son propre nom, son propre palmarès, même si « évidemment ce sont des exemples à suivre » a-t-elle déclaré.
Des blessures pour mieux revenir
Mais après les championnats d’Europe, Romane enchaîne les blessures, et doit s’écarter des tatamis pour deux ans, manquant les Mondiaux 2018 et 2019. Elle s’était d’ailleurs confiée au micro de l’Équipe : « Comme je suis montée très tôt, très jeune, très vite, je pense que je n’ai pas eu le temps de construire un corps assez puissant pour assumer le niveau senior. » Mais avec ses deux ans d’arrêt, la française nous le dit, elle s’est forgée, autant sur le plan mental que sur le plan physique : « Normalement, tout va bien désormais, mon corps est assez fort. »
Romane Dicko est donc revenue plus forte que jamais, et ça se voit ! De retour à Tel-Aviv en janvier dernier, la française débute à merveille cette nouvelle saison. En battant la néerlandaise Tessie Savelkouls en 2 minutes 30 chrono, Dicko remporte la médaille d’or et grimpe sur la première place du podium de ce Grand Prix. Mais ce n’est pas fini. À peine un mois plus tard, c’est au Paris Grand Slam que la judokate française fait encore parler d’elle. En quelques minutes, Romane balaye la biélorusse Maryna Slutskaya, en lui infligeant un ippon par makikomi. Romane Dicko signe alors une nouvelle victoire de prestige à six mois des Jeux olympiques.
Les Jeux de Tokyo, un rêve atteignable
« Si je vais aux Jeux, ce n’est pas pour faire de la figuration » avait-elle déclaré au micro de Cnews. Le ton est donné. Romane Dicko prépare les JO et compte bien marquer les esprits. Une médaille olympique, et pourquoi pas en or, pour continuer une saison parfaitement lancée. La française est ambitieuse mais garde les pieds sur terre. Consciente qu’elle revient de blessure, Romane ne veut pas brûler les étapes. Son objectif, déjà bien entamé, est de monter en puissance petit à petit. Pour participer aux JO, la française doit intégrer le top 20 et prendre le meilleur sur ses deux rivales nationales : Julia Tolofua et Anna-Fatoumata M’Baïro. Une belle concurrence. Mais face à sa détermination, rien ne semble pouvoir arrêter
Et preuve de maturité, la judoka a plusieurs cordes à son arc. En même temps que sa carrière professionnelle, Romane prépare une licence de physique-chimie. Consciente qu’elle ne pourra faire du judo toute sa vie, la jeune femme envisage sa vie après sa carrière sportive. Et ce, même si, et nous en avons la certitude, le nom de Romane Dicko sera gravé dans l’histoire du judo français.