Le RC Lens se déplace ce soir à 20h45 au Stade Charléty, pour y rencontrer le Paris FC en clôture de la 27ème journée de Ligue 2. Une rencontre qui fait suite à une semaine agitée du côté de l’Artois, marquée notamment par l’annonce de la suspension de Philippe Montanier et la nomination de son remplaçant, Franck Haise, lundi dernier. Retour sur une crise majeur dont les enjeux dépassent la simple dynamique sportive.
Lens au ralenti depuis la trêve
Quelques jours auparavant l’éviction de son entraineur, le Racing encaissait un cinglant 4-1 devant son public à Bollaert, face à un Stade Malherbe de Caen luttant actuellement pour le maintien en Ligue 2. Cette dernière fait d’ailleurs suite à un autre revers, à Châteauroux (3-2) et à un début d’année 2020 catastrophique, laissant penser que ce RC Lens n’a plus rien d’un prétendant à la montée et que le fond a peut-être été touché à en voir l’attitude apathique des cadres sur le terrain.

Ce revers contre Caen est symptomatique du mal qui ronge les lensois depuis le retour de la trêve. Pourtant leader de Ligue 2 avec 43 points au soir de la 19ème journée, le club artésien n’avance plus (16ème de la phase retour), n’affichant qu’une victoire en 2020 (contre Troyes, 1-0) et reculant ainsi à la 4ème place à égalité avec Clermont. Lens est friable, fébrile, nerveux, pour preuve, sept buts encaissés en deux matchs, deux pénaltys concédés contre Caen et une exclusion de Clément Michelin pour des protestations envers le corps arbitral.
« Notre bilan est largement insuffisant depuis le retour de la trêve, nous n’avons pris que 7 points sur 21 possibles, bien loin des résultats espérés pour un club aux objectifs élevés. Nous espérons avec ce changement réinscrire l’équipe dans une dynamique positive et de façon durable jusqu’à la fin de saison. » explique Arnaud Pouille, directeur général du club.
L’entente collective, clamée par Jean-Louis Leca en décembre, n’apparait plus sur le terrain au contraire des erreurs individuelles et de la multiplication des déchets techniques. En ce sens, Lens ne marque plus malgré les efforts de la recrue hivernale, Corentin Jean. La spirale négative est dès lors totale et Philippe Montanier semble incapable de trouver la solution, alternant un système de jeu en 3-4-3 et 4-2-3-1, sans réussite.
Le départ de Philippe Montanier : Une décision murie ?
Une réaction était donc attendue et si elle ne passe pas par le terrain, elle devait intervenir coute que coute. C’est ainsi que lundi dernier, Philippe Montanier a été évincé du club malgré sa 3ème place au classement. La direction lensoise tente un coup de poker, mais au travers de son discours par la voix de son directeur générale, Arnaud Pouille, elle laisse entendre que Montanier n’était plus l’homme de la situation et ce à plusieurs niveaux.
« Nous avons jugé qu’il fallait procéder à un changement parce que nous avons jugé qu’un ressort était cassé. »
Le timing, à 12 journées du terme de la saison, laisse penser que c’est au pire moment que le Racing Club de Lens a choisi de se séparer de son entraineur. Pourtant le bilan de ce dernier est plus que positif sur le plan comptable. Si on le compare à ses prédécesseurs dans le Nord depuis 2000, avec 1,72 points en moyenne, Montanier possède le meilleur bilan pour un coach du RCL, Ligue 1 et Ligue 2 confondues, devant Francis Gillot (1,57 points). Mais la manière contraste celui-ci. Certes l’ancien coach de la Real Sociedad a redonné une fierté au peuple sang et or, en parvenant en finale de barrage d’accession contre Dijon en juin 2019. Cependant, Bollaert a également grondé à plusieurs reprises à cause du jeu sans saveur prôné par ses joueurs. Dernier exemple en date face à Caen, qui n’est pas sans rappeler les événements du début de saison, lors de la victoire 1-0 contre Châteauroux. Un « séisme populaire » – les ultras refusant de célébrer la victoire avec les joueurs – qui provoqua d’ailleurs une cassure entre le public et ces derniers.
Une interrogation subsiste également quant à leur part de responsabilité dans l’éviction de leur coach. Ils sont certes responsables sur le terrain, mais étaient-ils encore en adéquation avec les idées de Montanier ? Sans le dire ouvertement, à la manière de Cahuzac, les attitudes sur le terrain des dernières rencontres ne trompent pas. Manque de combativité, mentale perfectible, en aucun cas en adéquation avec les objectifs du club.
« Difficile de dire aujourd’hui ce qui a été ou non. A nous, joueurs, de procéder à une grosse remise en question, ce ne sont pas les coaches sur le terrain. »
Enfin, si besoin en est, il est important de rappeler que le Racing Club de Lens a pour objectif de monter « d’ici les deux ans » avait prévenu, Joseph Oughourlian, lors de sa prise de fonction à la tête de la présidence des Sang et Or en.. Juillet 2018. Le calcul est rapide, si le Racing échoue une nouvelle fois, les problèmes économiques et administratifs reviendront rythmer l’intersaison des Sang et Or à l’été 2020.
La suite à donner : La montée est-elle encore possible ?
C’est donc dans un contexte très pesant que la décision a été prise de se séparer de Philippe Montanier. Cependant quelle solution ? « Il y a dans ces cas-là 2 possibilités, soit le choix d’une personne externe au club, soit une promotion interne. Nous avons opté pour la seconde solution ». C’est donc Franck Haise, entraineur de l’équipe réserve depuis 3 ans qui évolue en National 2, qui aura la lourde tâche de finir la saison en remplissant l’objectif de la montée.

Un changement qui en entraine d’autres, Yohan Demont, ancien joueur emblématique des Sang et Or à la fin des années 2000, laisse le groupe U17 Nationaux à Éric Assadourian, pour reprendre les rênes de la réserve. Du côté du staff, Mickael Debèves et le préparateur physique, Stéphane Wiertelak quittent également le club, remplacés notamment par Alou Diarra.
“Je pense que nous allons terminer la saison dans cette configuration pour ne pas ajouter d’autres éléments. Si on doit trouver des solutions pour enrichir périodiquement le staff, ce sera en interne“.
Confirmé par Haise lui-même, le club n’attirera donc pas un élément de l’extérieur pour le seconder ou pour prendre sa place dans les jours à venir, la rumeur Jocelyn Gourvennec ayant été évoquée. Une manière d’assurer une certaine stabilité, dans ce tumulte, avec un élément qui connait le club et qui, par son expérience à la tête de la réserve, pourra ajouter du sang neuf avec des jeunes talents qu’il connait et un discours novateur pour redynamiser un groupe en manque de repère et de confiance. Celui-ci a semble-t-il le profil adéquat en tant que « meneur d’homme » et faisant preuve de pragmatise dans son approche tactique des matchs. Quoi qu’il en soit, la vérité du terrain doit l’emporter, comme semble le faire entendre Yannick Cahuzac,
« Ce sera un match important mais comme le seront les autres. Si on perd lundi et qu’on gagne tous les autres, je signe. Le plus important est d’atteindre notre objectif. Il ne faut pas se focaliser sur un nombre de points et tout jouer pour gagner avant de faire le bilan à fin. Ce sera important mais Orléans et la suite aussi. »
La prise de risque est certaine et l’incertitude et le scepticisme pèsent à l’heure d’aborder la dernière ligne droite du championnat. Le message semble clair, agir avant qu’il ne soit trop tard et rester fixer sur l’objectif de la montée. La rencontre du soir permettra de replacer Lens dans la hiérarchie des prétendants et de donner, ou pas, du crédit à la nomination de Franck Haise.