Chaque semaine, le CCS revient sur un fait marquant de La Liga, en essayant de décrypter les raisons tactico-tactiques de ce phénomène. Ce week-end, après 2 matchs sans victoire, Mallorca, 18e de LaLiga, s’est donné un peu d’air ce week end en battant Eibar (16e) 2-1 à l’extérieur. Et dans ce match, Kubo a marqué. Pour la deuxième fois en trois matchs. Désigné dans l’équipe type de la 27e journée par Mundo Deportivo, le japonais semble lancé, devient décisif. Acheté cet été par le Real, il a été prêté dans la foulée par les madrilène à Mallorca, où ils peuvent garder un oeil sur lui. Mais alors que la fin de saison approche tout doucement, que faire du joueur de 18 ans la saison prochaine ?
Kubo est un jeune joueur très suivi. Son parcours, atypique, attire les regards. Formé au Barca (en U11, le Japonais avait inscrit 74 buts en 30 matchs avec les Blaugrana) jusqu’à 14 ans et non conservé pour des raisons non-sportives (problèmes de transferts de joueurs mineurs), il retourne au Japon. Il évolue alors au Tokyo FC durant plusieurs saisons (et en prêt au Yokohama F. Marinos), ou sa technique hors du commun attire les regards des plus grands clubs Européens. C’est le Real Madrid qui le rapatriera en Europe à l’été 2019, et le prête à Majorque afin qu’il puisse faire ses armes. Les supporters de los bermellones apprennent alors à découvrir un joueur plus qu’enthousiasmant. Très très technique, vraiment plus que la moyenne, il apparaît néanmoins comme un produit brut, à polir, un joueur encore éloigné de son niveau maximum, encore en apprentissage.
Dribbleur fou, petits espaces et fautes subies.
Sur ce qu’on avait déjà vu de lui, et ce qu’il a montré à ses débuts majorquins, Kubo possédait déjà des qualités immenses. Avec sa très grosse accélération, ses changements de rythmes ET de directions, il possède des appuis très solides, très déstabilisants pour ses adversaires. Sa conduite de balle, si proche du pied gauche, ne souffre d’aucun défaut, tant il manie le cuir facilement avec n’importe quelle surface de son pied. Il fait aussi partie de cette caste très rare des joueurs qui vont très vite avec le ballon très près du pied.
Le majorquin, très fort dans la conservation de balle, possède la capacité très simple de conserver le ballon le plus loin possible de son vis-à-vis. Et s’il se trouve entre plusieurs adversaires ? Pas de soucis, il cherche le petit espace pour sortir de là, et s’en sort souvent grâce à son explosivité et sa technique. D’ailleurs, il serait réducteur de réduire sa technique à sa seule force balle au pied. Kubo est un joueur qui aime aussi les coups de pieds arrêtés, où il est très bon, les volées, où il trouve souvent le bon équilibre, dans les gestes techniques, qu’il varie souvent, et enfin sur ses contrôles, ses premières touches de balle lui permettant souvent de très bien s’orienter.

Mais, de suite, on lui voit tout de même quelques limites. Bien qu’il caresse le ballon comme très peu, il le perd souvent par manque de force physique. Cela lui permet d’obtenir beaucoup de fautes, mais pas toujours. Ce manque d’agilité, peut-être de volonté de contourner les adversaires et de résister aux charges lui a beaucoup manqué en début de saison. De plus, de par son exposition médiatique, les défenseurs étaient, d’une part, très dur sur l’homme, d’autre part, arrivaient à contrer facilement le Japonais, ce dernier ne tirant/passant quasiment que du pied gauche. Donc, les défenseurs l’empêchaient souvent d’être décisif. Il était souvent limité dans ses choix, souvent poussé ou taclé par les défenseurs adverses avant même de pouvoir créer la différence. Mais depuis quelques matchs, le majorquin réduit sa marge d’erreur, comprend beaucoup de choses et s’avère plus dangereux.
Progression et compréhension de ses défauts.
Kubo a saisi qu’il devait renforcer son haut du corps pour résister aux charges physiques et pouvoir mener des actions à leurs termes. Il résiste mieux, tout en étant moins prévisible: ses deux buts lors des 3 derniers matchs viennent d’une frappe pied droit emmenée de son pied gauche. Le japonais a aussi progressé tactiquement, surtout sur le pan défensif de son jeu, où il possède désormais une bonne base (retours défensifs, placement dans le bloc bas), même s’il devrai encore progresser.

Le nippon est aussi très intéressant dans son utilisation des espaces. Souvent, il aime se placer dos au but dans les petits espaces, ou, s’il reçoit le ballon, il risque de briller. Certaines fois, il aspire les défenseurs vers lui et créé des espaces, certaines fois, il pourrait apporter différemment. Par exemple, il pourrait apporter encore plus de verticalité, de profondeur, notamment s’il cherche à gagner sa place dans le Real de Zidane un jour. Il sait aussi créer des différences par la passe, mais il ne prend pas toujours la meilleure décision. Ce défaut est peut-être dû au style de jeu en contre attaque de Majorque, où il doit toujours prendre une décision à 180 pulsations minutes.
Mais alors, que faire de Kubo? Le Real doit-il l’intégrer dès l’an prochain? Avec la récente réussite de Martin Odegaard après plusieurs prêts, ou il a successivement franchi des paliers, les merengue risquent de tenter de nouveau cette approche. Idéalement, il faudra prêter Kubo dans une équipe plus joueuse, ou il pourrai travailler d’autres pans de son jeu qu’il ne travaille pas forcément avec Majorque: décisions face au jeu, à un bloc bas, capacité à créer un décalage pour centrer encore plus qu’il ne le fait aujourd’hui, pressing et contre pressing, etc…
Pour l’instant, le japonais n’est pas au niveau Real Madrid. Mais s’il y revient un jour dans la peau d’un titulaire en puissance, on a très hâte de le voir faire son combo râteau pied gauche avec la semelle, passement de jambe pied gauche et crochet extérieur droit si dévastateur…