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“Le jour où…” le GP d’Australie s’est déroulé pour la première fois à Albert Park

Nous avions prévu de vous parler de cet événement, en marge du 1er GP de la saison 2020 de Formule 1, malheureusement la pandémie du COVID-19 s’étend partout dans le monde et elle nous a privée de cette première course, même si la FIA et certaines écuries ont longtemps tergiversé avant de finalement l’annuler pour le bien de tout le monde. Cela étant dit le CCS vous propose de se replonger dans le passé et de revenir sur ce premier GP dans le circuit flambant neuf de l’Albert Park, en 1996.

Le déménagement

Entre 1985 et 1995, le Grand Prix d’Australie se déroulait à Adelaïde (environ 700 km au nord ouest de Melbourne). Lors de la saison 1995, la dernière course de la saison est le GP d’Australie, Damon Hill s’impose devant David Coulthard et Michael Schumacher. Ce dernier est, d’ailleurs, sacré champion du monde de Formule 1 pour la deuxième fois consécutive et le monde de la F1 quitte le pays des kangourous… avant d’y retourner quelques mois plus tard. En effet l’année suivante, le championnat du monde débute en Australie et cette fois-ci, c’est à Melbourne que les écuries posent leurs bagages et plus précisément dans une de ses banlieues, Albert Park. 

Le nouveau tracé est dessiné autour du lac de l’Albert Park, à quelques kilomètres au sud du centre-ville de Melbourne. Malgré son caractère semi-urbain (les glissières ne sont jamais loin), ce nouveau circuit est plutôt rapide et met les moteurs, mais aussi les freins, à rude épreuve. Dans l’ensemble ce nouveau tracé ravit quasiment tout le monde, que ce soit le public, les membres d’écuries ou même les pilotes et cette nouvelle course sera une franche réussite puisque sur tout le week-end, Albert Park accueillera plus de 300 000 spectateurs. 

Vue aérienne du circuit d’Albert Park
(Photo : leblogauto.com)

Essais et qualifications

En ce début de saison 1996 le championnat est remis à zéro et plusieurs questions demeure, qui de Williams-Renault, Benetton-Renault ou Ferrari sera sacré champion cette saison ? Est-ce que le rookie, Jacques Villeneuve réussira ses débuts dans une aussi grosse écurie (Williams) ? Est-ce que le départ de Michael Schumacher de Benetton pour Ferrari sera une réussite ? Mais ce qui inquiète le plus les observateurs, c’est de savoir si Mika Häkkinen, victime d’un accident qui aurait pus lui coûter la vie quelques mois auparavant sera en mesure de retrouver toutes ses sensations. En effet, lors du dernier GP d’Australie, le pilote finlandais perd le contrôle de sa voiture et s’écrase à une vitesse folle contre un mur du circuit, il ne doit son salut qu’à la lucidité et au sang-froid incroyable du professeur Sid Watkins qui réussit à faire repartir le coeur du pilote par deux fois, grâce à une trachéotomie prodigué à même le sol. Le pilote lui-même doute qu’il ait retrouvé tous ses réflexes mais finalement ses premiers temps réalisés lors des séances d’essais libre rassurent tout le monde et Mika Häkkinen est bel et bien de retour.

Le crash de Mika Häkkinen lors du GP d’Asutralie 1995

Les premiers essais peuvent donc débuter et stupéfaction sur le paddock, Jacques Villeneuve réussit les meilleurs chronos lors des essais de familiarisation, le jeudi, il confirme lors des essais libres du vendredi mais également lors de ceux du samedi matin. Il ne fait aucun doute que le jeune canadien n’est pas ici pour rigoler et compte bien aller plus loin. Il va effectivement aller plus loin, puisque le samedi après-midi, lors des qualifications, il décroche la première pole position de sa carrière, pour sa première course (1’32”371”’), il devance son coéquipier, Damon Hill de 13 centièmes (1’32”509”’). Les Williams-Renault montrent d’entrer qu’elles vont être difficiles à aller chercher cette saison. Eddie Irvine réalise un petit exploit sur sa Ferrari en terminant troisième et surtout en devançant son nouveau coéquipier, un certain Michael Schumacher (4e). Mika Häkkinen, de son côté, parvient à prendre une belle 5e place avec sa McLaren-Mercedes. En revanche, il s’agit d’une première qualification très difficile pour Benetton-Renault puisque Jean Alesi ne réalise que le 6e temps et Gerhard Berger, le 7e temps. À noter, également, le 13e temps de David Coulthard sur sa McLaren-Mercedes.

Un départ de course chaotique

Un changement de règle marque cette saison 1996, dorénavant cinq feux rouges s’allument les uns après les autres avant de s’éteindre et à l’extinction des feux les monoplaces peuvent partir. Sous une chaleur étouffante, les 20 voitures sont prêtes à en découdre. Les feux s’éteignent et les fauves sont lâchés, Villeneuve parvient à garder sa première place, en revanche son coéquipier ne résiste pas longtemps à la pression mise par les deux Ferraris et cède finalement, après quelques virages et se retrouve 4e.

Mais le tournant de cette course arrive après quelques secondes de course, en abordant le virage n°3, le peloton se resserre et Jos Verstappen (le père de Max) touche David Coulthard, le britannique croise la trajectoire d’Herbert, ce dernier freine en catastrophe, Brundle qui arrivait lancé à plus de 280 Km/h, derrière, est surpris. Sa monoplace décolle, la McLaren de Coulthard et la Sauber d’Herbert serve de “tremplin” à la Jordan de Brundle, et retombe lourdement avant de faire deux tonneaux et de glisser sur plusieurs dizaines de mètres. La voiture est méconnaissable, mais par miracle Martin Brundle sort de sa voiture sans la moindre égratignure. Le drapeau rouge est instantanément déployé et la course stoppée pendant 25 minutes, le GP va de nouveau pouvoir s’élancer.

Le crash impressionnant de Martin Brundle

David Coulthard en profite pour changer de voiture et prend la voiture de rechange réglé pour son coéquipier, Mika Häkkinen. Herbert, en revanche, ne pourra pas reprendre la course. Malgré son terrible accident, Martin Brundle se dirige au pas de course vers l’infirmerie et ainsi lui permettre de prendre part au second départ. Il obtient l’aval du professeur Sid Watkins, grimpe dans son mulet (voiture de rechange) et peut être présent lors de ce deuxième départ de course.

La victoire de Damon Hill 

Cette fois, Damon Hill parvient à garder sa deuxième place devant Irvine et Schumacher, lors du second tour Irvine laisse passer son coéquipier. Notre cher Martin Brundle, quant à lui, tente de doubler Diniz, au même virage que son terrible accident, survenus quelques minutes auparavant, cette fois le britannique freine trop tard, touche la Ligier du brésilien, part en tête-à-queue et cale son moteur. Cette fois s’en est fini et le pilote Jordan-Peugeot termine un après-midi pour le moins mouvementé.

Au 10e tour de course, Jean Alesi s’impatiente derrière Eddie Irvine et prend l’aspiration sur la Ferrari. Malheureusement pour l’avignonnais, il part de trop loin, le britannique ferme la porte et le tasse contre la bordure. Alesi ne pourra pas continuer la course et abandonne. De son côté Jacques Villeneuve est toujours en tête, malgré la pression mise par Damon Hill et Michael Schumacher, les trois pilotes se tiennent en moins de deux secondes. Le pilote canadien, impressionne par son calme et le sang-froid dont il fait preuve.

Lors du 19e tour, l’arrêt aux stand de Michael Schumacher prend beaucoup de temps (13 secondes), le pilote allemand perd quelques secondes et est relégué à plus de 30 secondes des deux Williams. Au 32e tour, Schumacher se plaint d’un problème de freins, après près d’une minute d’examen, les mécaniciens le laisse repartir… mais deux tours plus tard, ses freins lâche et est contraint à l’abandon.

De leurs côtés les Williams continuent de faire la course en tête, cela étant dit, Damon Hill fait tout son possible pour essayer de dépasser son coéquipier, mais le rookie à la peau dure et réussit à garder le britannique à environ une seconde.

À moins de 10 tours de l’arrivée, Jacques Villeneuve est toujours devant mais quelques volutes de fumées commencent à sortir de la voiture du canadien et Hill se rapproche de plus en plus.

Au 52e tour, la “sentence” tombe, son moteur perd de l’huile et une rupture est à craindre. Lors du tour suivant Williams lui dit indique qu’il doit ralentir pour préserver son moteur et finir la course sur le podium. Damon Hill dépasse, enfin, son coéquipier et s’en va conquérir la première course de la saison. Grâce à une avance très confortable sur le troisième, Eddie Irvine, Jacques Villeneuve parvient à amener sa voiture au bout de la course et obtient une superbe deuxième place pour son premier GP. Même s’il pouvait légitimement espérer une meilleure place sans ce problème moteur. La Ferrari d’Irvine complète le podium, l’autrichien Gerhard Berger, sur sa Benetton termine 4e, Mika Häkkinen obtient une très belle 5e place et l’autre finlandais du plateau, Mika Salo va chercher le dernier point en terminant à la 6e place sur sa Tyrrell-Yamaha.

Le premier podium de l’histoire du GP de Melbourne
(Source : franceracing.fr)

L’après course

Malgré une évidente déception, Jacques Villeneuve est satisfait de ce podium qui permet à Williams d’emblée de faire son trou au championnat du monde des constructeurs :

“Pour l’équipe comme pour moi, c’est important de terminer ce Grand Prix au deux premières places. C’est quand même dommage… Bien sûr, Damon aurait sûrement tenté sa chance mais la victoire était là !”

Jacques Villeneuve

Autre fait marquant, grâce à sa victoire, Damon Hill réussit à rejoindre, en nombre de victoire son père, Graham Hill, avec 14 triomphe en GP de Formule 1, il entre également dans l’histoire en devenant le premier pilote à remporter le Grand Prix de Melbourne.

Damon Hill fêtant son titre à Melbourne
(Source : grandprix.com)

Pour Michael Schumacher, en revanche, il s’agit d’un début compliqué chez Ferrari, même si, lui, se dit satisfait de son premier Grand Prix chez l’écurie italienne. La suite sera bien évidemment plus souriante pour le pilote allemand.

Ce premier Grand Prix de Formule 1, à Melbourne aura tenu toutes ses promesses. Il est désormais, depuis 24 ans, le premier rendez-vous de la saison, que l’on ne pourra malheureusement pas suivre cette année…

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