Impressionnant, déroutant, paralysant. Notre Monde, avec majuscule évidemment, vacille sous les assauts inédits du minuscule, de l’infiniment petit : un virus. Tout ce qui caractérise notre monde occidental et son fonctionnement s’éteint momentanément pour enrayer une épidémie dont on peine encore à voir l’épilogue.
Si les héros de la santé s’adonnent à contrer un ennemi presque invisible, celles et ceux qui occupent nos soirées et nos week-ends tout au long de l’année sont figés comme des statues de sel. Vous le savez, toutes les fédérations sportives ont arrêté leurs championnats pour protéger les athlètes ainsi que les supporters. Une décision logique qui rime avec raison.
Le confinement total de la population n’est pas encore officiel, mais l’allocution du Président de la République prévue ce soir à 20h devrait clore le débat. Avec cette hypothèse plus que probable, nous sommes en droit de nous interroger sur notre dépendance aux sports professionnels et plus largement, au divertissement.
Dans notre monde occidental pacifié et aseptisé, le divertissement des masses est devenu l’attraction principale nous permettant de rompre avec l’ennui, de nous échapper et de nous identifier. Au premier rang peut-être, du moins en termes de personnes touchées, le sport et ses effusions d’émotions. Vibrant et glaçant, le sport nous procure des sensations variées, allant du rire aux larmes, des embrassades aux engueulades. Du ballon aux journalistes, en passant par les joueurs, les parieurs, les entraîneurs et tant d’autres, le sport est devenu une nébuleuse immense aux multiples connexions, comme un système nerveux. Et au bout de ce système, il y a nous. Nous spectateurs, fans, partisans, nous nous retrouvons orphelins. Le vide est bien évidemment justifié. Mais il est difficile pour nous de concevoir que ce vide serait une sensation que le sport nous procurerait un jour. Et pourtant, dès ce week-end, combien d’entre nous se sont retrouvés seul sur leur canapé à chercher une compétition en direct pour assouvir notre besoin de sport ? Beaucoup, énormément.
Notre dépendance affective aux sports est immense. Heureusement, nous pourrons toujours nous tourner vers les jeux vidéo qui peuvent à la fois nous fournir notre dose de performance en live et notre lot de compétition acharnée. Mais dans tous les cas, le constat est sans appel : les sports sont paralysés et nous aussi, par la même occasion. Des sports symbolisant le divertissement des foules mondiales, parfaitement imbriqué dans un grand tout, une globalisation aux allures de colosse aux pieds d’argile. Comme les marchés, les sports se relèveront. Et si nous devions positiver cet événement si particulier, nous pouvons nous dire que les différentes saisons seront historiques et leurs dénouements littéralement inédits. Même à l’arrêt, les sports nous procurent des sensations.
Paradoxalement vôtre.
Ben.
Image de couverture : New York Post