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Le jour où… les Gunners sont devenus invincibles !

15 mai 2004, lors de la dernière journée de Premier League, Arsenal, déjà sacré champion, accueille sur son terrain, à Highbury, une équipe de Leicester City déjà reléguée. Au terme d’un match globalement maîtrisé, les Gunners s’imposent deux buts à un, grâce à des réalisations signées Thierry Henry (47e, s.p) et Patrick Vieira (66e). Les hommes d’Arsène Wenger peuvent enfin célébrer leur titre comme il se doit, dans leur stade et devant près de 40 000 spectateurs. Mais ce qui va faire entrer cette équipe d’Arsenal définitivement dans la légende, c’est un exploit unique, ou presque, dans l’histoire de la première division anglaise. En effet, les coéquipiers de Thierry Henry viennent de terminer le championnat sans la moindre défaite. Il faut remonter à la saison 1888/1889 pour voir pareille performance, cette dernière fut réalisée, à l’époque, par Preston North End, lors de la toute première saison de première division anglaise de l’histoire. C’est dire l’ampleur de l’exploit réalisé par la bande à Wenger, dans un championnat avec plus d’équipes et bien plus concurrentiel qu’en 1889. Le CCS vous propose de retracer l’un des plus grands exploit du football moderne.

Une saison 2002/2003 à oublier

Depuis l’arrivée sur le banc des Gunners, d’Arsène Wenger, à l’automne 1996, une lutte féroce pour le titre fait rage entre Arsenal et Manchester Utd. Titré en 1997, 1999, 2000 et 2001, les mancuniens domine ce face-à-face puisque les Gunners ont remportés le titre en 1998 et 2002. La saison 2002/2003 débute donc, une nouvelle fois, avec un duel au sommet entre Red Devils et Gunners pour le gain de cette Premier League. Les joueurs d’Arsenal prennent rapidement la tête du championnat et entament l’année 2003 à la première place du classement.

Malheureusement, pour ces derniers, la deuxième partie de saison sera moins réussi et les joueurs de Sir Alex Ferguson vont en profiter. À l’issue d’une deuxième partie de saison quasi parfaite de la part des mancuniens, ces derniers coiffent au poteau le club londonien et remportent une nouvelle fois le championnat.

Cette expérience malheureuse va sur motiver les joueurs d’Arsenal pour la saison suivante et l’idée de faire une saison invaincu avait déjà germée dans l’esprit de l’entraîneur alsacien en début de saison 2002/2003 – ce qui lui a probablement coûté le titre – et cette idée ne l’a pas lâché. Arsène Wenger était conscient du potentiel de son effectif et sentait qu’il était capable d’inscrire cette équipe dans la légende du championnat :

“Je savais que j’avais une équipe spéciale en 2003/2004 à Arsenal. Mon rêve a toujours été d’arriver à finir une saison sans perdre un match, bien que ce ne soit pas une ambition normale. Ce qui fait que c’était une aspiration si spéciale, c’est parce que je m’efforçais d’atteindre la perfection. La saison précédant les « Invincibles », j’avais dit à mes joueurs que l’objectif idéal était de terminer une saison en étant invaincus.”

Arsène Wenger

La “bataille de Manchester”, un tournant décisif

Le mercato estivale qui suit cette “déconvenue” sera assez calme; Jens Lehmann arrive en provenance du Borussia Dortmund (3,5 M€) pour remplacer l’emblématique gardien anglais, David Seaman, partis du côté de Manchester City. Cesc Fabregas, Philippe Senderos et Gaël Clichy font également leurs arrivées.

Le début de saison des Gunners est presque parfait, après cinq matchs, Arsenal comptabilise quatre victoires et un nul avant de se déplacer à Old Trafford pour y affronter son rival, Manchester United. Ce match va marquer un point de bascule pour la suite de la saison des deux équipes. Le match est extrêmement fermé, avec peu d’occasions de part et d’autres, la tension est palpable et à la 80e minute, lors d’un duel aérien, Ruud van Nistelrooy s’emporte et bouscule violemment Patrick Vieira, ce dernier rétorque en essayant de lui asséner un coup de pied. Résultat, bagarre générale, carton jaune pour le néerlandais et carton rouge pour le capitaine des Gunners. Ce match va définitivement basculer dans la légende et être baptisé “the battle of Manchester” quand à la dernière minute du match Diego Forlan est accroché dans la surface londonienne, par Martin Keown. Ruud van Nistelrooy prend le ballon et s’élance… sa frappe s’écrase sur la barre de Jens Lehmann et Stephen Bennett, l’arbitre de la rencontre, siffle la fin du match. Les joueurs d’Arsenal jubilent et tancent avec insistance le buteur néerlandais. C’est le point de départ d’une saison hors du commun.

« The battle of Manchester »

Un titre remporté à White Hart Lane

Suite à ce match qui est entré dans l’histoire, Arsenal déroule face à trois adversaires coriaces : Newcastle (victoire 3-2), Liverpool (victoire 2-1) et Chelsea (victoire 2-1) et est désormais lancé vers la conquête du titre mais également vers la quête “ultime” d’Arsène Wenger.

Le 10 janvier 2004, Arsenal s’impose 4-1 face à Middlesbrough (grâce à des buts de Thierry Henry, Fredrik Ljungberg, Robert Pirès et Franck Queudrue contre son camp) et c’est à partir de ce moment-là que le club londonien s’empare seul de la tête du championnat et plus rien ne pourra l’arrêter, comme le soulignait Pascal Cygan :

“Tout tournait en notre faveur cette saison-là. On avait un groupe de très grande qualité avec des internationaux en poste. […]  Rien ne pouvait nous arriver. On ne pouvait pas perdre, on faisait au pire match nul.”

Pascal Cygan

Nous ne pouvons pas vraiment donner tort au défenseur central français tant le XI type le plus souvent aligné par Arsène Wenger était un savant mélange d’expérience, de vitesse, d’intelligence et de vice (Lehmann – Lauren, K. Touré, Campbell, A. Cole – Vieira, Gilberto Silva – Ljungberg, Pirès – Bergkamp, Henry). Le banc était également très fournis et apportait l’insouciance et la jeunesse qui manquait dans le XI avec des joueurs comme Fabregas, Clichy, Reyes ou Aliadière mais également d’autres “vieux briscards” comme Wiltord, Keown, Parlour, Kanu ou Cygan. Malgré cette armada, on sent les hommes d’Arsène Wenger de plus en plus fébriles à l’orée du mois de mars et les matchs deviennent de plus en plus durs à remporter. Cela dit, les Gunners continuent d’engranger les points sans la moindre défaite et les matchs retour contre Manchester United (1-1) ou Liverpool (victoire 4-2) en sont de parfaits exemples, au terme de matchs âpres et acharnés, les coéquipiers de Patrick Vieira parviennent à garder leur invincibilité.

Le 25 avril, à cinq journées du terme, Arsenal est toujours invaincus et est déjà sacré champion suite à la défaite de Manchester Utd face à Liverpool, la veille. Les hommes d’Arsène Wenger mènent déjà 2-0 au bout de 35 minutes grâce à ses frenchies Patrick Vieira et Robert Pirès. La deuxième mi-temps est plus à l’avantage des Spurs et Jamie Redknapp réduit le score à l’heure de jeu avant de Robbie Keane, à la 90e+4 sur penalty n’égalise. Les joueurs et supporters de Tottenham jubilent et célèbrent ce match nul… mais les vrais champions sont ceux d’en face et les Gunners peuvent célébrer leur titre sur la pelouse du rival honni, White Hart Lane.

Un record toujours inégalé 

À ce moment de la saison, il ne reste plus que quatre matchs, quatre finales pour aller chercher ce Graal qu’Arsène Wenger cherche depuis si longtemps. L’avantage (si on peut dire) c’est que les Gunners sont éliminés de toutes les autres compétitions et peuvent rester focus sur ces quatre matchs. L’inconvénient, qui n’est pas à négliger, la pression mise par la presse, les supporters, le coach est telle, que les joueurs peuvent flancher a n’importe quels moments.

Les matchs nuls face à Birmingham, à domicile (0-0) et Portsmouth (1-1) vont dans ce sens, cela dit Arsenal parvient à garder son invincibilité. Finalement, après deux dernières victoires face à Fulham (1-0) et donc face à Leicester (2-1) Arsenal réussit l’exploit de réaliser une saison sans perdre le moindre match. Les “Invincibles” sont nés !

Les joueurs d’Arsenal fêtant le 13e et dernier titre de l’histoire du club
(Photo : football.london)

Près de 16 ans après, désormais, aucun autre club n’a réussi pareil exploit en Angleterre (en Italie, la Juventus Turin a également réussi à faire une saison sans défaite, en 2012). Malgré toutes les superbes équipes qui ont été championnes ces dernières années que ce soit le Chelsea de Mourinho, le Man. Utd de Ferguson, le Man. City de Guardiola ou le Liverpool de Klopp, aucune n’a réussi. Même si ce record tombera forcément un jour…

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