L’édition 2020 du Tournoi des VI Nations a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire actuelle, mais elle a tout de même permis aux Français de découvrir une jeune sélection prometteuse et talentueuse. Après 3 premiers matchs victorieux, le public s’est mis à rêver d’un nouveau sacre, moyen d’enterrer de longues années de médiocrité et d’infortune. Le rugby français a pu compter par le passé sur des générations fortes, menées par des joueurs renommés, qui ont porté le XV de France vers le succès. Le dernier en date, c’était il y a 10 ans jour pour jour.
Parmi les acteurs de ce Tournoi, on retrouve quelques grands noms du rugby français : Yannick Jauzion, Aurélien Rougerie, William Servat, François Clerc, ou encore l’historique capitaine, Thierry Dusautoir. Piloté par Marc Lièvremont, le XV de France espère faire mieux que l’année passée. En 2009, les Bleus n’avait pu décrocher mieux qu’une troisième place après des défaites contre les Irlandais et les Anglais. Remontée, l’Équipe de France l’était. Et ce sont les Écossais qui en ont fait les frais en premier. Le 7 février 2010, le XV tricolore se rend à Murrayfield pour entamer son Tournoi. Contrairement à ce que l’on a pu voir cette année, les joueurs du XV du Chardon n’ont pas inquiété de solides français. Grâce à deux essais de Mathieu Bastareaud, la France s’impose 9-18.
Vient ensuite le premier choc de cette édition 2010 pour les Bleus : la réception de l’Irlande, tenante du titre. Mais là encore, les Bleus sont imbattables. Servat, Jauzion puis Poitrenaud inscrivent un essai ; Parra assure au pied puis Michalak crucifie les Irlandais. La présence de la légende Ronan O’Gara ne suffit pas, puisque le buteur irlandais n’inscrit que 5 petits points ; pire encore, Brian O’Driscoll ne marque pas le moindre point. Devant près de 80 000 spectateurs, la France fait tomber le précédent vainqueur avec la manière. Le Stade de France fête ses joueurs et commence à entrevoir une possible victoire finale, mais il reste encore de gros morceaux à faire tomber : rien n’est joué.

Le match suivant est plus compliqué face aux Gallois, et ce malgré un récital en première période. A la pause les Français compte 20 points d’avance (0-20) grâce à des essais d’Alexis Palisson et François Trinh-Duc et les points au pied de Morgan Parra toujours impeccable. Les Gallois reviennent avec d’autres intentions devant leur public en seconde mi-temps mais les Bleus finissent tout de même par s’imposer 20-26 au Millenium Stadium de Cardiff. Il ne reste plus que l’Italie et l’Angleterre à affronter et les Bleus se prennent à rêver d’un Grand Chelem désormais plus qu’accessible.
Le 14 mars, c’est donc l’Italie qui se présente au Stade de France, deux semaines après avoir battu l’équipe d’Écosse 16 à 12 à Rome. La Squadra Azzura pourra-t-elle faire tomber le voisin français ? Non. Très rapidement, les dés sont jetés. Imanol Harinordoquy lance le festival bleu, suivi par deux fois par David Marty. A la pause, la France mène 22-3. Le retour des vestiaires n’est pas plus convaincant pour les Italiens ; Marc Andreu, Yannick Jauzion et Alexandre Lapandry marquent à leur tour et portent le score à 46 à 6, bien aidés par l’imperturbable Morgan Parra. Mais en fin de match, les Français se déconcentrent et l’Italie revient à 46-20, score final de ce match prolifique. La France enchaîne un quatrième succès en autant de matchs et se rapproche du Grand Chelem.

Il reste un dernier match, et pas des moindres : le Crunch. Ce match aurait pu être décisif pour les Bleus, mais avant même le coup d’envoi, le XV de France est assuré de remporter la compétition grâce à la victoire écossaise sur l’Irlande (20-23). Couronnés, les Bleus affrontent le XV de la Rose pour décrocher leur neuvième Grand Chelem, le dernier remontant à 2004. Dans un match terne, la France n’inscrit pas un seul essai mais passe 12 points au pied grâce à Morgan Parra et François Trinh-Duc. C’est 2 de plus que les Anglais. La France l’emporte 12-10 au Stade de France et peut laisser exploser sa joie : le Grand Chelem est dans la poche. Les célébrations sont belles au Stade de France, et le public explose lorsque Thierry Dusautoir brandit fièrement le trophée. 10 ans plus tard, il ne reste plus que des souvenirs, si lointains. Si quelques joueurs de cette équipe sont encore en activité, il n’en reste plus aucun dans l’effectif actuel du XV de France. Le renouveau opéré par Fabien Galthié paiera-t-il? Il semblerait que oui…
Depuis 2010 et ce fameux Grand Chelem, la France cherche à retrouver le goût de la victoire. Même si l’édition 2020 du Tournoi a été emballante, les Français n’ont que peu de chances de l’emporter à cause de leur défaite en Ecosse. Les derniers matchs se joueront en octobre, l’effervescence de ce début d’année sera retombée, et les Anglais affronteront l’Italie, éternel maillon faible de la compétition. Toutefois, c’est bien cette année que le rugby français a découvert ses idoles de demain. N’Tamack, Dupont, Aldritt, Ollivon… La bande de Fabien Galthié a montré de belles choses malgré une jeunesse évidente. Jusqu’où cette génération peut-elle aller ? Gagnera-t-elle le Tournoi un jour ? Sera-t-elle capable de réaliser le Grand Chelem dès l’an prochain ? Les rêves sont permis.