Notre chère Ligue 1 est un championnat souvent raillé ou décrié (parfois à raison), mais il n’en demeure pas moins que ce championnat est unique en son genre et s’il n’est pas hyper spectaculaire, au fond de nous, nous y sommes toutes et tous attachés. Au regard de la carrière de certains joueurs, nous pouvons également nous poser la question pour les joueurs. En effet, depuis l’arrêt Bosman (1995), beaucoup de joueurs de Ligue 1 s’exportent aux quatre coins de l’Europe (et plus loin encore), pour le meilleur… et souvent pour le pire. Le CCS vous propose une série d’article, concernant les joueurs de Ligue 1 qui ont eu du mal à s’exporter hors de nos frontières. Après avoir traité la période s’étalant de 2015 à 2020, il y a quelques semaines, aujourd’hui nous continuons avec la période 2010/2015.
Avant-propos : Afin de réaliser cet article, nous n’avons pris en compte que des joueurs ayant joués à l’étranger entre 2010 et 2015 et ayant réalisés de bonnes performances en Ligue 1 sur la même période (la saison 2009-2010 est prise en compte).

David Ospina (Gardien) :
Arrivé du côté de Nice en juin 2008 pour remplacer Hugo Lloris (partis à Lyon), le gardien colombien devient rapidement le nouveau chouchou du public azuréen. Entre 2008 et 2014 il participe à 199 rencontres avec le GYM et devient une référence à son poste en Ligue 1. Après une belle saison 2013/2014, où les aiglons accroche l’Europe en terminant 4e du championnat et une coupe du monde très réussi où la Colombie, atteint les quarts de finale, Arsène Wenger et Arsenal s’offre les services du gardien niçois pour environ 4 M€. Sa saison 2014/2015 est plutôt mitigé, après une première partie de saison passée sur le banc à regarder jouer Wojciech Szczesny, le colombien parvient à gratter du temps de jeu en deuxième partie de saison et malgré quelques bons matchs, il ne réussit pas à convaincre Arsène Wenger. L’été suivant, Petr Cech fait son arrivée du côté de Londres et cela met déjà presque fin à la période londonienne du gardien colombien. Aujourd’hui, David Ospina est sous contrat avec Naples, et se dispute une place de titulaire avec le jeune gardien italien, Alex Meret.
Julien Faubert (Arrière droit) :
Connus pour avoir marqué un but lors de sa seule sélection en Équipe de France, le 9 août 2006, mais également pour son passage au Real Madrid, de janvier à juin 2009, où il n’aura joué que 52 minutes, Julien Faubert est avant tout un latéral/milieu droit de talent qui n’aura connus qu’un seul club en Ligue 1, les Girondins de Bordeaux. Après un premier passage du côté des Girondins, entre 2004 et 2007, plutôt réussi, le joueur né au Havre revient à Bordeaux en 2013 après plusieurs saisons marquées par les blessures, les méformes, les prêts et la relégation à West Ham. Lors de ce second passage, Julien Faubert prend part à 62 rencontres, inscrit 3 buts, retrouve un niveau digne de ce nom et devient la doublure de Mariano. Il fait partie de l’équipe qui remporte la Coupe de France en 2013. Après son départ en 2015, Faubert a pas mal bourlingué (Écosse, Finlande, Indonésie) avant de revenir en France, à Fréjus Saint-Raphaël en National 2, l’année dernière.
Taye Taiwo (Arrière gauche) :
Le latéral gauche nigérian débarque en janvier 2005 du côté de la cité phocéenne, il s’impose rapidement et devient assez vite une référence à son poste en Ligue 1. Durant son passage à l’OM, le latéral garnira son armoire à trophée. En effet il remporte en 2005 la feu Coupe Intertoto et surtout en 2010 il fait partie de l’équipe championne de France, vainqueur de la Coupe de la Ligue et du Trophée des Champions. L’année suivante il remporte une nouvelle fois la Coupe de la Ligue. En fin de contrat, en 2011, Taiwo décide de signer à l’AC Milan. Malheureusement, il se blesse d’emblée et n’entre plus dans les plans de Massimiliano Allegri. Il sera ensuite prêté au Queens Park Rangers et au Dynamo Kiev… sans succès. Après deux saisons cauchemardesques, le nigérian rejoint le club turc de Bursaspor. Sa première saison en Turquie est plutôt correcte mais il ne prend part à aucun match lors de sa deuxième saison. Après avoir pas mal voyagé (Finlande, Suisse, Suède), Taye Taiwo joue aujourd’hui à bientôt 35 ans, à RoPS, en Finlande.

(Photo : Footmercato)
Adil Rami (Déf. central) :
Après s’être révélé avec le LOSC à la fin des années 2000 et au début des années 2010, en faisant, notamment, le doublé coupe-championnat, en 2011, Adil Rami devient rapidement un joueur majeur en Équipe de France et forme avec Phillipe Mexès la charnière central de Laurent Blanc, en EDF. Suite au doublé avec Lille, le natif de Bastia s’engage lors du mercato estivale à Valence. Après un début de saison de très haut niveau, Unai Emery n’hésite pas à en faire un titulaire indiscutable. Ceci étant, ses performances vont vite se dégrader et il va également vite devenir un indésirable du côté de Valence. En 2013, il est prêté au Milan et retrouve son ex compère de l’Équipe de France, Phillipe Mexès. Après deux saisons délicates du côté de la Lombardie, Sinisa Mihajlovic (le nouvel entraîneur) décide de s’en séparer. Finalement, lors du mercato estivale 2015, Rami retourne en Espagne, au FC Séville. Il remporte l’Europa League la même saison et retrouve son meilleur niveau. Après un passage remarqué à l’OM, entre 2017 et 2019 et un autre du côté de Fenerbache. Rami est sous contrat aujourd’hui avec le FK Sotchi, en Russie.
Mamadou Sakho (Déf. central) :
Grand espoir du football français, Mamadou Sakho est rapidement mis sur le devant de la scène au PSG et devient même le plus jeune capitaine de l’histoire du club, à seulement 17 ans. L’arrivée de QSI à la tête du club parisien va peu à peu le pousser vers la sortie et les arrivées successives d’Alex et de Thiago Silva ne vont pas arranger les choses. Le 2 septembre 2013 il quitte son club de coeur et s’engage à Liverpool. Malgré une très belle saison de la part du club de la Merseyside (Liverpool termine 2e et passe tout proche du titre), le défenseur central français ne joue qu’une quinzaine de matchs en Premier League. La saison suivante sera du même acabit, il ne joue que 16 matchs de championnat. Depuis 2017 Mamadou Sakho joue à Crystal Palace même si les blessures l’empêchent de réussir à enchaîner les matchs.
Alou Diarra (Milieu défensif) :
Finaliste de la Coupe du Monde 2006 avec l’Équipe de France, champion de France 2007 avec l’Olympique Lyonnais et 2009 avec les Girondins de Bordeaux en étant capitaine, Alou Diarra peut également ajouter à son palmarès deux Trophées des Champions (2008 et 2009) avec les Girondins ainsi qu’une Coupe de la Ligue avec l’Olympique de Marseille, en 2012. Valeur sûre à son poste, en Ligue 1, il quitte notre cher championnat, en 2012, pour rejoindre West Ham. Là-bas, il ne joue que 14 petits matchs en deux saisons (il est prêté à Rennes, au mercato hivernal 2013) et ne réussis pas à s’imposer en Angleterre. En 2014, sans club, il est s’engage en Championship, à Charlton, où le niveau du championnat lui permet de faire bonne figure. Après une dernière saison à Nancy, en 2016-2017, Alou Diarra prend sa retraite.
Kim Källström (Milieu central) :
Milieu de terrain talentueux, à Rennes, Kim Källström s’engage en 2006 avec l’Olympique Lyonnais et forme avec Toulalan et Juninho un trio gagnant dans le coeur du jeu du club rhodanien. Avec l’OL, il remporte deux titres de champions de France (2007 et 2008) et devient l’un des joueurs les plus utilisés durant l’ère Claude Puel. En 2012 et après six saisons passées au club, il quitte Lyon pour rejoindre le Spartak Moscou. En Russie, le milieu de terrain suédois joue, marque quelques buts, mais son influence naturelle au milieu se fait moins ressentir et au mercato hivernal 2014 il est prêté… à Arsenal. Cela aurait pu être une superbe occasion pour lui de se montrer, mais il arrive du côté de Londres blessé et ne prend part qu’à quatre petits matchs sur les six derniers mois de la saison. Il remporte tout de même une F.A Cup avec les Gunners. Après deux saisons en Suisse, au Grasshopper de Zurich et une pige à Djurgardens en 2017, Kim Källström prend sa retraite.

(Photo : Zimbio.com)
Yann M’vila (Milieu central) :
Yann M’vila représente peut-être le mieux cette idée de joueurs qui n’ont pas réussis hors de la Ligue 1. Après des débuts précoces et fracassants avec le Stade Rennais, lors de la saison 2009/2010, le jeune milieu de terrain est appelé par Raymond Domenech dans une liste élargie, pour la Coupe du Monde 2010. Après la débâcle de Knysna, Laurent Blanc est nommé sélectionneur de l’EDF et fait de Yann M’vila, l’un de ses hommes de base de son 4-3-3. Après deux nouvelles saisons pleines avec le club bretons, M’vila est transféré, en janvier 2013 au Rubin Kazan. Son temps d’adaptation en Russie est long et il ne parvient pas à retrouver son meilleur niveau. Il est prêté à l’Inter Milan, lors de la saison 2014/2015 mais rien y fait, au bout de six mois il retourne en Russie. Après un nouveau prêt (à Sunderland) et deux nouvelles saisons avec le Rubin Kazan, M’vila retrouve la Ligue 1 en janvier 2018 et atterri à Saint-Étiennne, club où il a réussi à retrouver un niveau plus en adéquation avec son talent aperçus, à Rennes, il y a quelques années.
Gervinho (Ailier droit) :
Comme Adil Rami, Gervinho a profité de la saison exceptionnelle du LOSC en 2010/2011 pour se montrer aux yeux de l’Europe. En juillet 2011 après plusieurs semaines de négociations, c’est Arsenal qui rafle la mise et attire l’ailier ivoirien dans ses filets pour une somme avoisinant les 12 M€. Si les débuts de l’ex manceau sont plutôt encourageants du côté de l’Emirates (malgré un carton rouge reçu lors de son premier match), les fans vont vite commencer à en attendre plus de lui et malheureusement pour l’ivoirien la marche était sans doute trop haute pour lui. Après deux saisons, 63 matchs disputés et “seulement” 11 buts inscrit, Gervinho quitte Arsenal et rejoint l’AS Rome. En deux saisons du côté de la Roma, Gervinho réussira à faire mieux qu’en Angleterre sans pour autant atteindre le niveau que beaucoup lui prédisait après sa saison extraordinaire avec le LOSC en 2010/2011. Depuis 2018, l’ailier est sous contrat avec Parme.
Rémy Cabella (Ailier gauche) :
Formés à Montpellier, le jeune milieu offensif est prêté lors de la saison 2010/2011 à Arles-Avignon. Après une saison prometteuse, il revient du côté de la Mosson et fait partie de l’équipe championne de France 2012 en participant à 29 matchs cette saison là. Les deux saisons suivantes ne font que confirmer le talent et le potentiel du jeune corse, inscrit 21 buts et délivre 11 passes décisives lors de ces deux saisons. Le 13 juillet 2014, il s’engage avec Newcastle pour environ 10 M€. Malgré le soutien du club et de l’entraîneur (Alan Pardew), Cabella ne parvient pas à s’acclimater à l’Angleterre et termine la saison avec seulement un but et deux passes décisives. Un bilan trop maigre qui incitera le club anglais à s’en séparer. Il sera alors prêté à l’Olympique de Marseille. Après quelques saisons à Marseille et Saint-Étienne, Rémy Cabella joue désormais au FK Krasnodar, en Russie.
Marouane Chamakh (Avant-centre) :
Marouane Chamakh est un autre symbole de ces joueurs talentueux et performant en Ligue 1 qui n’ont pas réussi à franchir le cap à l’étranger. Après six saisons pleines avec son club formateur, les Girondins de Bordeaux, un titre de champion de France, en 2009 et 90 buts inscrit sous la tunique frappée du scapulaire, le buteur marocain décide de franchir la Manche et de rejoindre le club londonien d’Arsenal. Ses six premiers mois sont vraiment bons et l’ex bordelais enchaîne les buts… avant le retour de blessure de Robin van Persie. Une fois le retour de la star néerlandaise, Chamakh va commencer à chauffer le banc et finira même par jouer la plupart de ses matchs avec la réserve. Après deux saisons de calvaires, l’attaquant marocain croit enfin sortir du tunnel. En effet, le 12 août 2013, il rejoint Crystal Palace, mais chez les Eagles il ne jouera pas beaucoup plus malgré quelques bons matchs. Il termine sa carrière en 2016, à Cardiff City.

Une nouvelle fois nous pouvons constater que la Premier League est une destination très délicate pour les joueurs de Ligue 1. Sur les 11 joueurs de cette équipe, 7 n’ont pas réussi à s’imposer en Angleterre et seul Adil Rami n’y a pas joué. La puissance financière qui s’est accrue dans les années 2010 en est l’un des facteurs les plus importants. Les plus “petits” clubs pouvant se permettre de donner des salaires démentiels à de jeunes joueurs ou des joueurs pas assez préparés.