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C'était le… 22 mars 2008 : Fabian Cancellara remportait Milan-San Remo

En cette période d’arrêt des courses cyclistes, le CCS a choisi de vous plonger dans l’histoire de ce sport. Aujourd’hui, nous revenons sur la victoire du suisse Fabian Cancellara lors de Milan-San Remo 2008.

Fabian Cancellara est un des très grands coureurs de classique de ce début de siècle. En 2008, le rouleur suisse va sur ses 27 ans et est à un moment charnière de sa carrière. Caractérisé comme un très grand rouleur, Spartacus (comme on le surnomme) a faim de grands succès. Il sort d’une belle saison 2007 où il a été pour la seconde fois consécutive champion du monde du contre-la-montre et a brillé lors du dernier Tour de France. Déjà maillot jaune lors de sa première participation à un grand tour en 2004, il a une nouvelle fois empoché la tunique de leader au terme d’un prologue. Mais c’est lors de la troisième étape en ligne longue de 236,5 kilomètres entre Waregem et Compiègne que le suisse va surprendre le peloton. Alors que tout le monde s’attend à un sprint massif, le suisse de la Team CSC, pas rassasié, attaque de manière fulgurante à la flamme rouge. Une attaque pleine de force et de puissance, qui désorganisera le peloton. Il ne sera jamais rattrapé et s’imposera devant le quintuple vainqueur du maillot vert Eric Zabel et l’italien Danilo Napolitano.

La chevauchée fantastique menant à la victoire de Fabian Cancellara lors de la 3e étape du Tour de France 2007.
Cancellara remporta son unique étape en ligne sur le Tour de France.

Pour 2008, Cancellara a divers d’objectifs en ligne de mire, des classiques flandriennes à des victoires d’étapes sur la grande boucle avec comme point d’orgue les Jeux Olympiques. Le suisse sort d’une campagne de flandriennes décevantes lors de sa dernière saison. Après des résultats encourageants de 2004 à 2006, couronné par une victoire durant Paris-Roubaix 2006 devant son futur grand rival de classique Tom Boonen et Alessandro Ballan, le suisse n’a pas fait mieux qu’une 19e place sur l’enfer du nord durant la campagne 2007. Il entame donc la saison 2008 avec un esprit revanchard sur les courses d’un jour. Et Spartacus ne va pas attendre le mois d’Avril pour s’illustrer. Dès le mois de Mars, il remporte un Tirreno – Adriatico dont il était favori avec le choix des organisateurs de ne pas mettre d’étape de montagne.

Arrive alors Milan-San Remo, la première grande classique du calendrier World Tour. Cette épreuve se déroulant en Italie est longue de 298 kilomètres, ce qui en fait la plus longue course professionnelle du monde. Contrairement à un autre monument italien, le Tour de Lombardie, cette course est réservée aux sprinteurs du fait de son parcours particulièrement plat. Mais cette course est loin d’être facile. Après plus de 270 km, les coureurs enchaînent les côtes de la Cipressa et du Poggio durant les 25 kilomètres, qui sont montés rapidement et donnent lieux aux attaques des plus téméraires. Pour cette 99e édition, nous retrouvons donc un joli plateau de sprinteurs. De nombreux anciens vainqueurs sont présents comme Eric Zabel (2000,2001), Oscar Freire (2004,2007), Alessandro Petacchi ou encore Filippo Pozzato (2006).

Cette 99e édition de Milan-San Remo ne sera pas comme les autres. Pour cause de travaux et pour la première fois en 59 ans, la traditionnelle Via Roma, ligne d’arrivée mythique de la course ne donnera pas lieu au couronnement du vainqueur. La finale de cette course se fera au Lungomare Italo Calvino. Comme à son habitude, la grande bataille commence dans la dernière ascension. Et c’est la Liquigas de l’italien Pozzato qui mène à vive allure le peloton. Dans le Poggio, Alessandro Bertolini attaque en étant suivi par plusieurs coureurs dont Philippe Gilbert, Oscar Freire, Filippo Pozzato et ce diable de Fabian Cancellara. On retrouve après cette escalade du Poggio un groupe d’une quinzaine de coureurs à l’avant de la course. C’est alors à l’entrée de San Remo qu’en contrant le basque Landaluze, Cancellara partit comme un boulet de canon. Les poursuivants, mal organisés, ne le reverront jamais. Après plus de sept heures de course, le suisse s’impose donc avec quatre secondes d’avance devant Pozzato et Gilbert. Il remporte quelques jours après ses 27 ans le premier monument de sa carrière. Et de quelle manière ! Cancellara est l’un des rare coureurs à avoir su s’imposer en solitaire (Andrei Tchmil avait réalisé cet exploit en 1999) sur cette course se finissant  souvent en petit comité.


Cancellara victorieux en solitaire sur cette 99e édition de Milan-San Remo. (Photo : Sirotti)

Ses qualités de rouleur, sa puissance et la tergiversation de ses adversaires ont forgé ce succès qui sera fondateur dans la carrière du suisse. Plus tard dans la saison, Fabian finira 2e de Paris – Roubaix, victorieux d’un contre-la-montre sur le Tour de France (après le déclassement pour dopage de Stefan Schumacher) et attendra surtout son objectif ultime. Le 13 aout 2008, le suisse devient champion olympique de sa spécialité, le contre-la-montre. Il remporta sa première médaille d’or (en 2016, il deviendra de nouveau champion olympique de la discipline pour la dernière saison de sa carrière) quelques jours après avoir  décroché l’argent lors de l’épreuve en ligne remporté par Samuel Sanchez.

Cancellara en jaune, une image devenue habituelle au fil du temps sur le Tour de France.

Au cours de sa carrière, Spartacus a remporté de nombreuses grandes courses d’un jour comme Paris-Roubaix (2006,2010,2013), Milan-San Remo (2008), le Tour des Flandres (2010,2013,2014). Le suisse a aussi remporté 8 étapes sur le Tour de France, porté le maillot jaune durant 6 Tour de France et est le coureur ayant revêtu le plus de fois la tunique de leader de la grande boucle sans l’avoir gagné. On peut aussi ajouter sa victoire sur le Tour de Suisse, son tour national en 2009. Equipier modèle ayant le sens du sacrifice pour ses leaders et incroyable coureur de classiques, Cancellara a marqué à coup sûr de son empreinte le monde du cyclisme de ces dernières années.

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