Ils ont marqué la décennie Les Douceurs du CCS

Ils ont marqué la décennie : Chris Froome, le coéquipier devenu mastodonte du peloton

En cette période creuse, de l’activité sportive, confinement oblige, le Café crème sport vous propose de revenir sur les sportifs qui ont fait les années 2010. Si aucun classement ne vous sera proposé, l’idée est de vous proposer le gratin des athlètes de la dernière décennie. Domination, longévité, record, personnalité, tout les facteurs seront pris en compte. Pour le quatrième épisode, le CCS vous parle d’un champion hors norme, qui a tout renversé sur son passage en 10 ans.

Dans cette rubrique nous retrouvons beaucoup de profil différent. Des jeunes ayant percés durant la décennie, d’autre déjà confirmé ayant explosé depuis 2010, ou encore d’autre dominant déjà à la fin des années 2000 et continuant sur leur lancée. En revanche, le cas de Christopher Froome est unique. En 2010, à 25 ans, celui que l’on surnommait « le Kenyan Blanc » était un modeste coureur de la Barloworld. Pro depuis 4 ans, il était un anonyme n’ayant participé qu’à deux grands tours, ayant fini très loin du top 10. Son principal fait d’arme était une victoire sur…le tour de Maurice, en 2006. 10 ans plus tard, le britannique a rejoint la table des 8 vainqueurs des 3 grands tours, s’asseyant notamment à côté de Bernard Hinault ou encore Eddy Merckx. Le blaireau et le cannibale, les 2 seuls hommes de l’histoire à avoir détenu simultanément le maillot Rose, jaune et rouge. Les 2 seuls, jusqu’à ce que Chris Froome les rejoignent. Une trajectoire ahurissante pour un coureur qui n’était pas destiné à devenir le leader qu’il est aujourd’hui.

Si le talent du natif de Nairobi est évident, son succès est lié à l’équipe Sky, devenu Ineos, et à son manager, Dave Brailsford. Une équipe au budget gargantuesque, à la technologie de pointe et à une approche quasi scientifique de la course. Une équipe construite pour gagner des grands tours. Rien qu’en France, Sky/Ineos aura remporté 7 des 10 grandes boucles de la décennie. Mais c’est bel et bien Froome qui en aura rapporté 4, le laissant seul à une longueur du quatuor Anquetil/Merckx/Hinault/Indurain. Sans blessure, sans sacrifice pour Wiggins ou Thomas, il pourrait même être au minimum à égalité avec ces 4 monstres.

Car si la beauté est subjective, l’efficacité, elle, ne souffre d’aucun débat. Parfois sur-dominant en montagne, comme lors de ce tour 2013, à l’image de son attaque incroyable dans le mont Ventoux, parfois en rupture, comme sur le tour 2017, il se sera toujours appuyé sur une équipe fantastique, mais également sur une connaissance parfaite de son corps et de ses adversaires. Le nez sur son capteur de puissance, Froome ne se met jamais dans le rouge, il gère en permanence. Terriblement intelligent sur son vélo, il sait ou et quand la course se gagne, et surtout, ou et quand elle se perd. Sur le Giro 2018, il va s’échapper en solitaire dans l’étape reine, faire 80 kilomètres seul, pour allez chercher le maillot rose. Un des plus grands exploits montagneux du cyclisme moderne.

Mais avant d’être un grimpeur, c’est en grande partie sur l’effort solitaire que l’homme construit ou renforce ses victoires. Une épreuve sur laquelle il compte notamment 2 médailles de bronze aux JO. Une discipline prépondérante à l’heure des oreillettes et des équipes construite pour les grands tours, ou le temps à gagner en montagne se compte en secondes là ou il se comptait en minute il y’a 20 ans.

En revanche, c’est uniquement sur les Grands tours que Froome axe ses saisons. Excepté des courses de préparations d’une semaine, il n’a jamais rien gagné d’autre que des courses de 3 semaines. Mais avec 7 trophées, ce sacrifice est facilement pardonnable. Très accessible, agréable, il a le mérite de lutter avec le sourire, mais avec fermeté, à une suspicion permanente entourant tout grand cycliste depuis 1995. A 35 ans, il a encore dans le viseur la grande boucle, afin de rejoindre (au minimum) le quatuor à 5 victoires. Mais l’avènement d’Egan Bernal pourrait gâcher cette objectif. Mais ce qui est pris n’est plus à prendre, et ne pourra, on l’espère, ne plus lui être enlevé. Pour cette courbe ahurissante, pour ce profil de sportif inconnu de 25 ans devenu légende à 35, Froome mérite entièrement sa place dans la sélection des sportifs ayant dominé la dernière décennie.

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