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Milos Ninkovic : Le n°10 Serbe passé par Evian qui tyrannise l’Australie

Sacré titre n’est-ce pas ? Et pourtant, histoire vraie. Milos Ninkovic, n¨10 du Sydney FC depuis 2015, est devenu une légende du club et du championnat, salué comme l’un des meilleurs joueurs a avoir foulé les pelouses de la A-League. Alors qu’il vient de fêter ses 35 ans en Décembre, quelques jours après avoir prolongé son contrat, retour sur une carrière atypique et inspirante.

De l’Est de l’Europe à l’Ouest de l’Europe.

Formé à Čukarički, Nikovic s’envole très tôt, a 19 ans, pour le Dynamo Kiev. Il y effectuera la majorité de sa carrière, en devenant, au fil des 8 saisons passées là-bas, un titulaire important. Il remportera d’ailleurs 3 titres avec les Ukrainiens, et s’installera en équipe nationale de Serbie. Mais, lors de la saison 2012-2013, le joueur aux 28 sélections veut changer d’air. En fin de contrat en juin, il fait savoir à ses dirigeants qu’il aimerai écourter son contrat afin de signer au Red Star Belgrade. Mais il doit faire face au refus de son club, et décide alors d’aller chercher du temps de jeu, en attendant que son contrat expire, du côté de la Savoie, au club d’Evian Thonon Gaillard.

Ninkovic lors de son premier passage à Evian. (Crédits : Le Dauphine Libéré)

A 28 ans, le Serbe vient renforcer l’attaque savoyarde. Venu pour épauler Saber Khalifa, il a la confiance de son coach Pascal Dupraz. Le mariage est plutôt réussi, Evian se maintient, va en finale de Coupe de France (perdue face aux Girondins de Bordeaux, mais Ninkovic, blessé, ne la joue pas). Ninkovic dispute 22 matchs, inscrit 2 buts et donne 3 passes décisives. En fin de saison, il signe finalement libre au Red Star Belgrade. Il n’y restera qu’une saison, ou il jouera 33 matchs, pour 5 buts et 5 passes dé. Alors qu’il a la possibilité de rester une saison de plus, il décide de revenir auprès de Pascal Dupraz. Mais cette fois-ci, les choses se gâtent. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, tout ne se passe pas bien pour le club. Si bien que Pascal Dupraz est limogé et remplacé par Safet Susic. Ce dernier placarde alors Ninkovic, qui devient alors un joueur de 30 ans, non utilisé par un club qui descend en Ligue 2, libre, et sans sollicitations. En somme, l’avenir est plus que sombre.

De l’hémisphère Nord à l’hémisphère Sud.

Non désiré en Europe, ou ne trouvant pas de challenge qui lui plaît, Ninkovic traverse plus de la moitié du globe et signe pour deux ans au Sydney FC. Le Serbe devient très incontournable, 32 matchs sur 35 disputés, 5 buts et 1 passes décisives. Alors quel le club vit une saison plus que moyenne (7e), les Australiens découvrent ce milieu offensif fin, créateur, bon des deux pieds. Par ses décalages, sa vision du jeu et son charisme, il convainc tous les observateurs. Dès la saison suivante, il passe, en même temps que l’équipe, un palier. Avec plusieurs recrues, le club finit premier alors qu’il reste 4 matchs à jouer. Il bat d’ailleurs plusieurs records: plus de buts inscrits, moins de buts concédés, plus de victoires. 26 matchs, 9 buts, 9 passes désivies, Ninkovic se régale. Dans son maillot bleu ciel, saillant, floqué n°10, le serbe donne l’impression de jouer avec une telle facilité. Meneur de jeu excentré sur l’aile gauche, il survole le championnat. Comme s’il comprenait tout avec un temps d’avance, comme s’il ne pouvait être ébranlé, comme s’il dominait tout simplement. Il reçoit, à l’issue de la saison et de son pénalty vainqueur en finale du championnat,la médailleJohnny Warren, synonyme du joueur de la saison.

Ninkovic lors de la remise de la médaille Johnny Warren. (Crédits: Yahoo)

Excellent passeur, sa vision du jeu et son pied droit sont dévastateurs, et il a ce charisme qui fait lever les foules. A la fois élégant et déterminé, il rejaillit de classe sur le terrain, tant l’impression visuelle de facilité qu’il rejette font de lui un joueur à part de la A-League. La saison suivante est moins couverte de gloire, même s’il parvient à remporter la FFA Cup. Le club ne passe pas les poules en Ligue des Champions Australiennes, perd en demi-finale du championnat, après avoir pourtant fini 1er de la saison régulière. Ninkovic s’en sort avec 8 buts et 4 passes décisives, et régale toujours ses supporters, comme avec ce lob en phase de poules de LDC asiatique face aux coréens du Suwon Bluewings.

Ninkovic décide toutefois de prolonger de 2 ans à l’issue de la saison, et déclare « Cette saison est la meilleure de ma carrière, et j’espère que ca va continuer encore longtemps. On a une équipe fantastique, on veut rester ensemble et continuer à créer l’histoire. » Celui qui ne dort jamais dans la même chambre que sa femme lorsqu’ils ont un enfant, car ceux-ci font trop de bruits et qu’il a « besoin de repos« , ne croyait pas si bien dire.
A l’orée d’une saison pleines de bouleversements (changement de coach, effectif renouvelé), personne ne savait qu’attendre des Sky Blues. Résultat? 2e de la saison régulière, champion des phases finales. Ninkovic ? Gestes de classe, passes lasers, buts marqués, les années passent et le Serbe impressionne toujours autant, avec la même impression de facilité et de superiorité technique.
Et l’on arrive à cette saison. 5 buts, 2 passes décisives en 19 matchs jusqu’à l’arrêt de la A-League. Une prolongation de contrat en Décembre sera aussi signée par le barbu. Absolue légende adulée par les supporters des True Blues, Ninkovic répète qu’il continuera l’aventure le plus longtemps possible, jusqu’au moment ou il sentira qu’il deviendra un « fardeau pour ses équipiers ».

Mais, à 35 ans, la fin approche. Et le temps de faire les comptes va lui aussi arriver. Ninkovic est-il le meilleur joueur a avoir foulé les pelouses Australiennes? Bien qu’il ne soit pas le seul à concourir à ce titre, il est indéniablement dans la discussion. Avec son sourire, sa mèche brune et sa barbe soyeuse, il possède, en plus de son talent, cette classe et ce charisme qui marque les foules. Son choix de rejoindre une ligue peu médiatique est en tout cas inspirant. Quand certains joueurs mènent des carrières moyennes et anonymes en Europe, Ninkovic brille en Australie, choix exotique certes, mais choix payant ou il a su briller et devenir l’idole d’un club qui n’en demandait pas tant.

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