Depuis bientôt un an, les clubs rhodaniens de l’OL et de l’ASVEL se sont fortement rapprochés jusqu’à réaliser un partenariat unique dans le sport français. Au-delà du business, Tony Parker et Jean-Michel Aulas s’apprécient énormément, ce dernier ayant même envisagé de voir l’ancien basketteur prendre sa place à la tête de l’Olympique Lyonnais. Retour dans cet article sur les faits d’armes de Tony Parker en tant que président de l’ASVEL, club qu’il dirige depuis six ans.
Les déclarations de Jean-Michel Aulas tombent rarement dans l’oreille d’un sourd. Ces derniers temps, l’historique président de l’Olympique Lyonnais de 71 ans prépare sa succession à la tête du club sept fois champion de France. Il a récemment déclaré dans les colonnes du quotidien L’Equipe au sujet du président de l’ASVEL : « J’ai vraiment le sentiment qu’il a les caractéristiques. En plus des qualités professionnelles et humaines, j’ai une grande affection pour lui et tout ce qu’il représente ». Un véritable appel du pied d’Aulas qui a énormément flatté Tony Parker. Ce dernier a exclamé humblement qu’il avait encore beaucoup à apprendre. Du temps pour prendre de l’expérience, le président de l’ASVEL en aura, puisque Jean-Michel Aulas compte tenir la présidence de l’OL pendant encore quatre ans, jusqu’à ses 75 ans.
En juin 2019, l’OL et l’ASVEL officialisaient leur partenariat à long terme. Depuis, diverses nouvelles actions se sont mises entre place entre les deux clubs comme l’apparition du logo de l’OL sur les maillots des équipes masculines et féminines de l’ASVEL (novembre 2019), l’augmentation de la part de capital d’OL groupe dans le club villeurbannais (décembre 2019) ou encore l’entrée de Tony Parker au conseil d’administration de l’Olympique Lyonnais (février 2020). On assiste donc à une progression rapide dans la relation entre les deux clubs du Rhône.
Un projet sportif viable et une vision sur le long terme
Tony Parker et l’ASVEL, c’est avant tout une vision à long terme. Depuis quelques années, TP a mis en place un projet ambitieux pour le basket français qui se définit en quatre grands axes : l’Euroleague, l’Arena, l’Académie (avec le lancement de la Tony Parker Adéquat Academy) et l’ASVEL féminin. A travers les résultats sportifs, la volonté de former ses talents et de faire progresser le club sans céder à la folie des grandeurs (afin de grandir sur l’échiquier européen), Parker montre la crédibilité de son projet et la rationalité de ses choix. Pour agir et mettre en place tout cela, il n’hésite pas à déléguer (notamment en son absence lorsqu’il était encore actif en NBA) avec Gaëtan Muller président délégué de l’ASVEL et Marie Sophie-Obama présidente de l’ASVEL féminin. Ayant bénéficié d’une Wild Card en Euroleague pour trois saisons, LDLC ASVEL a montré à la plus grande instance européenne que le projet lyonnais était fiable et avait une gestion pérenne sur le long terme en apportant de solides garanties. De plus, Tony Parker et le board de l’ASVEL mettent aussi en avant leur vision de long terme sur le parquet, en signant des contrats de longues durées pour des cadres de l’équipe (comme David Lighty ou Charles Kahudi), dans un basket français où généralement on retrouve des contrats courts.

Une fibre business
Tony Parker comme Jean-Michel Aulas a en lui une grande fibre business, qualité nécessaire au vu de la transformation économique des clubs de sport ces dernières décennies qui fonctionnent aujourd’hui comme de véritables entreprises. On connait tous aujourd’hui l’incroyable empire monté par le président de l’OL qui permet au club rhodanien d’avoir une diversification des ressources (au-delà du football et même du sport en général) et de présenter des résultats économiques probants.
Depuis son arrivée, Parker a aussi mis à l’ouvrage des actions afin de faire grandir l’ASVEL. En 2016, le promoteur lyonnais Hervé Legros entre dans le capital du club et devient le deuxième actionnaire derrière TP. En 2017, un autre actionnaire bien connu des amateurs de basket débarque, le joueur NBA Nicolas Batum. Mais le gros coup du président Parker va intervenir en septembre 2018. L’ASVEL signe avec le vendeur en ligne lyonnais de produits high tech, le Groupe LDLC, le plus gros contrat de naming du basket français à hauteur d’environ 9 millions d’euros sur 10 ans. Le président a pris en compte que la moitié des équipes d’Eurocoupe et d’Euroleague avaient un contrat de naming. Une nouvelle fois, Parker fait des choix forts (renonçant au passage aux traditionnelles couleurs de maillots de l’ASVEL, ce qui n’a à l’époque pas plu à certains supporters) afin de se donner les moyens de son ambition tout en choisissant de tisser des liens avec des acteurs locaux. Comme Jean-Michel Aulas avec le Groupama Stadium, Tony Parker souhaite un équipement digne de la stature que doit prendre le club au niveau européen. Aujourd’hui résidant de la salle de l’Astroballe (qui a une capacité d’un peu plus de 5500 places), l’ASVEL investira dans un écrin de 12 000 places en configuration sportive. Une condition nécessaire pour prolonger sa place en Euroleague au-delà des trois ans.

Un défenseur de l’institution
Tony Parker est un président qui sait monter au créneau pour défendre l’institution ASVEL. Fin décembre 2018, un joli CV du basket français débarque du côté du Rhône en la personne d’Alexis Ajinça. Quelques semaines plus tard, à la suite d’une altercation avec son entraineur Zvezdan Mitrovic durant la mi-temps du match au Portel, son contrat est rompu. Quasiment un an plus tard, un autre joueur fait des vagues. L’ancien coéquipier de Tony Parker chez les bleus, Edwin Jackson, se plaint ouvertement dans les médias de son manque de temps de jeu. Le président n’hésitera pas à l’envoyer en prêt dans son ancien club, l’Estudiantes Madrid, où il avait réalisé en 2016-2017 la meilleure saison de sa carrière. Dans le documentaire « ASVEL, la série », produit par le diffuseur RMC Sport, TP ne mâchera pas ses mots « Ma première réaction ? Déçu. Déçu parce que je pensais qu’Edwin était plus intelligent que ça. A ce niveau-là de ta carrière, tu sais très bien que tu ne racontes pas ce qu’il se passe dans un vestiaire aux journalistes. Tout le monde peut être frustré, mais à un moment donné il y a des choses que tu ne dis pas. ». De plus, il a tenu à rappeler la place de l’ASVEL et le fait d’être dans un grand club comme celui-ci « Personne n’est au-dessus du club, au-dessus du projet. J’ai toujours dit que je n’aurais pas d’états d’âme sur ça. Le plus important, c’est le projet, c’est qu’on réussisse. Le coach est en plus quelqu’un d’important pour le club. On a fait un doublé l’année dernière, et il n’y avait pas Edwin dans le groupe…Il faut de la rigueur, de la discipline. Si tu n’es pas capable de supporter un coach comme ça, alors change de club. Parce que nous à l’ASVEL, on veut gagner des titres ». Un Parker sans langue de bois donc qui sait mettre le club et son respect au-dessus de tout.
Une politique favorisant les jeunes talents
Comme l’OL, l’ASVEL est un club qui sait s’appuyer et donner sa chance aux jeunes talents, que cela soit sûr en dehors du terrain. Le président Parker avait envie de réaliser quelque chose de novateur. C’est pour cela que TP a mis en place la Tony Parker Adéquat Academy, un lieu d’apprentissage permettant d’allier « passion, études et emploi » et accessible dès l’âge de 15 ans depuis cet été. En plus de ce concept novateur et unique en France, le président lyonnais aime avoir un effectif composé de jeunes talents. Avec Theo Maledon (18 ans), Amine Noua (22 ans) ou encore Matthew Stratzel (17 ans), l’ASVEL polit des talents bruts et les inclut dans l’effectif professionnel, comme sait bien le faire l’Olympique Lyonnais. Pour l’équipe féminine, il n’a pas hésité à aller chercher la jeune pépite du basket européen, Juste Jocyte, âgé seulement de 13 ans.

L’équipe féminine au cœur du projet
La section masculine de l’ASVEL est souvent mise en avant médiatiquement par ses bons résultats récents (champion et vainqueur de la coupe de France 2019) et son entrée dans la plus grande compétition européenne (l’Euroleague). Cependant, ce n’est pas la seule équipe de l’ASVEL qui a su grimper au sommet du basket français.
Le Lyon Basket féminin a été racheté il y a quelques années par Tony Parker. En Mars 2017, TP devient donc le président du club et choisi l’ex joueuse Marie-Sophie Obama en tant que présidente déléguée. Alors en mauvaise posture au classement, le club parvient à se maintenir à la dernière journée en Ligue Féminine de Basket. A la fin de saison, le club devient le Lyon ASVEL Féminin.
Dès la saison suivante, l’ASVEL atteint la demi-finale après avoir été battu par le futur champion, le Tango Bourges. Pour 2018 – 2019, Parker met les moyens de ses ambitions en recrutant la pépite française Marine Johannès et l’ASVEL féminin deviendra quelques mois plus tard pour la première fois de son histoire championne de France.
Pour Parker, il était très important d’avoir un projet mixte. L’ASVEL est aujourd’hui le seul club français à avoir ses équipes dans les premières divisions féminines et masculines

A travers ces différents points, nous avons pu mettre en évidence les faits accomplis Tony Parker depuis qu’il est à la tête de l’ASVEL. Deux ans après son arrivée, il avait redonné au club (en 2016) son premier titre de champion de France depuis 2009, date de son entrée en tant qu’actionnaire minoritaire. Aujourd’hui, le projet LDLC ASVEL semble bel et bien lancé. Respect de l’institution, importance du sport féminin, chance donnée à la jeunesse ou encore avoir l’âme d’un businessman, beaucoup de choses rapprochent les présidents Aulas et Parker. Un profil similaire qui pourrait faire de TP le candidat idéal pour prendre la tête d’un des plus grands clubs de football du pays. Affaire à suivre !