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C’était le… 14 avril 2019 : Tiger Woods retrouvait la victoire en Grand Chelem

Considéré comme l’un des plus grands golfeurs de tous les temps, Tiger Woods est une figure majeure du sport américain de ces dernières décennies. Plus de vingts ans séparent son premier et son dernier titre majeur sur le circuit mondial, le PGA Tour, preuve d’une impressionnante longévité, et d’une force de caractère inouïe pour surpasser des moments difficiles. Il y a un an jour pour jour, Tiger Woods remportait le Master d’Augusta, son quinzième titre majeur. Retour sur la résurrection du Tigre sur la scène internationale, nouvelle ligne ajoutée à sa légende.

La carrière de Tiger Woods a tout d’un film hollywoodien. Enfant prodige du golf, Woods débute son histoire en battant des records. Précoce et talentueux, l’étudiant de Stanford remporte tout sur le circuit universitaire américain, et est sacré champion du monde junior a maintes reprises. Ses débuts en professionnel, en 1996, sont du même acabit. Les sponsors s’arrachent son image, comme Nike, avec qui il signe un contrat de 40 millions d’euros dès ses débuts. Les victoires ne se font pas attendre bien longtemps pour le jeune Tiger Woods. Deux mois après son entrée sur le PGA Tour, il remporte le Las Vegas Invitational, le premier titre d’une très longue liste. Mais en plus de 23 ans de carrière, tout n’a pas toujours été rose pour Tiger Woods. Ainsi, sa victoire lors du Master d’Augusta le 14 avril 2019 a une résonance toute particulière, à la fois pour lui, mais aussi pour tout le monde du golf.

Tiger Woods arrive à Augusta presque 6 mois après son succès à Atlanta à l’occasion du The Tour Championship. Mais avant ce dernier titre, il fallait remonter à 2013 pour retrouver la trace d’une victoire pour le Tigre. Pire encore, son dernier succès dans un tournoi Majeur remontait au 14 juin 2008, à l’US Open. Pourquoi une si longue diète ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, l’enfant prodige a connu des blessures. Son genou gauche l’a longtemps handicapé, son dos également. Puis il y a eu les affaires extra-sportives : divorce, adultère, arrestations… Entre 2008 et 2017, Tiger Woods a enchaîné les périodes de creux profonds et les tentatives avortées de retour au premier plan. Impossible pour lui de retrouver les performances qui l’ont mené à écraser toute forme de concurrence entre 1999 et 2002, alors qu’il lançait tout juste sa carrière.

Le Tigre retrouve des sensations à Augusta (Photo : Reuters)

Alors qu’on pouvait légitimement penser que Woods égalerait voire dépasserait la légende Jack Nicklaus, le destin lui a réservé le sort des stars mal préparées aux projecteurs et à la renommée. Mais Tiger Woods est revanchard. Depuis 2017, l’Américain est en paix avec son corps, et retrouve peu à peu des sensations. Même s’il ne triomphe pas sur le circuit PGA, Tiger Woods entame une longue reconquête. Un processus facilité peut-être par l’affection que lui porte le grand public du golf. En effet, malgré des frasques nombreuses et une descente aux enfers terrible, Woods reste une légende du sport américain et mondial ; le public ne peut que s’enthousiasmer pour ses coups fantasques et diablement précis. Le parcours d’Augusta est idéal pour renouer avec le succès ; Tiger Woods a déjà quatre vestes vertes à son actif, prix remis au vainqueur d’un Master.

La dernière journée commence normalement à Augusta. Rory McIlroy se sait déjà hors course mais réussi une carte honorable, tandis que Bryson DeChambeau offre au public un somptueux trou en un sur le numéro 16. Mais c’est bien Tiger Woods que le public attend. Accompagné de Francesco Molinari, en tête, et Tony Finau, à égalité avec lui, Tiger Woods fait partie du dernier groupe à s’élancer. Tiger Woods n’en mène pas large, et est rejoint par Books Koepka, mais il parvient à garder seul la deuxième place, à une longueur seulement de Molinari. Mais au trou numéro 12, l’Italien envoie sa balle dans l’eau, et voit le Tigre le rejoindre en tête de la course. Le public a choisi son camp, et tous les coups de Woods sont accompagnés des encouragements d’Augusta. Au trou numéro 14, la balle de Molinari heurte une pomme de pin et plonge dans l’eau. Nouveau double-bogey, et abandon de tout espoir d’être sacré. Tiger Woods en profite, et passe à -14 après le trou numéro 16 tandis que Dustin Johnson, Xander Schauffele et Brooks Koepka, le suivent, tous à -12.

Cette avance, Tiger Woods la conserve jusqu’au dernier trou du parcours. Après une belle approche dans le green, Woods a deux putts pour être couronné. La foule se tait, et respire au rythme du champion. Vêtu de rouge le dimanche, comme il l’a promis à sa mère depuis son adolescence, Woods inspecte les moindres courbes qui le séparent du drapeau. Premier putt pour le titre. Woods frappe doucement la balle blanche qui se dirige vers le trou, l’effleure, puis s’éloigne. La première occasion est manquée, mais la seconde est bien plus aisée. Une formalité pour le golfeur de 43 ans. Le second putt est dedans, le Tigre peut rugir : il vient de remporter le Master d’Augusta, près de 11 ans après son dernier US Open. Ému, il s’empresse d’aller serrer dans ses bras sa mère venue le voir comme lors de son premier titre, et ses enfants. 81Ème titre de sa carrière, ce Master d’Augusta restera dans la légende de Tiger Woods comme le tournoi de la résurrection, l’achèvement d’un long combat contre lui-même. Un combat dont il est sorti vainqueur, vêtu de rouge pour sa mère, et de vert pour l’honneur.

Des années après, le Tigre affiche un large sourire, celui de la victoire (Photo : Eurosport)

C’était il y a un an. A 43 ans, le Tigre rugissait de nouveau, pour rappeler au monde entier de quel bois il était fait. Celui dans lequel sont sculptés les plus grands champions, les légendes du sport moderne. De jeune sportif talentueux à star conspuée, Tiger Woods a tout connu. Mais ce qui lui va le mieux, c’est le sourire de la victoire et l’adrénaline d’une compétition disputée. Pourra-t-il gagner encore? Pas sûr. Mais Woods a prouvé que même lorsqu’on ne comptait pas sur lui, il était capable de rugir à tout moment.

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