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L’OM de Franck McCourt : entre réussite et inquiétude

Alors que les rumeurs de rachat vont bon train du côté de l’Olympique de Marseille, se pose la question du premier bilan de l’ère McCourt sur la côte Méditerranée. Après avoir racheté l’OM en octobre 2016, il se pourrait que l’actionnaire américain cède les clés du camion à l’orée de la saison 2020/2021 dont on peine encore à déterminer la couleur, en raison de la crise sanitaire mondiale actuelle. Toutefois, que le club soit vendu ou non, cette parenthèse permet d’analyser le travail de McCourt et de ses équipes pour le club marseillais. En presque quatre ans, le projet McCourt est-il plutôt une réussite ou un échec ?

Un rachat plein de promesses… difficilement tenables

Lorsque Franck McCourt devient officiellement propriétaire de l’Olympique de Marseille le 17 octobre 2016, les supporters de l’OM sont pleins d’espoirs. La dure fin de règne de Vincent Labrune et Margarite Louis-Dreyfus avait épuisé la patience des Phocéens, qui ne rêvaient plus que d’un retour au premier plan de la scène nationale et un retour parmi l’élite européenne. Alors la perspective d’un « Champions Project » vendue par l’Américain a tout de suite charmé la foule du Vélodrome. Trois saisons plus tard, le verdict est sans appel. Non, l’OM n’a pas les moyens de disputer le titre de champion de France au Paris Saint-Germain. Mais honnêtement, ce n’est pas grave. Tout le monde était unanime pour dire que le retour de l’OM sur le toit du championnat français allait prendre plus de temps que cela, et on ne peut pas juger le projet McCourt uniquement sur une absence de trophée à court terme.

Ce qui est embêtant, c’est que l’OM n’a pas réussi ne serait-ce qu’à accrocher le podium de la Ligue 1 durant ces saisons-là. L’exercice interrompu 2019/2020 se serait très certainement soldé par une deuxième place ; nous le saurons si la saison est figée ou amenée à reprendre. Mais en 3 ans, l’OM se place derrière des équipes comme l’OL, le LOSC ou encore l’AS Monaco dans la hiérarchie française. Sans Ligue des Champions, l’OM et ses supporters ne peuvent pas être satisfaits. Or la promesse d’un retour rapide en Champions League avait été formulée, et elle n’a pas été tenue. La faute à quoi ? A qui ? A une mauvaise approche du football, par des hommes sans grandes connaissances de ce milieu si spécial, d’autant plus à Marseille. La gestion financière laisse à désirer, et la communication maladroite et peu adaptée à un club volcanique comme l’OM n’arrange en rien la situation des dirigeants olympiens.

Franck McCourt et Jacques-Henri Eyraud sont-ils faits pour l’OM? (Photo : Foot01)

Des personnalités plus ou moins appréciées

Si Franck McCourt est resté relativement discret depuis son rachat, ça n’a évidemment pas été le cas du président de l’Olympique de Marseille Jacques-Henri Eyraud. Arrivé avec une présentation sobre et soignée de sa vision et du projet marseillais, l’ancien homme d’affaires semble quelque peu déconnecté des réalités du football en France. Le crédit qui lui est accordé repose sur la patience réclamée par un nouveau projet, mais ne tarde pas à s’amenuiser. Après des déclarations hasardeuses, voire ridicules, les Marseillais commencent à douter de la compétence de JHE, et le lui font savoir. Son associé et directeur sportif Andoni Zubizaretta est tout aussi décrié. Pourtant proche du FC Barcelone, l’ancien gardien de but de la Roja ne pèse que très peu sur le marché des transferts, et ne semblent pas en mesure d’activer les réseaux que l’ont lui prêtait. Un directeur sportif capable de croire Mino Raiola sur parole lors du transfert de Mario Balotelli… c’est douteux.

Enfin, plus proche du terrain, Rudi Garcia a été la figure emblématique des premières années McCourt à l’OM. Venu remplacé Franck Passi après la prise de pouvoir de l’Américain, Rudi Garcia a connu un début de mandat prolifique et encourageant. Dès la saison 2017/2018, les Phocéens accèdent à la finale de l’Europa League, même s’ils patinent en championnat. Avec Luiz Gustavo, Florian Thauvin, Dimitri Payet et Adil Rami, Garcia parvient à construire une équipe forte. Malgré un effectif restreint, tout le monde tire dans le même sens et donne ainsi sa pleine mesure à l’image de Bouna Sarr replacé défenseur droit. Cependant, la saison d’après a été un supplice pour les fans de l’OM. Enchaînant les contre-performances et les déclarations pathétiques, Garcia est devenu l’ennemi numéro 1 des Marseillais. C’est bien logiquement qu’il a quitté le navire à l’inter-saison.

Des résultats sportifs honorables

En un peu plus de trois ans, les Marseillais ont tout de même obtenu des résultats probants à plusieurs reprises. En effet, lors de la seconde saison de Rudi Garcia sur le banc olympien, un parcours brillant en Europa League et une quatrième place en championnat à un point de l’OL, troisième, ont participé à remplir le Vélodrome. En éliminant successivement Leipzig et Salzbourg, l’Olympique de Marseille s’est offert une finale européenne de prestige face à l’Atletico Madrid d’Antoine Griezmann au Groupama Stadium ; et même si le succès ne fut pas au bout de l’aventure, cette épopée a fait renouer le public phocéen et l’Europe. Lors de cette campagne, Dimitri Payet et Florian Thauvin notamment ont su donner leur pleine mesure, en vue aussi de participer à la Coupe du Monde 2018. Seul Thauvin a eu ce privilège, Payet s’étant blessé lors de la finale d’Europa League.

Garder André Villas-Boas, la priorité de l’OM? (Photo : Eurosport)

De plus, d’autres résultats sont à noter, et surtout cette saison. Oui, la saison 2019/2020 de l’OM avait tout de celle de la rédemption. Sous les ordres d’André Villas-Boas, l’Olympique de Marseille est redevenu un grand du championnat français. Solide dauphin du PSG, l’OM a obtenu quelques succès de prestige cette saison, notamment contre Monaco (victoire 4-3), Lyon (victoire 2-1) ou encore Lille (victoire 2-1). Le mérite de ce beau parcours est intimement lié à André Villas-Boas. En remplaçant Boubacar Kamara devant la défense, en associant Alvaro et Caleta-Car, en faisant confiance à Dario Benedetto, le tacticien portugais a pu tirer le maximum d’un effectif toujours restreint. Le recrutement laborieux de Valentin Rongier en provenance du FC Nantes a finalement porté ses fruits ; son association avec Morgan Sanson est une franche réussite. Plus que jamais en course pour une qualification en Ligue des Champions, les Marseillais attendent comme les autres la décision des instances du football français et européen.

Un effectif qui pose des questions

Le propre de l’Olympique de Marseille depuis trois ans maintenant, est de composer avec un effectif loin d’être pléthorique. Rudi Garcia et André Villas-Boas tirent tout deux le maximum de joueurs loyaux et dévoués, mais peu nombreux. La principale inquiétude des supporters marseillais, c’est surtout de savoir si ces joueurs-là sont encore capables d’enchaîner plusieurs saisons au très haut niveau. Les trentenaires sont nombreux : Mandanda, Pelé, Alvaro, Sakai, Payet, Strootman… Au delà de leur âge, ce sont surtout leurs valeurs marchandes qui inquiètent. En effet, l’OM doit se conformer aux règles du Fair-Play Financier pour espérer retrouver la Ligue des Champions. Et les investissements effectués sont loin d’être rentables. En vendant Franck Zambo Anguissa pour près de 30 millions d’euros, les dirigeants avaient réalisés une belle opération… immédiatement balayée en réinvestissant une comme équivalente pour Kevin Strootman.

Un Dimitri Payet taille patron, indispensable à l’OM (Photo : Football Club de Marseille)

Ainsi, une question plane dans toutes les têtes en vue de respecter les règles du FPF : qui l’OM doit-il vendre ? Les plus grosses valeurs marchandes sont aussi les plus grosses valeurs sportives, et il serait bien malvenu de s’en séparer si les Phocéens veulent être un minimum compétitif sur la scène européenne. Florian Thauvin attirera-t-il des gros clubs après sa saison quasi-blanche ? Pas sûr. Morgan Sanson ne laisserait-il pas un trop grand vide au milieu s’il partait ? Si. Et l’on ne peut pas dire que Marseille puisse s’appuyer sur son centre de formation pour gagner quelques millions à la vente. Le casse-tête a commencé pour les dirigeants marseillais, et il durera jusqu’à ce que le club soit racheté, puisque c’est ce qui se profile.

Loin du Champions Project annoncé, l’Olympique de Marseille a tout de même proposé à ses fans de grands moments de football et des ambitions appréciables. Aujourd’hui guidés par un André Villas-Boas qui fait l’unanimité, les Phocéens ont retrouvé l’envie d’aller au stade coûte que coûte. Mais le futur est trop flou pour que le projet marseillais soit considéré comme une réussite. La menace du fair-play financier et la profondeur sportive et financière de l’effectif sont les points noirs d’une saison jusque là très bonne. Un rachat s’impose-t-il réellement ? Si Franck McCourt n’a plus les moyens de mener son projet à bien, sûrement. Mais qui aujourd’hui peut investir sereinement à l’OM ?

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