Alors que la reprise de la Bundesliga est envisagée au 9 mai prochain, le petit monde du ballon rond ne s’est pas arrêté de tourner outre-rhin, bien au contraire. Les rumeurs et actus mercatos ont rythmé ces dernières semaines en l’absence de compétition. Actuel leader du championnat avec quatre points d’avance sur le Borussia Dortmund, le Bayern Munich n’y a pas échappé. Le Rekordmeister amorce un tournant délicat de son avenir à travers une intersaison très agitée. Focus sur les affaires majeures qui se trament à la Säbener Strasse.
Une intersaison décisive
Ils ne sont que trois à être en fin de contrat en juin prochain : Coutinho, Odriozola et Perisic, tous les trois prêtés. À la lumière de leur performances sur la saison, un seul semble pouvoir prolonger son aventure en Bavière. Bien que le brésilien, arrivé surprise fin août, affiche des statistiques intéressantes avec 8 et 6 passes décisives en 22 matchs, sa complémentarité avec ses partenaires et son impact dans le système tactique d’Hansi Flick ne sautent pas aux yeux. Preuve en est, son statut de titulaire a été évincé par le retour en grâce de Thomas Müller, à la suite du départ de Niko Kovac en novembre dernier. Le latéral droit, arrivé lui en janvier en provenance du Real Madrid, n’a pas su trouver ses marques avec seulement 70 minutes de temps de jeu effectif. Certes, sur six semaines de compétition ce chiffre est relatif, mais il dénote toutefois que son recrutement au mercato d’hiver n’était que pour ajouter de la profondeur à un secteur de jeu amoindri par les blessures (Hernandez, Süle).
Seul le polyvalent et expérimenté croate a réussi à tirer son épingle du jeu avec 6 buts et 8 passes décisives en 22 rencontres, toutes compétitions confondues. Des chiffres quasi similaire à ceux de Coutinho mais réalisés avec un temps de jeu moins conséquent (1200 minutes contre 2000). À 31 ans, le vice champion du monde 2018 devrait voir son option d’achat, à hauteur de 20 millions d’euros, être levée pour racheter les deux années de contrat le liant à l’Inter Milan. Le premier des nombreux mouvements qui devrait avoir lieu durant la période estivale. Depuis 2014, le Bayern doit en effet amorcer un renouvellement de son effectif au fur et à mesure que ces cadres vieillissant quittent le navire (Lahm, Podolski, Klose, Gomez, Schweinsteiger, Hummels, Ribéry, Robben). Réputée pour être la mère nourricière de la Mannschaft, la formation munichoise souhaite perpétuer la tradition à la vue des noms visés.
Si Coutinho est arrivé en urgence fin août c’est tout simplement parce que le plan A, Leroy Sané, n’a pas pu se réaliser. L’ailier Allemand de Manchester City a été la cible d’un intérêt certain de la part des bavarois. Cependant sa blessure aux ligaments croisés, à la même période, à interrompu les négociations. Si la volonté de le recruter existe toujours, son état physique, son caractère conflictuel et la situation financière post-coronavirus sont autant d’obstacles à sa réalisation. Des alternatives sont apparues et aujourd’hui deux sont privilégiées : Timo Werner et Kai Havertz. Les deux pépites représentent l’avenir de la Mannschaft et possèdent les qualités nécessaire pour s’imposer au Bayern. L’avant-centre, pouvant évoluer sur un côté, ne fera toutefois pas l’unanimité tant que Lewandowski sera là. Pour Havertz, son intelligence de jeu, sa polyvalence et son talent en font le candidat idéal mais il faudra dégraisser au milieu de terrain pour l’acquérir. Dans le secteur défensif, la profondeur de l’effectif a posé problème et des renforts sont à attendre, surtout au poste de latéral droit et de défenseur central, afin d’appliquer plus régulièrement un système en 3-4-3. Parmi les pistes, Upamecano, Dest et Hakimi sont évoqués.
L’horizon 2021 en ligne de mire
Si la fenêtre estivale de 2020 est si primordiale, c’est parce que celle de 2021 est à plus grand risque. Les historiques Alaba, Neuer, Boateng, Alcantara, Martinez et Ulreich seront tous en fin de contrat à l’issue de la saison prochaine. Si la fin de route semble toute indiquée pour certains : Boateng, Ulreich, Martinez. Au contraire d’autres sont promis à une prolongation plus que probable : Alcantara. La situation est plus complexe pour les derniers : Alaba et Neuer, dont le contexte actuel les place dans le flou le plus total et pourrait les amener à quitter le club cet été.
L’autrichien de 27 ans, formé au club, s’est récemment prononcé quant à son avenir en Bavière. Si une prolongation de contrat est plus qu’envisageable, la possibilité de le voir relever un autre défi l’est tout autant. Le latéral gauche de formation à profiter de sa polyvalence pour s’imposer en défense centrale afin de pallier aux blessures de longue durée de Süle et Hernandez, laissant le champ libre au prodige canadien, Alphonso Davies, dans son couloir. Ce dernier s’est révélé tout aussi performant voir supérieur (Cf : Comment Hansi Flick à rendu le Bayern invincible) à Alaba dans un système variable en 4-3-3 ou 3-4-3. Pour ne rien arranger Süle et Hernandez pourront tenir leur place lors de la reprise de la Bundesliga. Que faire ? Instaurer une concurrence au risque de sacrifier à termes l’autrichien ? Le voir s’imposer de nouveau au milieu comme sous l’ère Guardiola ? Le laisser partir alors que le Barça et le Real semblent intéressés ? Rien n’est à exclure pour l’heure mais son talent et sa polyvalence lui permettent d’envisager son avenir sereinement, quelque soit la décision à venir.

À 34 ans, Neuer entamera sa 10e saison avec le Bayern en 2020/21. Le successeur au capitanat de Philipp Lahm est l’un des derniers cadres à avoir connu le triplé historique de 2013. Longtemps blessé durant la saison 2017/18, le joueur formé à Schalke semble être de retour à son meilleur niveau et ne montre aucun signe de fatigue. Pour preuve il a effectué 63 arrêts cette année et gardé ses cages inviolées à 10 reprises. Cependant alors que le Bayern lui propose, à l’instar de Thomas Müller, une prolongation jusqu’en 2023, lui veut l’étirer à 2025. Difficile à envisager pour le club, alors que le prometteur Alexander Nübel a été recruté gratuitement en janvier dernier. Si la promesse d’un temps de jeu partagé (10 à 15 matchs pour Nübel) a été faite, une telle situation ne semble pas viable sur une longue durée. D’autant que Ulreich et Früchtl sont eux-mêmes sous contrat. La fébrilité affichée par Nübel depuis l’officialisation de son départ pourrait permettre à Neuer d’obtenir gain de cause. Auteur de nombreuses erreurs, le gardien de Schalke s’est vu placardisé par les Knappens, en attendant le mois de juin. Quoi qu’il en soit le dossier est épineux pour la direction munichoise.
Poursuivre la restructuration en interne
Cette dernière joue également gros. À l’instar de son effectif, les cadres administratifs sont en plein renouvellement. Après plusieurs décennies à la tête des instances, Uli Hoeness et Karl Heinz Rummenigge doivent à leur tour passer le flambeau. Afin de ne pas déroger à la tradition (Cf : Comment le Bayern s’est imposé comme le Rekordmeister ?), les nouveaux hommes forts proviennent de la maison. Premier a avoir été intronisé en 2017, Hasan Salihamidzic, a pris le poste de directeur sportif, vaquant depuis le départ Matthias Sammer en 2016. Sérieux et travailleur, il a maintenu de bonnes relations de son temps au Bayern et en Italie. De plus, il parle cinq langues, ce qui signifie qu’il peut communiquer avec tous les joueurs de l’équipe. Il est le lien entre l’équipe, l’entraineur (Hansi Flick) et le président (Karl Heinz Rummenigge) et a une importance notoire sur les prolongations de contrat et les arrivées au club.
Son nouveau partenaire est Oliver Kahn. La légende du Bayern Munich et de Karlsruhe, s’est rendu en Chine en 2019 pour visiter la vaste base de fans de la Bundesliga en Asie et commencer ses nouvelles fonctions de président adjoint du FCB. Il est en effet le successeur annoncé de Rummenigge à la présidence et l’accompagne durant ses derniers mois afin de se préparer au mieux à l’échéance de 2022, date du passage de témoin. Il représente un candidat idéal du fait de son parcours post carrière. Depuis qu’il a raccroché les gants, Kahn a en effet travaillé comme analyste pour le diffuseur allemand ZDF, a obtenu une maîtrise en administration des affaires et a poursuivi un certain nombre d’autres intérêts entrepreneuriaux et caritatifs. Adepte de la maitrise de la philosophie du jeu, il requière toutes les compétences nécessaires afin de poursuivre l’œuvre établie par son prédécesseur.

Enfin, Uli Hoeness a lui aussi céder sa place il y a quelques semaines. En tant que directeur général, il a contribué aux succès du Bayern – 21 Bundesliga, 12 DFB Pokal, 2 Ligues des champions et 1 coupe UEFA – tout en transformant le club en une puissance mondiale, capable de rembourser son stade en un temps record (2005 à 2014). Herbert Hainer a été élu à 99,3% pour le remplacer. Salarié d’Adidas depuis 1961, celui qui en a été nommé PDG en 2001 n’est pas à proprement parlé de la maison. Mais il est un fan invétéré de l’institution depuis son enfance et a été en charge de l’acquisition de 8,33% du FCB par la société Adidas. Il a fait de la firme le premier actionnaire externe du club, créant ainsi la base financière pour la construction de l’Allianz Arena en 2005. Hainer était vice-président du conseil de surveillance du Bayern depuis la constitution de la société en 2002. Les deux hommes sont d’ailleurs devenus et restent des amis proches. Hainer a déjà remplacé Hoeness entre mars 2014 et novembre 2016 (lors de la condamnation pour fraude fiscale de ce dernier) puis a continué à travailler dans les coulisses du Bayern après la réélection de Hoeness à la présidence. La tradition a de beaux jours devant elle au sein du Rekordmeister.
Quelle place pour la jeunesse bavaroise ?
Auteur d’un passage remarqué depuis son intronisation en novembre, Hansi Flick est le symbole des valeurs du club, à la fois très humain mais aussi travailleur acharné, qui n’hésite pas à tenter des paris en misant sur la jeunesse. Si le Bayern a forgé sa légende depuis plusieurs décennies, il le doit à sa politique de formation (Lahm, Schweinsteiger, Alaba, Hummels, Müller dernièrement). Alors que Flick vient d’être officiellement prolongé jusqu’en 2023 comme entraineur principal, il ne serait pas surprenant de voir les membres les plus prometteurs de l’académie faire leur apparition sur la pelouse de l’Allianz Arena dans un futur très proche.
Aujourd’hui, alors que le club doit établir les lignes directrices de son projet futur, la formation pourrait dès lors répondre aux besoins de la fuite des cadres. C’est le souhait émie de Hainer “notre objectif est d’amener des joueurs de nos propres rangs en équipe première, ce que nous réalisons actuellement avec Zirkzee, Dajaku, Batista-Meier et Singh“. Des quatre, seul l’ailier Batista-Meier n’a pas encore fait une apparition pour l’équipe première, mais le joueur de 18 ans a fait des vagues chez les jeunes. Cinq buts et cinq passes décisives en huit matches de Bundesliga U19 – ainsi que trois buts en trois matches de l’UEFA Youth League cette saison – l’ont propulsé en équipe réserve en 3ème division. Il a joué 14 fois et a marqué trois buts pour eux. Il a également été sur le banc pendant deux matchs de Bundesliga et un match de Coupe DFB avec l’équipe première.

Zirkzee est, à ce jour, celui qui a eu le plus d’impact. L’attaquant néerlandais de 18 ans a déjà écrit l’histoire de la Bundesliga en marquant ses deux premiers buts en seulement trois minutes de jeu. Les deux fois, contre Fribourg et Wolfsburg, il a permis au Bayern de remporter la victoire. Prouvant son talent et sa maturité, Flick l’a lancé comme titulaire afin de remplacer Lewandowski, blessé, à partir de mi-février, lui permettant d’inscrire un nouveau but et d’ajouter deux passes décisives. L’ailier Dajaku n’est pas en reste avec 4 apparitions et surtout un statut important en équipe réserve. Elle qui reste sur 7 matchs sans défaites (6 victoires et 1 nul) avant l’arrêt de la saison. Le Bayern a investi dans son académie dans le but de produire ses talents de demain et d’éviter ce qu’il considère comme une augmentation des coûts de transfert, le club sait que le saut des équipes de jeunes à l’équipe senior est important et difficile mais peut avoir confiance : l’acquisition d’un simulateur de terrain va permettre aux Arp, Tillman, Jastremski, Richards de s’inspirer de la réussite d’Alphonso Davies (passé par la réserve) et de devenir l’équivalent de la génération de Beckenbauer, Maier et Müller
L’été sera chaud dans tous les sens du termes pour le Bayern Munich. En course pour obtenir un huitième titre national d’affilé, le club bavarois se sait de plus en plus menacé par la concurrence sur le plan national. En phase de transition, le FCB à l’aube d’une nouvelle ère mais doit absolument gérer ce virage afin de conserver son hégémonie.