En cette période sans course, le CCS vous propose une nouvelle fois de revenir sur le parcours d’un cycliste. Après le russe Ilnur Zakarin, cap cette fois-ci sur l’Italie pour retrouver le sarde Fabio Aru, un coureur qui à l’aube de ses 30 ans compte bien retrouver son niveau d’antan.
Fabio Aru est un cycliste italien né le 3 Juillet 1990 à San Gavino Monreal, petite ville du sud de la Sardeigne. Arrivé sur le cyclisme sur le tard à 15 ans après avoir pratiqué le football et le tennis, il démarre par le VTT et le cyclo-cross. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans que le chevalier des quatre Maures (comme on le surnomme) commence à courir sur la route.
Il court de 2009 à 2012 chez les moins de 23 ans pour l’équipe Plazzago. Durant ces trois ans, il remporte quelques courses italiennes comme le Tour de la Vallée d’Aoste (à deux reprises), le Giro delle Valli Cuneesi ou encore la Toscane-Terre de cyclisme. En aout 2012, il signe professionnel chez l’équipe Kazakhe d’Astana.
Entrée dans le monde professionnel et premier podium de grand tour
Son parcours professionnel débute durant le Tour du Colorado 2012. Il commence ensuite la saison 2013 en finissant 4e du Tour du Trentin remporté par son leader Vincenzo Nibali venu se préparer pour espérer remporter ce premier Giro. Ce tour d’Italie, Aru va y participer pour aider le requin de Messine à la conquête de son tour national et réaliser son baptême du feu sur une course de trois semaines. Le sarde aidera Nibali à remporter cette course et notamment lors de la 20e étape, remportée par Nibali, où Aru finira à une belle quatrième place.
En 2014, c’est l’Italien Scarponi qui est aligné en tant que leader sur le Giro (Aru vient en équipier de luxe en voulant se tester avec un rôle plus important) alors que Nibali axe sa saison sur le Tour de France.
Cependant, le vainqueur du Giro 2011 perd toutes ses chances dès la première étape de montagne vers Montecopiolo. Aru devient alors l’unique leader de la formation Kazakhe. Une semaine plus tard, il fait parler de son talent en remportant en solitaire la quinzième étape du Giro dans les pentes du Montecampione, après s’être extirpé du groupe des favoris à 3km du sommet. Affichant durant ces trois semaines une régularité prometteuse, Aru finit à une belle 3e place juste derrière les deux colombiens, le vainqueur Nairo Quintana et le second Rigoberto Uran. Après une longue pause ayant vu la victoire de son équipier Nibali sur le Tour de France, il s’aligne sur la Vuelta. Il réalise encore une belle course de trois semaines en terminant 5e de cette édition 2014 remporté par Alberto Contador après avoir gagné en costaud deux belles étapes de montagne. Une saison qui aura donc été très réussie pour le sarde.
Second sur le Giro et victorieux de la Vuelta
Contador, Aru va le retrouver au Tour d’Italie 2015 où il est désigné leader de la formation Astana. Cette fois-ci, le coureur de 24 ans compte bien faire vibrer tout un pays en allant chercher le graal. Dès la cinquième étape, El pistolero Contador s’empare de la tunique rose au cours d’une étape de moyenne montagne. Le sarde lui se classe deuxième à deux petites secondes. Au soir de la neuvième étape amenant au premier jour de repos, il n’est qu’à trois secondes du leader. Il peut compter dans sur son coéquipier et révélation de ce Tour d’Italie, le basque Mikel Landa (qui commence alors sa carrière de gregario) 4e du général et l’italien Dario Cataldo, 5e.
Durant la treizième étape, il prend le maillot de leader à Contador (après que ce dernier est chuté) mais le perd dès le lendemain dans un exercice qui n’est pas sa spécialité, le contre-la-montre. Après 59.4km d’effort solitaire, Aru se retrouve à 2min28 de l’espagnol et va devoir se découvrir de loin pour espérer rattraper ce retard. Son coéquipier Landa s’offre les deux étapes suivantes et prend la seconde place du Giro à son leader. C’est lors de cette seizième étape que le sarde voit ses chances de victoires s’envoler après un gros coup de mou. Au soir de cette dernière, il pointe à quasiment cinq minutes de l’espagnol et dit adieu à ses chances de l’emporter.
Lors des deux dernières arrivées au sommet, Fabio Aru redevient furioclasse et l’emporte à Cervinia et Sestrières. Après avoir repris 1min18 lors de dix-neuvième étape, Aru récidive le lendemain avec l’aide du surprenant Landa. On retrouve alors Contador en perdition dans les pentes du col du Finestre face à la fougue des deux Astana. Isolé, l’espagnol limite néanmoins la casse en finissant à 2min25 de l’italien. Finalement, Aru finit meilleur jeune de cette édition et à moins de 2 minutes de Contador. La force collective de son équipe et sa capacité à se surpasser font du jeune grimpeur un sérieux candidat pour prochainement devenir le vainqueur d’un grand tour.

On retrouve Fabio Aru sous le soleil de Puerto Banùs, station balnéaire d’Andalousie et lieu du départ de la 70e édition de la Vuelta. Après un solide Giro, Aru compte bien encore une fois se mettre en avant dans un grand tour. Cependant, la concurrence est nettement plus féroce sur ce Tour d’Espagne que lors de sa deuxième place sur le Giro. Les quatres premiers du derniers Tour de France sont présents. Froome, après ses deuxièmes places en 2011 (depuis, le britannique s’est vu adjugé cette Vuelta avec le déclassement de Cobo Acebo) et 2014, est le favori. La Movistar vient avec son duo Valverde-Quintana accompagné d’Andrey Amador, récent quatrième du dernier Giro. On peut aussi citer Joaquim Rodriguez parmi les favoris. Astana amène sur cette Vuelta un monstre à trois têtes. Avec Landa et Aru s’ajoute la participation de Vincenzo Nibali, vainqueur de l’édition 2010.
Fabio Aru commence sa Vuelta de manière correcte avec un début de parcours alliant plaine et moyenne montagne. A l’aube du premier jour de repos, le sarde se situe à la 5e position du classement à 1min13 du leader Tom Dumoulin et à moins de 20 secondes de la deuxième place. Arrive alors la onzième étape qui offre un enchainement de six cols, un terrain propice pour faire des écarts. Comme sur le Giro, Astana fait parler sa puissance collective et emmène Landa à la victoire d’étape. Aru finit à 1min22 de son équipier, ce qui lui permet d’endosser la tunique rouge de leader du Tour d’Espagne. Il la porte durant 5 jours et la cède à Joaquim Rodriguez, qui grappillait depuis plusieurs étapes des secondes sur le sarde. A l’aube du deuxième jour de repos, l’Italien est toujours dans les temps, à une petite seconde de Purito. Arrive alors un contre-la-montre individuel de 39km. Aru termine à une belle 10e place et reste second du général. Cette fois-ci, c’est le néerlandais Tom Dumoulin qui reprend le contrôle de la course, laissant Fabio Aru à… trois petites secondes. Durant la vingtième étape, Aru avec l’aide de l’armada Astana attaque à 40km de l’arrivée et profite de la défaillance de Dumoulin pour reprendre le maillot rouge. A 25 ans, Fabio Aru remporte son premier grand tour avec 57 secondes d’avance sur Joaquim Rodriguez et 1min09 sur Rafal Majka.

Découverte du Tour et porteur du maillot jaune
En constante progression depuis trois ans, Fabio Aru décide lors de la saison 2016 de s’aligner pour la première fois de sa carrière sur le Tour de France. Durant sa préparation à la grande boucle, il remporte une étape sur le Critérium du Dauphiné. Cependant, il ne réitère pas ses belles performances passées sur un grand tour et finissant malade, il termine à la 13e place du classement général.
Pour la saison 2017, le sarde fait du centième Giro son grand objectif de la saison. Trois semaines avant le début de la course, il se blesse au genou et est contraint de déclarer forfait pour le Tour d’Italie. Il se donne alors un nouvel objectif en la personne du Tour de France. Il arrive sur la grande boucle en ayant plutôt bien récupéré après une belle cinquième place au Critérium du Dauphiné remporté par son coéquipier Fuglsang et un titre de champion d’Italie acquit avec un certain panache. Dès la cinquième étape entre Vittel et la Planche des Belles Filles, il surprend tout le monde. A 2.4 km de l’arrivée, il attaque un peloton mené une nouvelle fois de bon train par la team Sky et finit par s’imposer en solitaire avec le maillot de champion d’Italie, comme l’avait fait un certain Vincenzo Nibali trois ans auparavant.
Au général, il pointe alors à 14 petites secondes du leader Christopher Froome… de quoi rêver du maillot jaune ? Mais ce rêve ne fut pas si loin. Au cours de la douzième étape qui a vu la superbe victoire du français Romain Bardet, Froome craque dans les dernières pentes de Peyragudes et laisse filer le maillot jaune à Fabio Aru. A tout juste 27 ans, il a désormais porté les maillots de leader des trois grands tours. Malheureusement, avec l’abandon de ses deux équipiers grimpeurs Cataldo et Fulgsang combiné à une bronchite l’affaiblissant, il est contraint de céder sa tunique au britannique deux jours plus tard dans l’étape accidentée de Rodez. Perdant du temps dans les dernières étapes, il finira tout de même ce tour à une très belle cinquième position, un classement plus qu’honorable quand on sait que sa saison n’était pas axée sur cette épreuve. Il s’aligne ensuite sur la Vuelta et termine 13e.

Départ chez UAE et perte de niveau
En 2018, Aru change pour la première fois d’équipe professionnelle et s’engage pour l’équipe UAE Emirates. Aligné sur le Giro, il ne pèse pas sur la course et finit par abandonner à quelques jours de l’arrivée. Sur la Vuelta, il finit à une petite 23e place. En 2019, après avoir subi une opération chirurgicale, il rate le Giro et ne vient pas sur le Tour dans les meilleures conditions, finissant à la 14e position.
2020 est peut-être la saison du second souffle pour Fabio Aru. Après avoir commencé fort sa carrière sur les courses de trois semaines, on ne peut plus aujourd’hui le considérer comme un potentiel vainqueur de grand tour. En fin de contrat en décembre prochain, le sarde compte prouver aux écuries World Tour qu’il n’a pas tout perdu de sa superbe en espérant réaliser un beau Tour de France, accompagné par le jeune Tadej Pogacar, récent 3e du Tour d’Espagne.