Pour sa toute dernière trouvaille, le Café Crème Sport vous propose une nouvelle série football baptisée : “ces clubs français ont déposé le bilan, que sont-ils devenus ?” Pour ce premier épisode, nous vous proposons de nous intéresser à Arles-Avignon.
Vendredi 4 septembre 2015. C’est la fin pour le club d’Arles-Avignon. Le club dépose le bilan et est rétrogradé en CFA. Après une incroyable ascension au milieu des années 2000, et une pige en Ligue 1, le rêve prend fin pour l’équipe sudiste… Sûrement trop tôt. Retour là où tout a commencé sur le plan professionnel pour ce club à cheval entre les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.

Très peu le savent, mais l’histoire d’Arles et de la Ligue 2, débute plus tôt que ce que l’on peut imaginer. C’est au début des années 70, que l’Athlétic Club Arlésien atteint la deuxième division. Alors en National, le club, cinquième à l’issue de la saison 1969/1970 bénéficie d’un repêchage et accède à la deuxième division. Maintenus pendant quatre saisons, les Arlésiens, finiront par redescendre en 1974 et passeront trois saisons en National.
La troisième tentative sera la bonne, les hommes d’Alain Dessons, retrouvent l’antichambre de l’élite. Là encore, s’en suivra trois saisons de maintien avant de retrouver les entrailles du football amateur et de vagabonder entre le National, la CFA (ex-National 2) et la CFA 2 (ex-National 3), les Lions n’y arrivent plus.
Milieu des années 2000 : le lion en sommeil rugit de nouveau
Vous souvenez-vous du mur des champions dans Interville ? Lorsque trois candidats se défiaient afin de grimper le plus rapidement possible à l’aide d’une barre. La situation est un peu similaire, si l’on enlève les barres. Mais Arles, entreprend dès 2006 un rodéo sauvage à travers les divisions.
- 2005 – 2006 : 2e – 83 pts (CFA 2)
- 2006 – 2007 : 1er – 96 pts (CFA)
- 2007 – 2008 : 8e – 51 pts (National)
- 2008-2009 : 3e – 66 pts (National)
Cinq saisons en CFA 2, une en CFA, deux en National, et voilà qu’Arles est en Ligue 2. Le club touche à son but, mais doit régler quelques formalités, comme par exemple devenir l’AC Arles-Avignon, afin de s’expatrier au Parc des Sports d’Avignon, stade homologué pour accueillir des rencontres de Ligue 2. Dans un premier temps, quelques obstacles vont se dresser en travers de leur chemin comme la DNCG, gendarme financier du football français, qui va refuser une première fois d’accorder le statut professionnel au club, avant de finalement leur accorder après que ce dernier ait fait appel.
La première sous ce statut, ne sera par ailleurs pas une franche réussite. Le 25 juillet 2009, Arles-Avignon se déplace à Laval pour le tour préliminaire de la Coupe de la Ligue. Pour le premier match de leur histoire dans cette compétition, les sudistes éprouvent quelques difficultés face aux Mayennais. Défait 5-0, avec un doublé notamment de Ludovic Genest, la suite promettait…

Gabriel Montpied, point de départ d’une incroyable aventure
Pour son premier match en championnat, Arles-Avignon se déplace au Clermont-Foot le vendredi 7 août. Ce soir-là, les lions s’imposent 2 buts à 1. Abdelmalek Cherrad inscrira le premier but sur penalty à la 12e minute, suivi de Kaba Diawara à la 65e minute et remplaçant au coup-d’envoi. Franck Chaussidiere réduira la marque à la 83e minute. Les matchs vont ensuite s’enchaîner, les résultats aussi.

La machine s’est mise en marche. Le groupe de Michel Estevan est quatrième à la trêve avec 30 points sur les 18 premières rencontres, autant dire que le maintien est quasiment acquis. Le club est à deux points du troisième, le FC Metz, et a remporté huit matches, pour six nuls et quatre défaites.
Cette dynamique, les Arlésiens vont la conserver durant la seconde partie de saison. Tout se passe tellement bien, qu’Arles-Avignon est le candidat surprise à la montée, alors que quelques mois auparavant, ils étaient tout proches de ne pas se voir accorder le statut professionnel.
38e journée. Tout se joue ce vendredi 14 mai 2010. Arles-Avignon a la possibilité de réaliser deux montées consécutives National / Ligue 2 / Ligue 1, mais pour cela ça passe par une victoire face à Clermont, qu’ils avaient battu quelques mois auparavant. La tâche s’annonce compliquée, car les Auvergnats, peuvent, sur un coup de chance monter eux aussi dans l’élite, s’ils battent les Arlésiens tout en espérant que Metz fasse un mauvais résultat à Saint-Symphorien contre Vannes. Sans oublier le SCO Angers, à égalité de points avec les Clermontois, qui eux, se déplacent à Dijon.
- 3. Arles-Avignon 57 pts (+3)
- 4. Metz 56 pts (+5)
- 5. Clermont 54 pts (+8)
- 6. Angers 54 pts (+ 3)
Le destin est entre leurs mains. Si ils gagnent, ils n’ont aucune chance de se faire rejoindre et montent en Ligue 1. Et les supporters ne vont pas avoir besoin d’attendre très longtemps avant de voir leur équipe ouvrir la marque. La délivrance viendra du milieu de terrain Benjamin Psaume à la 14e minute. Arles-Avignon va conserver son avance jusqu’au coup de sifflet final et monter dans l’élite pour la première fois de son histoire. Une montée, mais également son record d’affluence de la saison avec 7 833 spectateurs. Qui dit montée, dit… envahissement de terrain.
Une dynamique difficile à poursuivre
L’été suivant, le mercato est agité du côté des Bouches du Rhône et du Vaucluse. André Ayew, auteur de quatre buts durant son prêt, retourne à Marseille, Junior Dalé, meilleur buteur de l’équipe avec 10 buts inscrits, prend la direction de Unirea Urz en Roumanie, Marvin Esor, est lui transféré à Clermont. Du côté des arrivées, l’attaquant de Blackpool Hameur Bouazza arrive, Rémy Cabella est lui prêté par Montpellier.
Arrivées | Départs |
Bouazza (Blackpool), Cabella (Montpellier p.), Aï Ben Idir (Le Havre), Najih (Clermont), Planté (Saint-Etienne p.), Erbate (Al Wahda Dhabi), Fanchone (Strasbourg p.), Mejia (Murcie), Kermorgant (Leicester p.), Ghilas (Hull City p.) | Ayew (Marseille r.p.), Dalé (Unirea Urz.), Cirilli (Amiens), Esor (Clermont), Reynaud (Chateauroux) |
Pour son premier match de l’histoire en première division, Arles-Avignon prend la direction de Sochaux et de son Stade Bonal. Cyrille Merville a très rapidement chaud et se retrouve à devoir détourner en corner une tête de Modibo Maïga. Franck Dja Dje, ouvrira la marque à la 11e minute pour les visiteurs. Malheureusement, pas de victoires pour Arles-Avignon, avec des Sochaliens à réaction. Alors qu’Edouard Butin égalisera six minutes plus tard, Jacques Faty, doublera la mise à la 54e minute.
Autant dire, que le premier point c’est fait attendre. Après avoir enchaîné les défaites, et avoir changé d’entraîneur après la mise à l’écart de Michel Estevan suite à la défaite face au Paris-Saint-Germain (4-0), lors de la 5e journée, les Arlésiens, désormais sous la houlette de Faruk Hadzibegic, obtiennent un 0-0 à Brest, puis un nul (1-1) au parc des sports d’Avignon face à Lyon, qui n’est pas au top de sa forme en début de saison (3 V 3 N 4 D en 10 matchs).
La première victoire interviendra lors de la 12e journée, là encore sur ses terres du Vaucluse. Une victoire 3-2 face au Stade Malherbe de Caen.
” Gaël Germany dans le dos de la défense caennaise, il peut faire la différence ! ET L’EGALISAAAAAAAATIONNNNNNN de Gaël Germany qui relance totalement les Arlésiens après l’ouverture du score à la 10e minute de Youssef El Arabi. 24e minute, 1-1.”
” Ce coup-franc tiré à 40 mètres des buts, qui arrive sur la tête de Kaba Diawara… La tête, de Kaba Diawara, ET ARLES AVIGNON QUI PASSE DEVANT, qu’est-ce qu’il a fait Alexis Thebeau ? En tout cas ça permet à Arles Avignon de reprendre l’avantage peu après la demi-heure de jeu. 2-1.”
” PENALTY POUR ARLES AVIGNON. C’est Kaba Diawara, qui s’en charge. 2-2 après l’égalisation de Kandia Traore il y a 10 minutes. Kaba Diawara, qui se prépare. Jerome Miguelgorry donne le signal… ET C’EST AU FOND, 76e MINUTE, ARLES-AVIGNON SE DIRIGE DROIT VERS SA PREMIERE VICTOIRE EN LIGUE 1, 3-2.”
Malgré cette relance tardive, Arles-Avignon termine lanterne rouge avec seulement trois victoires, et vingt petits points d’engrangés. Le rêve aura tourné court, retour en Ligue 2 pour les Lions.
Arles-Avignon, club modeste de Ligue 2
L’été 2011, sera synonyme pour Arles-Avignon de quelques recrues. Avec la fin de contrat de son gardien Cyrille Merville, le club recrute le gardien du Nîmes Olympique, Ludovic Butelle. Pour l’anecdote, les Crocos, seront le club suivant de l’ancien portier arlésien avec qui il disputera 100 matches. On retrouve également l’ancien stéphanois Christophe Landrin, Haminu Dramani en provenance du Kouban Krasnodar (D1 Russe), Luigi Pieroni qui arrive du Standard de Liège ou encore un certain Téji Savanier, méconnu du grand public et qui évoluait avec la réserve de Montpellier.
Ce retour en deuxième division va s’avérer inquiétant. Car, malgré quelques coups d’éclats, comme une victoire 3-0 face au RC Lens, Arles-Avignon, va plonger dans la zone rouge après une troisième défaite consécutive. Au Parc des Sports d’Avignon, les joueurs de Faruk Hadzibecic, s’incline sur le score de 2 buts à 1 face à l’En Avant Guingamp, les Lions tombent dans la zone de relégation. Une mauvaise série qui va durer, puisque, la semaine suivante, ils seront éliminés au septième tour de la Coupe de France par l’AS Valence, club de CFA. Cela scellera le sort du coach bosnien.
Le 28 novembre, Thierry Laurey reprend les reines de l’équipe. L’actuel entraîneur de Strasbourg, prend en main une équipe qui lutte pour le maintien et qui pourrait retomber aussi vite qu’elle est montée. Finalement, il s’avérera, qu’il sera l’homme providentiel. Arles-Avignon ne perd qu’un seul match entre le 14 janvier et la fin de saison, ce sera contre Nantes lors de la 36e journée.
Un incroyable parcours, avec Thomas Ayasse, un capitaine en feu, ainsi q’un duo d’attaquant prolifique avec Junior Dalé et Mohamed Yattara, un joueur issu du centre de formation de l’Olympique Lyonnais, qui, à la trêve, a signé un contrat sous forme de prêt d’une durée de six mois après une mise à l’essai. Ils inscriront quinze buts à eux trois et seront les principaux artisans d’une remontée qui les fera terminer à la 13e place avec 48 points. Les deux saisons qui suivront, le club se classera 11e avec 46 points et 13e avec 46 points.

2014 : Début du cauchemar
La saison 2014/2015 est cauchemardesque malgré un recrutement de joueurs d’expériences tels que Pascal Chimbonda, Gaël Givet, Jonathan Zebina ou encore Mamadou Niang. Arles Avignon se retrouve relégable dès la huitième journée de Ligue 2 après une défaite 3-2 face à Laval et une seule victoire depuis le début de la saison. Le club, ne quittera plus la zone rouge. Le 7 octobre, Bruno Irles, qui avait pris la tête de l’équipe, récupère le poste d’adjoint et Stéphane Crucet, alors adjoint prend les reines de l’équipe. Un rôle qu’il assumera jusqu’au 29 décembre.
C’est au tour de Victor Zvunka de prendre place sur le banc fin décembre. Les difficultés sont bien là pour Arles-Avignon qui vagabonde entre la 19e et la 20e place jusqu’à la fin de la saison. A domicile, il n’y a plus beaucoup de monde. Bien loin des 3000 / 4000 / 7000 spectateurs présents lors de la montée du club sudiste dans l’élite, les affluences tournent plus aux alentours des 1 500 spectateurs.
Les ennuis ne seront ensuite pas finis. Alors que le club est relégué sportivement, le couperet tombe fin juillet. Le dépôt de bilan est prononcé et Arles Avignon est rétrogradé en CFA. Après une première défaite, 5-0 face à Colomiers, Arles-Avignon n’a pas le temps de tenter de “remontada”. Après sept journées, la Fédération Française de Football prononce la liquidation judiciaire du club qui est renvoyé en Division d’Honneur Régional.
Puis, le club réussit à remonter après deux saisons en Régional 2. L’Athlétic Club Arlésien est désormais en Régional 1, mais redescendra l’année d’après, après avoir terminé 13e de son championnat en inscrivant 28 points. Une saison de maintien en Régional 2 et puis c’est tout. La saison 2019/2020 est elle plus délicate et continue de faire couler ce club qui avait réalisé de si belles choses.
Dans une poule avec l’équipe 3 de l’AS Monaco et la réserve de Fréjus Saint-Raphaël, les Arlésiens terminent derniers. Une place, qui devrait les projeter à l’échelon inférieur, étant donné que l’avant-dernier à deux points d’avance et un match en retard. C’est ainsi que le lion a cessé de rugir.
Triste pour cette équipe… Je l’ai toujours suivi de loin, mais elle mérite tellement mieux.