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Quelle est l’influence de City Football Group dans le football mondial ?

Nous parlons tous activement, en ce moment, du rachat de Newcastle par un fond d’investissement saoudien avec le prince héritier Mohammed ben Salmane en tête de gondole. En 2008, des rumeurs de rachat circulaient du côté de Manchester City. Durant l’été de cette même année, le cheikh Mansour ben Zayed Al Nahyan souhaitait acquérir le club, il créa alors l’Abu Dhabi United Group (ADUG) pour faciliter l’achat d’un club en Premier League. Le City Football Group est alors né par extension. Cette société faîtière a pour objectif de lier l’administration entre les clubs affiliés à Manchester City et est elle-même détenue à 86,21% par l’ADUG et le reste des 13,79% par CITIC Group, une entreprise de fonds d’investissement chinoise. Nous parlions de clubs affiliés, qui sont-ils ou qui vont-ils être ? Quel est le poids de City Football Group sur le football mondial ? Peut-on parler d’empire ?

Le poids de City Football Group dans le football

City Football Group, c’est une société qui lie l’administration des clubs liés à Manchester City, certes. C’est également une des sociétés les plus riches dans le football. Avec plus de 30 milliards d’euros, le cheikh Mansour ben Zayed Al Nahyan est le deuxième actif le plus puissant du monde du football financièrement. A la tête de City Football Group, il n’est “seulement” que l’actionnaire majoritaire puisque c’est, par exemple, Khaldoon Al Mubarak qui est à la présidence de Manchester City. Ainsi, peut-on utiliser seulement l’argument financier pour parler du poids de City Football Group dans le monde ? Non, et c’est Brian Marwood, le directeur exécutif de Manchester City, le mieux placé pour en parler.

“L’équipe de projet de City (ndlr : Football Group) a visité 30 centres de développement sportif d’élite dans neuf pays sur quatre continents au cours de leurs recherches”

Brian Marwood, directeur exécutif de Manchester City, 2011.

Brian Marwood, le directeur exécutif de Manchester City, évoquait à The Guardian en septembre 2011 le plan d’investissement footballistique mondial de City Football Group. Il développe son propos en accumulant les comparaisons avec le FC Barcelone. L’objectif initial de CFG se basait sur un investissement de 10 ans dans lequel il fallait prioriser l’éclosion de jeunes talents. Marwood évoque la finale de la Ligue des Champions 2011 dans laquelle 8 joueurs de Barcelone étaient sortis de leur centre de formation. Pour répondre à ces objectifs, quinze terrains ont été construits le long de la pelouse principale des séniors, un lieu d’habitation pour près de 500 joueurs (jeunes et séniors confondus) et un stade de 7000 places exclusivement employé pour les matchs de jeunes. Leurs ambitions sont grandes, tant dans l’aspect sportif que géographique. Comme évoqué plus haut, l’équipe de ce projet a visité neuf pays sur quatre continents. Leur objectif est de développer un réseau ultra large permettant à des clubs de se développer dans un meilleur confort et d’être, de manière inhérente, liés à Manchester City. Le poids de City Football Group dans le monde du football est tel qu’il fait des envieux. Certains investisseurs américains comme Joseph DaGrosa, l’ancien propriétaire des Girondins de Bordeaux pendant une courte période, a fait part de sa volonté de concurrencer la société du cheikh Mansour ben Zayed Al Nahyan avec son entreprise de clubs et d’académies Kapital Football Group. Football ou business, la limite entre les deux est devenue très fine.

Les clubs affiliés du City Football Group

Par Abu Dhabi United Group / China Media Capital / CITIC Capital

La tête de gondole du projet émirati est évidemment Manchester City. City Football Group est en fait une immense toile d’araignée avec pour coeur le club mancunien. La toile s’étend sur divers pays dans plusieurs continents. Voici la liste des clubs affiliés à City Football Group, affichés dans l’ordre d’acquisition :

Manchester City FC
New York City FC (Etats-Unis)
Melbourne City FC (Australie)
Yokohama F. Marinos (Japon)
Girona FC (Espagne)
Club Atletico Torque (Uruguay)
Sichuan Jiuniu FC (Chine)
Mumbai City FC (Inde)

On retrouve le terme “City” dans certains clubs qui ont déposé un nouveau nom : Melbourne Hearts devenu Melbourne City FC, New-York qui n’avait pas de club avant l’arrivée des émiratis, ou encore Mumbai, dans la même situation que New-York. En bénéfice chaque année depuis peu, Manchester City est l’élément moteur du groupe City Football Group. Les lourds investissements de plus de 500 millions d’euros à l’arrivée des émiratis en 2008 longs de plusieurs années afin de constituer une nouvelle équipe, de créer un nouveau centre de formation – qui a coûté à lui seul plus de 200 millions d’euros -, ont été récompensés puisqu’aujourd’hui le club possède un chiffre d’affaires supérieur aux dépenses du club. Avec 692 millions d’euros de chiffre d’affaires, le club enregistre un bénéfice supérieur à 10 millions d’euros lors de l’exercice 2018-2019. Le club permet ainsi à toute la société de City Football Group de se développer un peu partout dans le monde. Peut-on parler d’empire ? Dans ces conditions, oui. Une entreprise qui enregistre des bénéfices grâce à un club principal qui tourne bien sportivement – attention néanmoins aux intentions du fair-play financier -, qui investit dans des clubs de championnats internationaux, pas toujours situés en première division de leur pays qui plus est, semble être impériale.

Carte du monde avec pour repères les villes dans lesquelles est implanté City Football Group

Cette carte réalisée par nos soins est une réponse évidente à “l’empire” dont il est question. Le quadrillage de City Football Group dans le monde est unique. Présent dans tous les continents du monde sauf en Afrique, il tend à se développer encore aujourd’hui. En effet, il est question depuis plusieurs mois d’un rachat du club français de l’AS Nancy-Lorraine par cette même société. Les discussions sont aujourd’hui en suspens à cause de la crise sanitaire que traverse le monde mais, même si le président actuel du club nancéien Jacques Rousselot évoque son inquiétude concernant la vente du club, les négociants émiratis ont tenu à le rassurer : “Il y a encore la volonté de rachat de l’AS Nancy LorraineNous sommes face à une crise mondiale. Il y a aujourd’hui des aspects que nous ne contrôlons pas. Mais nous n’avons pas changé de direction” (propos recueillis par l’Equipe).

Investissements mondiaux et intelligents

“Cette décision marque le développement logique de l’engagement des trois nouveaux propriétaires à participer au développement à long terme du football en Chine”

Site internet officiel de City Football Group, 20 février 2019

La réussite de ce projet footballistique et son rayonnement mondial peuvent être celle d’un homme : Ferran Soriano. Ancien dirigeant au FC Barcelone, il rejoint Manchester City en tant que directeur général le 17 août 2012. Le “City FC” est devenue une véritable marque de reconnaissance dans la sphère de City Football Group. Le bleu-ciel est l’icône de ce projet, quitte à modifier les couleurs originales de certains clubs dans lesquels ils ont investi. Ce rayonnement se traduit par la globalisation puis la localisation d’une marque, ici City FC : un supporter d’un des clubs sous égide CFG aura forcément un lien particulier avec Manchester City. En outre, les investisseurs des Emirats Arabes Unis ne posent pas de l’argent au hasard. Dans l’acquisition du dernier club en date, le Shichuan Jiuniu FC au 20 février 2019, la société CFG y voit l’opportunité de s’accroître sur une terre de football au potentiel immense. Le club estime même qu’il y a “une audience moyenne de 45 millions pour les matchs de Manchester City” en Chine grâce au décompte de douze groupes de supporters citizens en Chine. Les investissements sont par conséquent intelligents et mondiaux. City Football Group ne cherche pas seulement à investir pour réussir mais aussi et surtout à investir pour développer, faire découvrir, et faire aimer le football dans des territoires singuliers pour nous, européens.

Ferran Soriano, directeur général de Manchester City depuis 2012.

Enfin, la volonté d’investir dans des clubs “moins réputés” est voulue et assumée. L’exemple du Club Atletico Torque est flagrant : selon un des dirigeants du City Football Group, investir dans ce club de deuxième division en 2017 était une opportunité de le monter en première division – chose faite en 2018 -, et de proposer une politique sportive vis-à-vis des jeunes joueurs. L’exemple de Luis Suarez et Edinson Cavani est utilisé puisque ces deux joueurs ont disputé leurs premiers matchs en pro dans un club de Montevideo.

La société City Football Group est bel et bien considérée comme un empire. Son influence sur le football mondial est intelligente, stratégique, et réussie. Etendue sur quatre continents, les émiratis ont investi dans des aires de choix avec des capitales mondiales comme Montevideo ou Melbourne, dans des villes mondiales comme New-York, Mumbai et Yokohama, ou dans des régions stratégiques comme la Catalogne avec Girona ou la province de Shichuan en Chine, fière de 80 millions d’habitants. L’investissement du City Football Group dans cette région chinoise est d’ailleurs une sorte de réponse aux relations qu’elle entretient avec les Emirats Arabes Unis puisqu’en 2008, un séisme frappe la région et une grande partie des aides étrangères a été donnée par les EAU.

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