Site icon Café Crème Sport

Les lieutenants du basket épisode 4 : Detlef Schrempf

En cette période sans NBA, le CCS vous propose une série sur les différents lieutenants qui ont marqué l’histoire du basket. Qu’ils soient champions ou non, ils ont grandement contribué au succès de leur équipe, même s’ils n’en n’étaient pas le meilleur joueur. Aujourd’hui, Detlef Schrempf.

Être un parfait lieutenant dans 2 grandes franchises des années 1990, c’est ce dont peut se vanter Detlef Schrempf. L’ailier allemand a, tour à tour, pris une grande place chez les Pacers de Reggie Miller et chez les Sonics de Payton et Kemp. Joueur très complet au QI basket élevé, il est l’un des premiers Européens à avoir marqué les esprits dans la grande Ligue américaine. Il est, par ailleurs, toujours resté fidèle à l’Allemagne et a joué de nombreuses compétitions avec son équipe nationale. Mais s’il est aussi connu, c’est pour ses performances en NBA en tant que 6ème homme de luxe et coéquipier modèle.

Indiana, lieu des premiers coups d’éclats

Drafté par Dallas en 8ème position en 1985, il s’adapte à la NBA pendant ces 4 premières années. Il n’est pas pour autant un joueur avec de grandes lignes de stats. Pourtant, son côté all-around crève les yeux. Schrempf sait tout faire : attaque, défense, playmaking, passe, shoot. En plus de cela, il aime faire le spectacle et régaler le public. En 1989, il est échangé et arrive à Indiana. Chez les Pacers, il est entouré d’un jeune Reggie Miller en pleine ascension et de joueurs comme Chuck Person ou encore Vern Flemming. Dans la campagne de l’Indiana, Schrempf commence vraiment à être un impact player. Il est 6ème homme et son rôle est crucial. Alors que les défenses adverses sont plus concentrées à défendre sur Miller, Schrempf se voit être une alternative plus que fiable au shoot lorsque son arrière est serré de près.

« C’est un des joueurs les plus complets que je n’ai jamais côtoyé. »

Reggie Miller

The Grand Teuton, comme il est appelé, enchaîne les saisons impressionnantes aux côtés de son nouveau leader. Lors de ses 3 premières saisons complètes avec les Pacers (échangé au milieu de la saison 1989), il totalise en moyenne 16,5 points, 8,5 rebonds et plus de 3 passes, avec un pourcentage au tir supérieur à 50%. Il est le joueur principal du banc et se distingue grâce à ses qualités offensives assez dingues.

Detlef Schrempf et son leader, Reggie Miller (crédits : The Point Man/Pinterest)

Déjà, il est un excellent shooteur, muni de long bras, il est donc assez dur de gêner son tir. Assez longiligne et fin, il peut jouer sur les deux postes d’ailier. En 3, il est trop grand pour son défenseur et peut l’agresser au poste en l’enfonçant ou en utilisant un fade-away assez indéfendable.

En 4, il est trop rapide pour le défenseur et peut le crosser avant de finir au cercle. Si la porte se referme devant lui, pas de soucis, c’est qu’un coéquipier est libre et Schrempf se régale de passes « Magic » dans le dos ou derrière la tête. Véritable showman, il sait jouer avec classe et grâce. Cette qualité de passe, mélangée avec son QI basket élevé, permet à l’allemand d’être le playmaker de l’équipe à certains moments. Playmaker sublime et finisseur redoutable… difficile de faire plus complet en attaque.

Même s’il n’a jamais été le défenseur du siècle, sa grande taille lui permet de gêner considérablement les tirs adverses. Sa compréhension du jeu et son sens du placement lui permettent d’être un excellent rebondeur et de soulager son équipe. L’allemand est récompensé de ses bonnes performances par le titre de 6ème homme de l’année en 1991 et en 1992. Et comme un back to back en tant que meilleur 6ème homme, ça mérite une reconnaissance, il est promu titulaire pour sa dernière saison chez les Pacers. Det la menace va complètement assumer ce nouveau statut pour envoyer une saison très sérieuse, une saison de All-Star. Plus de 19 points, 9,5 rebonds et 6 interceptions de moyenne lors de cette année 1992-93. Le lieutenant de Miller accompagne donc ce dernier au All-Star Game, à Salt Lake city. Malheureusement pour ces deux compétiteurs, la saison s’achèvera une fois de plus prématurément en playoffs.

Schrempf est élu 6th man of the Year en 1991 et 1992

Départ pour les Sonics

Ce nouvel échec est le dernier de Schrempf avec les Pacers, il quitte l’Indiana pour l’état de Washington au début de la saison 1993-94. À Seattle, qui n’a aujourd’hui plus de franchise NBA, The Grand Teuton se retrouve dans une équipe très compétitive menée par le duo Payton-Kemp. Cette équipe aussi efficace que spectaculaire, correspond parfaitement à Schrempf, qui en plus de ça noue une relation assez particulière avec Gary Payton. The Glove est connu pour être un trash talkeur incessant, parfois épuisant pour ses adversaires ET coéquipiers. Det ne se laissait pas faire et se chamaillait souvent avec son meneur. Cela a aussi été pour lui comme une motivation pour donner le meilleur à chaque match et chaque entraînement.

« Ce n’était jamais ennuyant à Seattle. Vous savez, Gary et moi, nous avions l’habitude de nous battre beaucoup. Nous sommes de bons amis maintenant mais avant, on se battait tout le temps ».

Detlef Schrempf

Dans cette équipe gorgée de talents, l’Allemand s’adapte parfaitement au système mis en place par George Karl. Il joue désormais principalement poste 3, Shawn Kemp oblige. Solides, les Sonics ne se laissent jamais marcher sur les pieds. En attaque, ils s’appuient sur un duo Payton-Kemp très efficace et spectaculaire. Schrempf a aussi une grande place en l’attaque. Il manie toujours aussi bien le jeu au poste et shoot très proprement. S’il est trop chaud, l’équipe adverse utilise une prise à deux sur lui et libère ainsi des espaces. Mais comme dit précédemment, le QI et la technique de Schrempf fait des merveilles, et Kemp profite beaucoup des brèches crées par son ailier. Combien de fois a-t-on vu Payton servir Schrempf au poste, qui remet à Kemp à l’intérieur ? Un supplice à défendre. Et comme Payton était lui aussi adepte du jeu au poste, face aux meneurs, Schrempf savait quoi faire : écarter le jeu et se placer afin de se retrouver libre avant un tir. Désormais bien entouré en défense avec le meilleur défenseur de l’histoire au poste de meneur, il laisse aussi la chasse aux rebonds à The Reign Man.

Schrempf et Payton défendent sur Barkley (crédits : Swxrightnow.com)

Coéquipier modèle, le discret Allemand est titulaire lors de ses 6 saisons à Seattle. Ce sont 16,6 points, 6,3 rebonds et 4 passes qui vont garnir sa ligne de stats chez les Sonics. Le tout à plus de 50% au tir, évidemment. Les Vert et Or font peur et réalisent de très grosses saisons. En 1994, Seattle a le meilleur bilan de la Ligue et s’avance confiant en playoffs. Mais ce sont les Nuggets, 8ème de la conférence Ouest, qui les sortent au premier tour. Un upset historique, puisque c’est la première fois de l’histoire NBA qu’un 8ème de conférence élimine le leader.

Espoirs de titre

En 1995, le trio Payton-Kemp-Schrempf brille de mille feux. Les 3 sont sélectionnés pour le All-Star Game. Det la menace est même élu dans la All-NBA third team. Pourtant, les Sonics ne se classent que 4èmes de l’Ouest et sont éliminés prématurément par les Lakers, au premier tour. Fâché par ces deux dernières saisons infructueuses, Seattle écrase tout sur son passage lors de la saison 1996. Meilleur bilan à l’Ouest, la franchise du Washington dévore les Kings, les Rockets pourtant double tenants du tire, et le Jazz de Stockton et Malone. Les finales sont entre les mains de Payton, fraîchement élu défenseur de l’année, Schrempf et consort. Mais sans réelle surprise, les Bulls d’un Jordan stratosphérique, accompagné de Rodman et d’un Pippen excellent, enlèvent tout espoir à Seattle.

Les Sonics s’inclinent contre les Bulls lors des Finals de 1996 (crédits : The Seattle Times)

En 1997, les Sonics sont toujours des candidats sérieux à l’Ouest et Shrempf est de nouveau All-Star, pour la 3ème et dernière fois de sa carrière. Mais, cette fois, ils se font sortir par les Rockets en demi-finale de conférence. À l’orée de la saison 1998, le visage de la franchise change, Kemp est tradé et rejoint Cleveland. Seattle se hisse en demi-finale de conférence mais est encore éliminé. Par les Lakers cette fois.

Fin de carrière

S’en suit des années de galère pour Schrempf et ses coéquipiers. L’Allemand de 37 ans rejoint alors Portland au début de la saison 1999-00. Il y retrouve Scottie Pippen, Rasheed Wallace ou encore Steve Smith. Désormais loin de son meilleur niveau, il apporte tout de même sa science du jeu à cette équipe très collective qui atteint les finales de conférence, à la surprise générale. Mais le duo des Lakers, Shaq et Kobe, brisent les rêves des Blazers en 7 matchs. La saison suivante est la dernière de Detlef Schrempf en NBA. Portland échoue au premier tour de post-season et The Grand Teuton abandonne définitivement ses espoirs de titre.

« Gary Payton et Shawn Kemp étaient phénoménaux mais Detlef Schrempf avait aussi un rôle majeur dans cette équipe »

Grant Hill

Jamais bagué mais toujours placé, Detlef Schrempf aura marqué l’histoire de la NBA en étant un des premiers Européens à avoir réussi sur les parquets américains. Respecté par tous, son sens du spectacle, son efficacité au tir et sa polyvalence auront été ses grandes qualités lors de ses 17 saisons. Un coéquipier discret mais diablement important qui laissait la lumière à son franchise player. En bref, un vrai lieutenant, qui aurait tout donné pour son équipe.

Quitter la version mobile