Pour tous les amateurs de cyclisme, le mois de mai rime habituellement avec l’arrivée du premier grand tour de la saison, le Giro. Pour cette année, pas de Tour d’Italie en cette fin de printemps. Mais le CCS a tout prévu ! A travers divers épisodes, nous retracerons le parcours de coureurs qui ont fait l’histoire de cette course mythique. Aujourd’hui, second épisode avec Alessandro Petacchi.
Alessandro Petacchi est un cycliste italien né le 3 janvier 1974 dans la ville de La Spezia. Ce sprinteur commence sa carrière amateur en 1993. Pendant près de trois ans, il remporte une soixantaine de courses. C’est lors de l’année 1996 qu’il passe professionnel. A 22 ans, il intègre l’équipe italienne de la Scrigno-Blue Storm. Au sein de cette formation, il remporte son premier succès durant le Tour de Langkawi en 1998. Quelques mois plus tard, il participe à son premier Tour d’Italie, sans le terminer, en abandonnant lors de la dix-huitième étape. C’est lors de la saison 1999 qu’il commence à se faire remarquer en réalisant quelques tops 10 durant les sprints massifs du Giro.
Nouveau statut chez la Fassa Bortolo
2000 est un tournant pour celui que l’on surnomme « Ale Jet ». Après quatre ans de bons et loyaux services au sein de la même formation, il rejoint la célèbre Fassa Bortolo. Cette équipe vient alors de naître et les dirigeants cherchent dans leur effectif un mélange d’expérience et de jeunesse. Son arrivée dans cette nouvelle formation lui permet de progresser, notamment au côté d’un sprinteur expérimenté comme Fabio Baldato, vainqueur d’étapes sur les trois grands tours. Il participe une nouvelle fois au Giro, mais en tant qu’équipier, aidant le russe Dimitri Konyshev pour les sprints massifs. Ses premiers succès sur un grand tour interviennent quelques mois plus tard, sur les routes de la Vuelta. Aidé notamment par Baldato, il remporte deux étapes. Ces victoires lui permettent de revenir la saison suivante avec un autre statut au sein de son équipe. Il participe alors au Tour de France, mais ne remporte aucune étape.
Petacchi roi du sprint
Le Giro 2003 sonne comme un passage de témoin. C’est lors de cette édition que le légendaire Mario Cipollini remporte ses deux dernières étapes sur son tour national (avec un total de quarante-deux, il est le recordman de la course). Mais un autre sprinteur italien va venir éclabousser cette édition de son talent : Alessandro Petacchi. Maillot rose durant six jours, il remporte six étapes en dominant la majorité des sprints massifs. Un abandon lors de la dix-huitième étape l’empêche de gagner le classement par points qu’il dominait aisément. Quelques semaines plus tard, il retourne pour la seconde fois de sa carrière sur le Tour de France. Malgré un abandon au bout du septième jour de course, il remporte un total de quatre étapes.
En aout, il participe à son troisième grand tour de la saison et lève les bras à cinq reprises (une fois de plus, il ne l’avait pas terminé). Au total, Petacchi termine son année 2003 avec quinze victoires d’étapes sur les grands tours ! Un chiffre incroyable, qui reste encore aujourd’hui un record. En une seule saison, il met toute la planète cyclisme d’accord et devient une des têtes d’affiche du peloton. On se dit alors qu’il sera difficile pour l’italien de refaire une saison de ce niveau.
En 2004, il s’aligne bien évidemment sur le Giro. Durant trois semaines, il met en place une véritable dictature lors des sprints massifs. L’italien s’impose neuf fois, n’en laissant que deux à Robbie McEwen et l’Américain Fred Rodriguez. Avec cette performance exceptionnelle, il devient le second coureur à gagner le plus d’étapes sur une même édition du Giro, depuis le légendaire Alfredo Binda en 1927 (douze victoires). Petacchi continue sa saison en s’alignant une nouvelle fois sur le Tour et la Vuelta (où il gagne quatre fois). En 2005, il remporte un monument du cyclisme pour la première fois de sa carrière : Milan-San Remo. Une année encore fructueuse pour Ale Jet avec neuf victoires sur les grands tours (dont quatre sur le Giro). Cette saison marque la fin de la Fassa Bortolo et 6 ans de collaboration entre la formation italienne et Petacchi qui ont vu le sprinteur établir des performances historiques.

Années difficiles
Contraint de changer d’équipe, il atterrit chez les Allemands de la Milram. Après une deuxième place sur Milan-San Remo, il revient comme à son habitude sur le Giro… pas pour longtemps. Durant la troisième étape, il se fracture la rotule et abandonne. Remis de sa blessure, Petacchi revient sur la Vuelta et aide son coéquipier Erik Zabel à l’emporter à deux reprises. Il voit en 2007 ses cinq victoires d’étapes sur le Tour d’Italie annulées à la suite d’un contrôle positif au sabutanol. Il est alors suspendu par le Tribunal arbitral du sport. De retour en 2009 sur le Giro, Petacchi remporte deux étapes.
Maillot vert sur le Tour de France et fin de carrière
Pour la saison 2010, Alessandro Petacchi s’engage avec la formation italienne de la Lampre. Il participe une nouvelle fois au Giro mais abandonne à la huitième étape. Après 6 ans sans participer au Tour de France, il revient sur la Grande Boucle. Durant 3 semaines, il fait preuve d’une très grande régularité. En plus de deux belles victoires d’étapes, il remporte le maillot vert. Dans cette course aux points, il devance de seulement onze unités le phénomène Cavendish (cinq victoires sur ce Tour).
À l’âge de 36 ans, il devient l’un des rares coureurs à avoir remporté le classement par points sur les 3 grands tours. Il rejoint ce club très fermé composé de Eddy Merck, Djamolidine Abdoujaparov et le français Laurent Jalabert (quelques années plus tard, Cavendish y fait également son entrée). L’italien écrit une nouvelle fois son nom dans le livre des records. En 2011, il remporte une dernière étape sur un grand tour, le Giro, la course qui a fait de lui un immense coureur. C’est en 2015 qu’il décide de prendre sa retraite.

Alessandro Petacchi est l’un des grands sprinteurs des années 2000. C’est à la Fassa Bortolo qu’il écrit les plus belles pages de sa carrière. Durant ses 19 années professionnelles, il a remporté pas moins de quarante-huit étapes sur les grands tours. En plus de cela, il a su montrer une grande régularité en s’adjugeant les classements par points. Si sa carrière a une grande longévité, ce sont bien les trois saisons de 2003 à 2005 qui l’on fait rentrer dans la légende du cyclisme.