“André Villas Boas est le coach de l’OM et j’éspère qu’il le sera pour encore de nombreuses années.” Ces mots de Jacques Henri Eyraud prononcés sur RMC il y a 48 heures sont symboliques de la peur qui terrorise l’ensemble des suiveurs du club phocéen. Les supporters marseillais s’accordent tous, sans exception : Villas-Boas est l’entraîneur qu’il faut au Vélodrome. Et au CCS, on est assez d’accord.
Comment a-t-on pu en arriver là? Alors que l’OM vit sa meilleure saison depuis l’arrivée de Fracnk McCourt, le club n’est pas loin de n’avoir jamais été autant en crise. Crise financière, flou autour d’une possible vente du club, directeur sportif et directeur du scouting débarqué, et coach à deux doigts d’un départ… Le futur d’André Villas-Boas dans le sud de la France semble flou, comme le concède encore Jacques-Henri Eyraud : “Il a évoqué un doute fort sur sa capacité à vouloir continuer sans Andoni Zubizarreta au sein du club aujourd’hui.” En effet, après avoir à plusieurs reprises attaché son futur à celui de l’Espagnol, le coach Portugais semble à même de tenir ses promesses. Pourtant, l’ex du Zénit a tout réussi cette saison. Petit retour sur tout ce qu’à apporté AVB sur la cannebière.
Réussir à enfin avoir des résultats.
C’est là la première réussite d’AVB. Les résultats. Ce qu’à toujours clamé Rudi Garcia, sans jamais réussir à les obtenir. C’était sa première promesse, en arrivant en Mai dernier : “Je vais donner ma vie pour mettre l’OM à la hauteur du maillot et du club. Les résultats vont parler.” Promesse tenue : qualifié pour la première fois depuis 7 ans en Ligue des Champions, les marseillais ont vibré comme jamais ils n’avaient vibré depuis Bielsa. Et pour cause : victoire contre les rivaux (Lyon, Lille), peu de points perdus contre les petites équipes, et une équipe qui ne lâche rien, qui apparaît comme ambitieuse et acharnée. Côté tactique, pas de folie : 4e meilleure attaque, 7e meilleure défense, le pragmatisme paie. Pas de style de jeu prédéfini : on s’adapte à l’adversaire. Capable de jouer bas comme de presser haut, d’attaquer centralement comme de multiplier des centres, de chercher la profondeur comme de combiner avec Benedetto, l’OM d’AVB n’est pas prévisible. En utilisant au mieux les forces de ses meilleurs joueurs : Payet, Kamara, Benedetto, AVB a su tirer le meilleur de son effectif. Mieux, il a su relancer Amavi, Sanson, se servir de Germain, de Sarr. En bref, il a su faire confiance en ses joueurs.

L’exemple de Dimitri Payet est l’un des plus criants de la gestion affective et tactique des joueurs par le coach Portugais. En le plaçant sur l’aile gauche, il lui laisse la liberté d’être le plus créatif et vertical possible. En utilisant Sanson sur le côté gauche du milieu, capable de prendre la profondeur et le côté, et Amavi, lui aussi capable de monter en centrer, AVB donne la possibilité à Payet de se recentrer. Avec sa capacité de 1 contre 1, de frappe, de résistance au pressing et de passe, notamment de l’extérieur du pied, Payet est placé dans les meilleures conditions pour briller. Et le réunionnais le rend bien au Portugais, en livrant sa meilleure saison depuis plusieurs années.
L’entente avec Andoni Zubizarreta, à la base des bons résultats.
L’un des grands problèmes de l’OM version McCourt, ce sont les luttes de pouvoir au sein du club. Entre Rudi Garcia, Jacques-Henri Eyraud et Andoni Zubizarretta, sans oublier le propriétaire américain, le pouvoir ne pouvait être réparti équitablement. Par exemple, Garcia a souvent marché sur les platebandes de “Zubi”: imposer ses anciens joueurs, refuser les propositions de son directeur sportif, et certains transferts “folkloriques”, comme Sertic. Mais cela semblait être réglé : avec AVB, Zubi avait réussi ses paris : Rongier, Alvaro, Benedetto, trois joueurs majeurs du 11 marseillais cette saison.

Trois joueurs sans qui l’OM aurait énormément galéré: avec un effectif limité en qualité et en quantité (ce qui a mené AVB a intégrer plusieurs jeunes), le club phocéen a tout de même réussi à profiter de la méforme des autres grands clubs Français. Le coach a su plier, plier sous le poids des restrictions budgétaires, en validant les transferts proposés par son directeur sportif, en étudiant des profils pouvant apporter une plus-value. En somme, l’ex coach de Chelsea a réussi à établir une direction: avancer, avoir des résultats tout en acceptant le déficit budgétaire du club. Que demander de mieux ?
L’antithèse de Rudi Garcia.
Au sortir d’une histoire compliquée avec Rudi Garcia, les supporters olympiens avaient besoin d’une nouvelle passion. Un nouvel amour, un nouvel allant pour le club qu’il aiment tant. Et ce vide a été comblé par le technicien Portugais, qui a su être l’opposé de ce qu’était Rudi Garcia. Une communication franche, et ce dès le départ, a su séduire les supporters. Déjà, en affirmant que malgré son amour inconditionnel pour Porto, il donnerait tout pour l’OM. Cette franchise, cette honnêteté, l’ex de Chelsea va le conserver : sans se cacher, en parlant de jeu, dans problèmes liés aux finances du club, AVB laissera transparaître une certaine franchise, une certaine proximité avec les supporters. De plus, à plusieurs reprises, il a su se mettre en avant afin de protéger le club et surtout ses joueurs. Duje Caleta-Car confiait par exemple se sentir “en sécurité” sous AVB, et que cela s’en ressentait dans sa manière de joueurs. D’autant plus qu’André Villas-Boas maîtrise désormais très bien le Français, ce qui lui permet de briller en conférence de presse, de communiquer habilement avec les joueurs. Proche des joueurs, proche des supporters, mais surtout proche d’un départ…

En effet, si AVB est amené à quitter le navire, il faudra désigner un autre capitaine. Qui va enfiler la casquette ? Les rumeurs fusent, avec plus ou moins de fond : Heinze, Pocchetino, Favre, Sven Goran Eriksson, et même dernièrement… Bruno Génésio. Sans revenir sur la véracité des rumeurs, il faut se rendre compte de la situation actuelle du vainqueur de la LDC 1993 : aujourd’hui, André Villas Boas coûte 350 000 euros par mois. Pochettino, à Tottenham, touchait presque 1M par mois. Favre est aux alentours de 500 000 euros. La réalité est beaucoup plus dure que le fantasme, et vouloir attirer un nom à bas prix relève plus du rêve. En ce sens, l’OM doit faire le bilan : peuvent-ils attirer un nom aussi efficace, aussi “peu onéreux”, et aussi connu que celui d’André Villas-Boas ? Sans même évoquer son attachement au club et le travail effectué …
Aujourd’hui, l’OM est dans un marasme certain: ses dirigeants ne sont pas convaincants, son effectif est limité, et l’une des seules éclaircies était son coach. Entre résultats, honnêteté et travail, sa bonne entente avec les joueurs et les supporters ne pourrait que faire regretter son départ aux observateurs de la Ligue 1. Et puis surtout, personne n’as envie de revoir Bruno Génésio en Ligue 1…