Évènements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. Alors que les incertitudes planent toujours autour de la reprise de la NBA, la draft est toujours au programme et ce, malgré l’interruption du championnat universitaire ainsi que l’annulation de la célèbre March Madness. S’il semble logique que la date sera déplacée en fonction de la reprise ou non du championnat, la draft NBA 2020 aura bien lieu. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects du pays. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.
SADDIQ BEY

Date de naissance : 9 avril 1999 – Classe : Sophomore
Université : Villanova Wildcats (Big East) – Bilan 2019/2020 : 24v/7d
Poste : Ailier (#41)
Mensurations*
Taille : 203 cm – Poids : 97 kg – Envergure : 208 cm (non-officiel)
(source : sport-reference.com)
Statistiques saison
31 matchs joués // 16,1 pts // 4,7 reb // 2,4 ast // 0,8 stl // 0,4 blk
33,9 minutes joués/match // 47,7% FG // 45,1% 3Pts // 76,9% FT // 1,5 Tov // 2,5 PF
PROFIL
Sous les ordres de Jay Wright, les années se ressemblent pour les Wildacts de Villanova. Une nouvelle saison à plus de 20 victoires, aucune défaite réellement embarrassante et une première place de la Big East partagée avec Creighton et Seton Hall : la routine pour Nova. Bien évidemment, tout ne fût pas rose cette saison. Avec le départ de plusieurs cadres cet été, les Wildcats ont eu du mal à se mettre en marche. Résultat, ils affichent le plus faible total de victoires du programme depuis l’exercice 2012-2013. Mais Jay Wright impose toujours aussi bien sa patte et parvient chaque année à renouveler son effectif pour rendre le programme de Nova compétitif. Si le début de saison était branché sur le courant alternatif, les Wildcats ont fait preuve de résilience pour terminer la saison régulière avec une fiche de 7 victoires pour 1 seule défaite. De bons augures pour le tournoi de la Big East avant la suspension, puis l’annulation des compétitions universitaires. Leur classement le plus élevé dans le sondage Associated Press date du 27 janvier lorsque Nova se classe au 8ème rang du pays. Ce classement est dû à la séquence de 7 victoires consécutives pour commencer 2020, dont des victoires contre Butler et Providence. Mais le point culminant de la saison des Wildcats a été rapidement suivi de leur point le plus bas : trois défaites consécutives contre Creighton, Butler et Seton Hall. En ce qui concerne les joueurs, les satisfactions vont de paires avec les déceptions. La recrue 5 étoiles, Jeremia Robinson-Earl réalise une saison proche du double-double (10,5pts/9,4reb) mais a globalement déçu les observateurs, notamment avec sa prestation contre Creighton et son triste 0/7 au tir. Néanmoins, Nova peut compter sur Jay Wright pour faire émerger des talents cachés. Mentionnons évidemment le meneur local, Collin Gilepsie qui, en plus d’avoir augmenté son temps de jeu et toutes stats, a pris en main l’organisation offensive des Wildcats avec brio. Mais la véritable satisfaction chez Nova n’est nul autre que notre sujet du jour : Saddiq Bey.
Après avoir fait ses armes lycéennes dans son Maryland natal, avec DeMatha puis Sidwell Friends, Bey arrive à l’été 2018 à Villanova avec le statut de 83ème joueur de sa classe. Au cours d’une première saison solide mais sans éclat, Saddiq Bey tourne à 8,2 points par match et 5,1 rebonds. Il débute 29 des 36 matchs de la saison avec plus de 29 minutes par match. Une régularité qui lui vaudra d’être élu dans la première équipe des joueurs de première année de la Big East. Un très bon début, mais insuffisant pour se présenter à la draft 2019, surtout lorsqu’on a l’occasion d’apprendre dans un programme comme celui de Villanova. Saddiq Bey a montré une progression exceptionnelle entre sa première et sa seconde année. L’élément le plus révélateur est évidemment sa moyenne de point par match, passant de 8,2 à 16,1 ! En une saison, il est passé de role player à vedette du programme, première option offensive. Une ascension typique signée Jay Wright. Le sophomore reçoit le Prix Julius Erving 2020, récompensant le meilleur ailier du pays, le trophée Robert V. Geasay, récompensant le meilleur joueur du Big 5 de Philadelphie et également choisi à l’unanimité parmi la première équipe de la Big East. Une progression fulgurante et une reconnaissance grandissante qui font de Saddiq Bey, aujourd’hui, un potentiel lottery pick.
Saddiq Bey est probablement le défenseur le plus polyvalent de cette draft. Sans contestation possible, l’ailier était le meilleur défenseur de Villanova qui termine la saison au 36ème rang du pays et au 2ème de la Conférence en termes d’efficacité défensive. Bey possède un physique déjà formé et nous en reparlerons. Avec ses 2 mètres 03, ses 87 kilos et sa belle envergure de presque 2 mètres 10, le sophomore est capable de gêner des adversaires du poste 1 à 3, voir 4. Durant toute la saison, Saddiq Bey a eu la charge difficile de garder les meilleurs extérieurs adverses : Markus Howard de Marquette, Myles Powell de Seton Hall ou encore Devon Dotson de Kansas… Du beau monde. Grâce à son agilité et sa science de placement, Bey a réussi à sortir de nombreuses grosses séquences défensives. Avec un combo rotation des hanches rapide plus longueur des bras, le joueur de Villanova peut contenir des arrières virevoltants mais peut aussi switcher sur les écrans tout en gênant quelques intérieurs grâce à de bons mouvements du corps. Saddiq Bey peut donc tenir les meneurs comme rivaliser avec des intérieurs un peu lents. L’autre atout principal du prospect est clair : un tir extérieur létal. Avec 5,6 tentatives à 3pts par match, Saddiq Bey affiche un taux de réussite de 45% ! Alors qu’il plafonnait à 37,4% la saison dernière, la sophomore a montré des progrès considérables dans ce secteur du jeu. Avec une mécanique propre et terriblement efficace, Bey s’est révélé excellent sur les séquences de catch-and-shoot. S’il ne parvient pas encore à créer son propre tir extérieur, il y a de grandes chances qu’il travaille dans ce secteur pour étoffer sa palette offensive. Autre secteur intéressant chez Saddiq Bey : son potentiel en tant qu’organisateur. Bien évidemment, ce domaine n’est pas aussi développé que les deux autres, mais il constitue la principale piste d’amélioration et de satisfaction pour ce prospect. Saddiq Bey a montré de réelles capacités dans ce domaine. Il est capable de trouver le poseur d’écran s’il n’est pas suivi, d’effectuer des passes croisées sur le dribble ou de trouver des coéquipiers oubliés sur les extérieurs. De belles perspectives dans l’organisation qui peuvent être développées.
Mais des inquiétudes planent autour de Saddiq Bey : quel est son plafond ? Son réel potentiel ? A-t-il une marge de progression physique ? Pour beaucoup d’observateurs, Bey a atteint son potentiel physique maximum. Et s’il parvient à être efficace en défense pour le moment, certaines limites athlétiques l’empêchent de développer son jeu offensif. Saddiq Bey manque de grande fluidité dans ses déplacements et n’excelle pas dans les courses ou les sauts. Résultat : Bey ne possède pas un dribble et un premier pas explosif bloquant ses capacités à finir près du cercle. Des défauts dans la course, avec un manque de vitesse et de longueur des pas, condamnent ses facultés de pénétration. S’il souhaite passer un cap en NBA, Saddiq Bey devra être capable de faire payer les défenses qui le bloqueront à l’extérieur. Il est capable de passer un défenseur à l’épaule et se frayer un chemin vers le panier. Cependant sans explosivité, ses efforts de démarquage peuvent être bâclés… Si Bey ne deviendra probablement jamais un slasher explosif, il peut travailler sur la longueur de ses foulées pour finir au cercle. Ce manque d’athlétisme, ou du moins de plafond athlétique, handicapera également sa défense sur le long terme. Si ses capacités défensives sont excellentes, ce sera compliqué pour lui de faire mieux. Statistiquement, Saddiq Bey n’a pas montré qu’il était en mesure de provoquer des revirements ou de capter des rebonds de manière efficace.
Une progression impressionnante et un profil très séduisant, voilà les arguments de Saddiq Bey. Polyvalent en défense, tireur d’élite en attaque, Bey possède toutes les qualités pour être un 3&D parfaitement efficace dès son arrivé en NBA. Mais voilà, difficile d’évaluer sa réelle marge de progression. Ses limites athlétiques semblent le priver d’une réelle efficacité près du cercle. Il pourra travailler sur ses foulées, mais la version NCAA de Saddiq Bey est peut-être la meilleure que nous puissions voir. Dans tous les cas, son profil rare et précieux sera prisé lors de la prochaine draft.
✔️ FORCES
- Défenseur polyvalent.
- Excellente adresse à trois point (45% sur 5,6 tentatives/match)
- Rotation des hanches, lucidité defensive.
- Switch sur P&R, contestation des tirs.
- Positionnement défensif.
- Longueur des bras.
- Physique calibré NBA.
- Très bon sur catch and shoot.
- Vision du jeu en développement.
- Potentiel en organisation.
- NBA ready.
❌ FAIBLESSES
- Plafond atteint ?
- Limites athlétiques.
- Explosivité.
- Courses et sauts.
- Longueur de la foulée.
- Création du tir.
- Potentiel limité mais à montrer de grosses capacités de progression.
- Finition près du cercle.
PRÉDICTION DRAFT 2020
Premier tour (places 15-25)
Hypothèse : #16 – Minnesota Timberwolves
Avec un potentiel 16ème choix, les Wolves pourraient voir en Saddiq Bey un 3&D de qualité près à être efficace dès sa première année NBA. Minnesota possède déjà deux grosses options offensives avec D-Lo et Kat, et Bey pourrait venir apporter du spacing et de la défense dans le cinq majeur rapidement. Peu de concurrence à ce poste chez les Wolves, et un rôle à la Covington (en plus petit) lui irait à merveille. Le feat marche bien. Mais le profil de 3&D a une grosse côte dans la NBA moderne, une franchise comme Portland en 14ème position ou plus loin, Memphis pourrait bien saisir l’occasion.
NOTE DU CCS

On ne le répétera jamais assez mais les profils sont d’une importance cruciale lorsque l’on aborde le sujet de la draft. Ils peuvent aussi bien faire chuter le prospect comme le propulser à une place qu’il n’est pas censé mériter. Un 3&D en puissance comme Saddiq Bey aura la côte, c’est une certitude. Toutes les questions résident sur son réel potentiel. S’il parvient à améliorer sa foulée, son dribble et sa vision du jeu… Saddiq Bey pourrait bien être la bonne surprise de cette draft, encore une. Pas pour rien que certains médias le considèrent comme l’un des prospects les plus sous-estimés de cette année…
Retrouvez ici les derniers profils de la Draft NBA 2020 :