Évènements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. Alors que les incertitudes planent toujours autour de la reprise de la NBA, la draft est toujours au programme et ce, malgré l’interruption du championnat universitaire ainsi que l’annulation de la célèbre March Madness. S’il semble logique que la date sera déplacée en fonction de la reprise ou non du championnat, la draft NBA 2020 aura bien lieu. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects du pays. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.
OBADIAH « OBI » TOPPIN

Date de naissance : 4 mars 1998 – Classe : Sophomore(redshirt)
Université : Dayton Flyers (Atlantic-10) – Bilan 2019/2020 : 29v/2d
Poste : Ailier-fort/Ailier (#1)
Mensurations*
Taille : 206 cm – Poids : 99 kg – Envergure : 218 cm (non-officiel)
(source : sport-reference.com)
Statistiques saison
31 matchs joués // 20 pts // 7,5 reb // 2,2 ast // 1 stl // 1,2 blk
31,6 minutes joués/match // 63,3% FG // 39% 3Pts // 70,2% FT // 2,2 Tov // 1,6 PF
PROFIL
Connaissez-vous ce genre d’histoire où tout commence dans l’agonie avant de terminer en pleine lumière ? C’est un peu l’histoire de la ville et des habitants de Dayton. Le 25 mai 2019, Dayton se retrouve sous le feu des médias lorsque des membres du KKK se rassemblent dans le centre-ville. Quelques jours plus tard, le 28 mai, une série de tornades dévastatrices détruit tout sur leur passage dans la ville de Dayton. Le 4 août, une tragédie secoue de nouveau la ville lorsqu’une tuerie de masse coûte la vie à 9 personnes et blesse des dizaines d’autres. Dayton est traumatisé, l’exposition médiatique s’envole aussi rapidement qu’elle est venue, mais la douleur reste. Arrive alors novembre, saison de la reprise du basket universitaire et l’occasion de se changer les idées. Anthony Grant, ancien coach assistant du Thunder, entame sa troisième saison avec les Flyers. Lorsqu’il prend les rênes du programme en 2017, Grant a la tâche difficile de faire oublier Archie Miller. Victime de son succès, Miller prend la direction d’Indiana, lui qui avait réussi à faire de Dayton une équipe durable et compétitive en la qualifiant au Tournoi NCAA quatre années consécutives.
Après une première année de transition difficile (9ème de l’A-10), Grant et les Flyers ont obtenu la 3ème place de leur Conférence avant d’échouer au premier tour du tournoi NIT et rater la qualification pour le tournoi final. Cette saison, les analystes prévoyaient un destin similaire pour Dayton. Mais rapidement, lors du Maui Invitational Tournament, tout le monde s’est aperçu que cette équipe avait quelque chose de spécial. Dayton balaye Georgia et Virginia Tech aux premiers tours avant d’affronter l’énorme programme de Kansas en finale. Dans un match qui est assurément l’un des meilleurs de la saison, les Flyers tiennent tête aux Jayhawks avant de s’incliner en prolongation 90-84. Dayton enchaîne les victoires jusqu’au 21 décembre où les Buffaloes du Colorado brise le cœur des fans, The Flyer Faithful, sur un buzzer beater en prolongation de D’Shawn Schwartz. Cette seconde défaite sera la dernière de la saison pour les Flyers. Dayton termine la saison avec un bilan global de 29-2, seule équipe du pays n’ayant pas perdu lors du temps réglementaire, et surtout invaincu dans l’A-10, 18-0. Troisième du classement final AP, Dayton était l’un des programmes favoris pour le titre 2019-2020. L’insider de Sportsline, Jerry Palm, a réalisé une simulation informatique pour le tournoi NCCA et c’est Dayton qui soulève le trophée.
Si les Flyers ont atteint un tel niveau cette saison, c’est en grande partie grâce à notre prospect du jour : Obi Toppin. Son parcours est pour le moins atypique. Après être passé avec les lycées d’Heritage et de Melbourne Central Catholic en Floride, il termine son cursus à Ossining. Malheureusement, Obi Toppin ne reçoit aucune offre NCAA en Division I. Il dispute alors une année supplémentaire au lycée, à Mt. Zion Prep dans le Maryland où il termine avec 17 points, 8 rebonds et 4 passes décisives par match. En 2017, Toppin s’engage avec Dayton mais il est logiquement déclaré inéligible pour la saison, une année redshirt. L’ailier-fort débute donc officiellement avec les Flyers lors de la saison 2018-2019 où il tourne à 14,4 points et 5,6 rebonds en moyenne par match. Toppin remporte le titre de recrue de l’année de l’A-10 et il est nommé dans la première équipe de la Conférence, devenant la première recrue depuis Lamar Odom en 1999 à accéder à ce statut. Obi se présente à la draft 2019 mais passe sous les radars et doit retirer son nom. Lors de la présaison 2019-2020, Toppin est classé 44ème meilleur joueur de NCAA et 24ème dans la perspective de la draft 2020. Mais rapidement, les observateurs détectent le talent du garçon qui s’impose comme le leader offensif d’une équipe prétendante au titre. Avec des moyennes de 20 points et 7,5 rebonds par match, Obi Toppin est logiquement nommé dans la première équipe de sa Conférence et remporte le titre de meilleur joueur de l’A-10. Dès lors, les récompenses pleuvent pour Toppin : le prix Karl Malone (meilleur attaquant NCAA), sélection dans la première équipe All-American, Player of the Year NCAA, joueur de l’année pour l’AP, Trophée Oscar Robertson, etc… Du joueur boudé par les universités à potentiel first pick, Obi Toppin est à l’image de la saison de Dayton : un symbole de résilience.
Les systèmes offensifs mis en place par Grant sont peut-être les plus proches des schémas de la NBA moderne au niveau universitaire, et la raison s’appelle : Obi Toppin. Une grosse détente verticale, de l’explosivité et une belle polyvalence offensive, font de l’ailier des Flyers un attaquant redoutable en NCAA dont les qualités peuvent facilement se projeter en NBA. Physiquement d’abord, Toppin est capable de rivaliser avec les postes 3 et 4 de la NBA. Avec son cadre développé, mais doit être encore renforcé, et son envergure impressionnante (plus de 2 mètres 10), l’ailier des Flyers s’est démarqué pour ses qualités de finisseur aérien et de contreur dynamique. En effet, Toppin exploite merveilleusement bien ses qualités physiques en les combinant avec une grosse explosivité sur la prise d’appuis au sol, sur un ou deux pieds. Sa capacité à finir les lobes est surprenante, que ce soit dans le trafic ou en transition, et cela semble être la qualité qu’il pourra exploiter au mieux au niveau supérieur. Mais ne vous y trompez pas, Obi Toppin est loin d’être unidimensionnel. Il possède un jeu au post tout à fait intéressant au niveau universitaire, où il utilise sa force et son envergure pour enfoncer ou contourner ses adversaires. Les fondamentaux sont bien développés au post-up mais il devra probablement étoffer sa palette de finition pour être efficace dans ce secteur en NBA, même s’il possède déjà un jolie touché. L’autre domaine qui le démarque de la concurrence est son efficacité sur les picks. Obi Toppin est un excellent joueur sur les pick and roll et les pick and pop. Il exploite très bien les espaces verticaux et horizontaux pour naviguer dans les défenses sans ballon. Toppin utilise ses grandes jambes et son explosivité pour prendre de vitesse ses adversaires après avoir posé de solides écrans. Même loin de l’action, ses coupes vers le panier sont souvent létales, c’est un excellent cutter. Point essentiel de sa renommée : son shoot longue distance qu’il adore utiliser sur les pick and pop. Avec un taux de réussite de 39% à 3pts sur 2,6 tentatives par match, Toppin possède une arme essentielle pour exister en tant qu’intérieur dans la NBA moderne. Même s’il n’est pas capable de créer son propre tir extérieur, sa progression constante pourrait changer la donne. Sa mécanique de tir est plutôt bien huilée avec une libération un peu basse mais plutôt rapide et fluide pour son gabarit.
En défense, Obi Toppin a été un joueur solide dans l’ensemble pendant ses deux années universitaires. Il a montré une belle concentration, une bonne maîtrise des fondamentaux et une lecture juste des trajectoires sur les contres. En revanche, il s’agit bien là du secteur où Toppin devra s’améliorer. Il a un pas lourd et sa coordination sur les déplacements verticaux s’est montrée un peu hasardeuse. Son footwork dans les espaces réduits n’est pas optimal que ce soit avec ou sans ballon. De même, si Toppin a montré une belle progression sur son dribble, il n’est pas encore mesure de se débarrasser de ses adversaires directs sans utiliser sa puissance physique. Compte tenu de ses dimensions physiques Toppin n’est pas non plus excellent rebondeur, ni défensif et ni offensif. Là encore, c’est son jeu de jambe qui semble responsable… Rien de bien préoccupant mais cela reste des pistes d’améliorations. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une critique, les pistes d’améliorations sont considérées comme un marqueur de potentiel. Obi Toppin a montré des choses intéressantes dans l’organisation, la vision du jeu et la distribution. Il possède une belle perception des espaces, lit très vite les prises à deux ou les coupes de ses coéquipiers ligne de fond. De belles perspectives dans ce secteur qui peuvent conditionner son potentiel final.
Dernier point, et non des moindres : le mental. Son parcours atypique et sa grande progression entre la première et la seconde année semblent indiquer qu’Obi Toppin possède une éthique de travail rigoureuse et une certaine intelligence. Ce n’est pas négligeable. Il a réussi à s’adapter à son passage de l’ombre à lumière, passant d’un inconnu à la vedette d’un programme favori au titre. Son entente avec Anthony Grant était remarquable, Toppin semble facilement coachable et orienter vers la réussite de l’équipe.
Obi Toppin incarne à lui seul la persévérance made in USA. Boudé par la NCAA il y a 3 ans, puis projeté au second tour de la draft 2020 au cours de l’été dernier, l’ailier des Flyers est aujourd’hui attendu dans le Top 5. Athlétique, explosif, capable de shooter à 3pts… Obi Toppin est peut-être l’attaquant le plus complet de cette draft. Dans cette cuvée où la majorité des joueurs seront recrutés sur leur potentiel, Obi Toppin se distingue par sa capacité certaine à impacté le jeu dès son entrée dans la ligue. Le choix le plus sûr, sans aucun doute.
✔️ FORCES
- Athlétisme, dimensions physiques.
- Détente verticale, finition au-dessus du cercle.
- Scoreur 3 niveaux.
- Tir extérieur, capacité à espacer le jeu.
- Explosivité, en défense et en attaque.
- Excellent sur pick and roll et sur pick and pop.
- Bon jeu au post-up.
- Longueur des bras.
- Bon contreur.
- Bonne défense intérieur.
- Vision du jeu en développement.
- Potentiel en organisation.
- NBA ready.
- Leader.
- Facilement coachable.
- Éthique de travail et rigueur.
❌ FAIBLESSES
- Âge…
- Coordination défensive.
- Dribbles.
- Jeu de jambe peu cohérent, notamment en défense.
- Mauvais rebondeur.
- Défense extérieur sur les switchs.
- Mouvements au post à développer (utilise quasi exclusivement son hook).
- Création de tir.
- Doit s’améliorer au lancer.
- Potentiel réel.
PRÉDICTION DRAFT 2020
Premier tour (Top 10)
Hypothèse : #2 – Cleveland Cavaliers
J’ai envie de croire que les Cavs feront abstraction de son âge et qu’ils permettront à Toppin de rester dans l’Ohio. L’effectif de Cleveland pour la saison prochaine est une grande énigme. Seuls les jeunes joueurs ne semblent pas avoir leur ticket de départ : Garland, Porter Jr., Sexton. Des extérieurs qui manquent de maturité et dont les profils pourraient parfaitement coïncider avec les forces d’Obi Toppin. Bien évidemment, ils devront partager le ballon, mais Toppin en est capable et pourrait même donner l’exemple. Si les Cavs se cherchent encore dans leur reconstruction, Toppin semble avoir le profil pour être la pierre manquante au projet futur de Cleveland.
NOTE DU CCS

Symbole de résilience, Obi Toppin est passé de l’ombre à la lumière en une saison, faisant preuve de persévérance et de travail rigoureux. Athlétique, intelligent, travailleur, leader… Les qualités du garçon de 22 ans sont longues comme ses bras. En constante progression, Toppin a prouvé que sa première saison prometteuse en NCAA n’était que le sommet de l’iceberg. Son âge constitue évidemment un frein pour les franchises, mais seront-elles disposées à faire l’impasse sur un prospect dont l’impact immédiat en NBA est incontestable ? Obi Toppin peut tomber hors du top 5, voir du top 10… Il est toujours difficile de mesurer la cote réelle de ces joueurs plus âgés, mais une chose est sûre, Toppin fera tout pour faire regretter ceux qui n’ont pas voulu miser sur lui.
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