Toulouse sort d’une saison 2019/2020 très compliquée avec seulement 3 victoires en 28 journées de championnat et une série de 11 défaites historique. Relégués en deuxième division, l’heure est au projet de remontée rapide. Déjà depuis janvier, après l’éviction d’Antoine Kombouaré suite à une énième défaite – cette fois-ci en Coupe de France contre Saint-Pryvé-Saint-Hilaire (Nat. 2) -, Olivier Sadran, actuel actionnaire majoritaire du club toulousain et président, rêvait de trouver un repreneur qui partage la même passion, le même désir de victoire et celui de prendre des risques économiques pour redorer l’image du Téfécé. Les opportunités d’un rachat proposées au président Sadran ne l’ont guère satisfait. Toutes ? Non. Le 21 mai 2020, le TFC publie un communiqué dans lequel ils annoncent être en étroites négociations avec RedBird Capital Partners : “nous confirmons être en négociations exclusives avec Olivier Sadran en vue d’une acquisition majoritaire du TFC” dit Gerald Cardinale, patron du fonds d’investissement. Mais alors, qui se cache derrière ce groupe ?
Les activités de RedBird Capital Partners
Pour connaître les activités de RedBird CP (abrégé pour la suite de l’article), leur site internet est leur première vitrine. Tout d’abord, RedBird CP est un fonds d’investissement qui vise à construire, soutenir et faire croître les entreprises dans lesquelles ils investissent. Ils se vantent d’avoir été impliqués dans pas moins de 7 milliards de dollars d’investissement dans des entreprises nord-américaines. Pourquoi devenir partenaire de ce fonds ? La réponse est donnée, toujours sur leur page web : RedBird CP veut résoudre les problèmes que crée le modèle du Capital-investissement – grossièrement les investissements à court terme pour engendrer un rendement immédiat -, en fournissant un investissement sur la durée grâce à un capital flexible qui “maximise leur capacité à créer de la valeur au fil du temps en partenariat avec les entrepreneurs et les propriétaires”.
“Nous sommes impatients de finaliser notre partenariat avec Olivier [Sadran] et de positionner le Toulouse FC sur la voie du succès à l’avenir”
Gerald Cardinale, site officiel du TFC.
Les partenariats sportifs avec RedBird CP existent bel et bien. Ce fonds d’investissement génère du capitale pour l’entreprise YES Network (13%) qui est en charge de la diffusion d’événements sportifs dans les états du New Jersey, Connecticut, New York et certaines parties de la Pennsylvanie. Autre implication dans le sport, RedBird a créé, avec la National Football League, la compagnie On Location Experiences qui vend des services de billetterie haut-de-gamme “once-in-a-lifetime” et qui permettent de vivre des moments uniques à travers des matchs et des grands événements en NFL. Enfin, RedBird CP est à l’origine de diverses entreprises qui sont en charge de la gestion de l’image de certains grands joueurs présents dans les ligues de base-ball (MLB), football (MLS) et basket-ball féminin (WNBA). Par le biais de partenariat dans la communication et dans l’investissement télévisuel, RedBird a tout d’un candidat sérieux à la reprise du club toulousain. Gerald Cardinale se dit lui même impatient de pouvoir enfin acter ce partenariat. Il détiendrait alors, au nom de son fonds d’investissement, 85% des parts du capital du club, pendant qu’Olivier Sadran, qui souhaite toujours faire partie du comité d’entreprise, détiendrait les 15% restants.
Gerald Cardinale : le “good boss” de RedBird CP ?

Répondant au nom de Gerry, cet homme de la finance a travaillé pendant vingt longues années dans la prestigieuse banque d’investissement new-yorkaise Goldman Sachs et a dirigé l’activité de la Merchant Bank qui gérait 100 milliards de dollars d’investissement. En 2014, il crée le fonds d’investissement RedBird Capital Partners grâce auquel il siège aujourd’hui à plusieurs conseils d’administrations de firmes fortunées comme Aethon United – l’un des plus grands producteurs indépendants de gaz naturel basée à Dallas -, ou Ampler QSR – qui semble être une franchise de Burger King. Par ses études, il est détenteur d’un baccalauréat obtenu à Harvard, et d’un Master of Philosophy (M.Phil) en Politique et Théorie politique dans l’université d’Oxford où il y était boursier. Il se dit également philanthrope par sa fonction au comité de sélection multi-états qui attribue chaque année des bourses.
Un peu trop philanthrope, il est impliqué en 2014 dans une affaire d’échange de photos de jeunes femmes nues, de femmes photographiées à leur insu, sur un banc qu’il partageait avec Bill Berkman, son “complice”, voire parfois de photos à caractère pornographique. Nancy Woods, la secrétaire de ce dernier, a avoué avoir été forcée de regarder les mails contenant ces photos. Gerry aurait même envoyé une photo de l’actrice Lake Bell nue en demandant à son ami Bill de “faire des photos de Ronit (ndlr: la femme de Bill Berkman) dans ces positions … ce soir”. Une affaire niée par les deux accusés qui avouent n’avoir fait qu’un échange de photos entre amis.
Gerald “Gerry” Cardinale et son fonds d’investissement RedBird Capital Partners sont-ils de sérieux acheteurs ? Leurs activités montrent qu’ils fournissent un capital solide sur la durée dans des marchés qui fonctionnent aux Etats-Unis. Attention néanmoins à ne pas tomber dans le même piège que son rival bordelais, racheté en 2018 par un fonds d’investissement américain qui a privilégié, comme le veut et le dit Gerry Cardinale dans le communiqué officiel du club toulousain, la création “d’entreprises de sport et de divertissement très performantes”. Le divertissement oui, mais cela doit passer par des actes sportifs forts et le premier objectif est donc de remonter en Ligue 1 le plus rapidement possible, à la manière de Monaco après son rachat ?
Source photo de couverture : Bloomberg