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Profil NBA Draft 2020 : LaMelo Ball, le prodigieux paradoxe

Évènements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. La reprise NBA ne fait désormais plus aucun doute. Les officiels ont ciblé la date du 16 octobre 2020 pour organiser la draft. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects du pays. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.

LAMELO BALL

Date de naissance : 22 août 2001 – Classe : International

Club : Illawarra Hawks (NBL) – Bilan 2019/2020 : 5v/23d

Poste : Meneur (#1)

Mensurations*
Taille : 201 cm – Poids : 82 kg – Envergure : 208,5 cm
(source : scouting report du 23 janvier 2020 – thestepein.com)

Statistiques saison
12 matchs joués //  17 pts // 7,6 reb // 6,8 ast // 1,6 stl // 0,1 blk
31,3 minutes joués/match // 37,5% FG // 25% 3Pts // 72,3% FT // 1,7 Tov // 1,6 PF

PROFIL

CONTEXTE D’ÉQUIPE

Pour nous, occidentaux passionnés de balle orange, la NBL rime avec exotisme et méconnaissance. Comme le souligne le média français Envergure, spécialisé dans l’évaluation des prospects NBA, le niveau de jeu en NBL est similaire au « niveau high major « moyen » en NCAA ». Un niveau somme toute honorable pour le monde universitaire mais qui reste particulièrement faible pour un championnat professionnel. Parmi les 9 équipes de NBL, 8 australiennes et 1 néozélandaise, les Wildcats de Perth portent l’étiquette d’épouvantail avec leurs 10 titres remportés, dont 4 au cours des cinq dernières années. En matière de stabilité, les Illawara Hawks s’imposent comme la référence de la ligue en étant la seule équipe présente dans le championnat depuis sa création en 1979. Les résultats sont mitigés pour le club situé dans la ville de Wollolong avec un titre en 2001 et des deuxièmes places en 2005, 2010 et 2017. Une réalité qui s’est effritée cette saison puisqu’en avril 2020, les Illawara Hawks sont placés sous administration volontaire, c’est-à-dire que le club n’est plus solvable et qu’il doit être mis entre les mains d’une entité indépendante. C’est entité n’est ni plus ni moins que la NBL elle-même qui ne souhaite pas laissée couler le dernier de ses clubs fondateurs. Pour marquer le coup et tenter de relancer les affaires, le club gomme le nom « Illawara » et conserve sobrement celui des Hawks. Une situation provoquée par un déclin du club qui n’a pas retrouvé les Playoffs depuis leurs finales perdues en 2017. Cette année, les Hawks affichent un bilan catastrophique de 5 victoires pour 23 défaites : leur plus faible total de victoires depuis 1983. Pour sa première saison, l’entraîneur Matt Flinn n’a rien pu faire pour sauver le club d’un nouvel exercice désastreux, tout comme le vétéran australien, David Andersen. Pourtant, les Hawks avaient les yeux du monde entier braqués sur eux en permanence en raison de leur recrue estivale, notre sujet du jour : LaMelo Ball.

PARCOURS

Difficile de faire plus atypique comme parcours que celui de LaMelo Ball. Si Lonzo est celui qui a permis à la famille Ball d’entrer sur la scène médiatique du basket, LaMelo est probablement celui qui a le plus « souffert » de cette notoriété via les décisions de son « célèbre » papa, LaVar Ball. Il débute sa carrière lycéenne à Chino Hills en Californie où il évolue aux côtés de ses deux frères, Lonzo et LiAngelo. Ensemble, ils terminent avec un bilan de 35-0, le titre et LaMelo partage le titre de meilleur freshman de l’année 2016 aux côtés de son coéquipier, Onyeka Okongwu. Au cours de sa seconde saison à Chino Hills, LaMelo Ball affole les compteurs et les médias américains avec des moyennes de 26,7 points et presque 10 passes par match. Il aura surtout marqué la saison avec une performance ahurissante dans ce qui s’apparente à une parodie de basket : 92 points en un seul match. Sa réputation ne cesse de grimper, surtout lorsque son frère aîné, Lonzo est sélectionné en seconde position par les Lakers lors de la draft 2017. Un coup de lumière sur la famille qui donne à LaVar Ball l’occasion d’exprimer tout son « pouvoir » sur l’avenir de son autre pépite, LaMelo. Avec la création de la marque Big Baller Band en 2016, LaVar s’accorde le droit de maîtriser la trajectoire marketing des carrières de ses fils. Le 2 octobre 2017, le clan Ball décide de sortir LaMelo de Chino Hills après des désaccords majeurs entre LaVar et le coach de l’équipe. Le plus jeune de la famille prend alors la direction de la Lituanie et plus précisément du club de Prinei, en compagnie de son frère LiAngelo. À seulement 16 ans et 20 jours, LaMelo Ball devient le plus jeune américain à signer un contrat professionnel. Il quitte le nord de l’Europe au printemps 2018 pour rejoindre les Los Angeles Ballers au sein de la JBA, ligue junior nouvellement créée par son père. LaMelo tourne en triple-double sur les 8 matchs de saison régulière avec des stats révélatrices du niveau de jeu : 39,6 points, 14,6 rebonds et 11,5 passes décisives par match.
À l’automne 2018, LaMelo décide de rentrer un peu dans le cadre et choisi de disputer sa saison senior en classe préparatoire du côté de Genève dans l’Ohio au sein de l’Institut SPIRE. Son expérience professionnelle lui a joué de vilains tours au cours de cette saison entre les équipes refusant de l’affronter et son inéligibilité pour l’All-Americain McDonald’s 2019. Malgré tout, le garçon a du talent, beaucoup de talent, suffisamment pour être sur le podium des recrues de la classe 2019. En revanche, certains éléments jouent en sa défaveur à l’approche de la NCAA : son contrat professionnel en Lituanie, sa chaussure signature sortie en 2017… Résultat, rares sont les universités souhaitant prendre le risque de le voir inéligible. Dans cette pagaille juridique et médiatique, LaMelo Ball n’ira pas à UCLA comme son aîné Lonzo et choisi de prendre la direction de la NBL. Arrivé comme un monstre de foire, LaMelo ne voyage pas seul puisqu’il rejoint un autre prospect de cette draft 2020 : RJ Hampton, auquel nous avons déjà accordé une fiche détaillée. Avec les Illawarra Hawks, LaMelo dispute 12 matchs (3 victoires/9 défaites) et impressionne le monde du basket par intermittence. Après quelques rencontres de réglages où il semblait chercher ses repères et sa concentration, LaMelo termine sa saison dans le Pacifique en beauté. Au cours du mois de novembre, son dernier mois de compétition avec les Hawks, il réalise des performances bluffantes dont un triple-double contre Cairns avec 32 points, 11 rebonds et 13 passes. Quelques jours après, face aux Breakers de RJ Hampton, LaMelo réitère avec un triple-double en 25 points, 12 rebonds et 10 passes. Un parcours exubérant, à l’image du joueur, peut-être à l’image de son talent. Quoiqu’il en soit LaMelo Ball est depuis plusieurs années considéré comme l’un des meilleurs prospects de cette cuvée, en lice pour serrer en premier la main d’Adam Silver en octobre prochain.

DESCRIPTION DU JOUEUR

Si LaMelo possède un potentiel certain, peut-être le plafond le plus élevé de cette cuvée, il est également le prospect avec le plus de défauts identifiés et quantifiables. Commençons par ces lacunes évidentes qui rendent sceptiques les observateurs. Si LaMelo Ball est un meneur de plus de deux mètres avec une envergure correcte, il est loin d’être un athlète élite. Que ce soit verticalement ou horizontalement, LaMelo ne possède pas les atouts physiques pour faire des différences certaines. De manière épisodique, le joueur des Hawks a montré qu’il pouvait absorber les contacts en finissant près du cercle mais il est loin d’avoir la résistance nécessaire pour le faire au niveau supérieur. En revanche, il possède un cadre laissant entrevoir un potentiel développement du corps s’il s’acharne au travail de musculation. Continuons avec ce que nos amis américains appellent « red flags ». Contrairement à ce que les highlights laissent penser, LaMelo Ball n’est pas (encore) un grand tireur, intérieur comme extérieur. Avec les Hawks, il tournait à 37,5% de réussite au field goals et 25% à 3pts. La combinaison entre une mécanique hasardeuse et une très mauvaise sélection des tirs explique cette adresse désastreuse. Comme son frère Lonzo, LaMelo possède un tir très étrange qui ne semble pas avoir évolué depuis ses plus jeunes années. Un tir poussé, la main gauche reste trop longtemps sur le ballon, les coudes sortent du cadre au moment du tir et son jeu de jambes est totalement incohérent. Une mécanique qui semble l’empêcher de prendre des tirs à mi-distance puisqu’il préfère effectuer de longs floaters sans grande efficacité. Enivré de ses exploits lycéens, LaMelo Ball n’a pas réellement progressé dans la sélection des tirs avec la prise de tir extérieur trop tôt et trop long. La recherche permanente du spectacle peut être un défaut quand elle est poussée à l’extrême. Dernier secteur alarmant et non des moindres : la défense. Il y a de quoi provoquer un AVC chez Tony Allen. LaMelo Ball se retrouve trop souvent hors de position, cherche l’interception en permanence et laisse trop souvent les guards adverses aborder facilement le cercle. Des cruels manques de concentration et d’investissements qui témoignent d’une mentalité singulière, inquiétant pour la NBA.

Mais voilà, pour être honnête, l’ensemble de ses défauts peut être, théoriquement, corrigé. Il a montré par intermittence des flashes, laissant entrevoir un grand potentiel et c’est ce qui le rend si spécial. Par exemple en défense, avec des mains vives et toujours en mouvement, LaMelo réussi à contester efficacement les tireurs extérieurs. De même, il est parvenu sur certaines séquences à très bien couvrir les écrans malgré une rotation des hanches lentes et un footwork incohérent. Rappelons ici que LaMelo n’a jamais réellement connu de véritable entraîneurs jusqu’à cette année en Australie. Auparavant, il fut essentiellement coaché par son père, dans des équipes appartenant à son père ou des équipes sous la direction de son agent… Nous avons pu constater les effets du coaching NBA sur son frère Lonzo, notamment sur l’évolution de sa mentalité. En dehors de ces défauts évidents, LaMelo excelle dans plusieurs secteurs. À seulement 18 ans, il est déjà un porteur de balle et un passeur élite. Grâce à une excellente lecture du jeu, notamment sur pick and rolls, et à un toucher vraiment soyeux, LaMello Ball sera probablement un excellent conducteur/organisateur en NBA. Sa palette de dribbles est très complète, avec un esprit créatif en prime, qui lui permet de déverrouiller certaines situations sur demi-terrain. Un dribble étoffé où il joue volontiers avec des changements de vitesse et de directions qui lui permettent de driver efficacement vers le cercle où il peut finir en finesse ou ressortir vers l’extérieur. Passeur exceptionnel, avec les deux mains, LaMelo Ball trouve facilement, dans le bon tempo, ses coéquipiers. Dans n’importe quels angles, n’importe quelles situations, il est capable de distribuer le jeu grâce à QI basket très développé. Il sait orienter une défense, distribuer des passes lasers dans les angles, des lobs millimétrés tout en dribblant à pleine vitesse : son potentiel offensif, en tant que créateur, est exceptionnel. Les pistes d’améliorations sont là. Son physique peut largement s’épaissir avec le temps, il en a le cadre. Son tir peut également être développé avec comme piste d’amélioration son excellent toucher. En défense, avec des bons coachs et un environnement NBA, il peut clairement mettre son physique à profit. LaMelo est très différent de son frère Lonzo mais les pistes d’améliorations semblent être similaires.

Assurément le prospect le plus polarisant de cette draft. De gros défauts pleinement identifiés, mais un plafond peut-être exceptionnel. Dribbleur et passeur impressionnant, LaMelo Ball devra travailler ses plus grosses lacunes pour être quelqu’un de respecté et respectable en NBA. Le physique, la défense, l’adresse… Tous ces secteurs peuvent être améliorés mais cela dépendra d’une seule donnée : son éthique de travail. Un point qui interroge et qui va de pair avec son investissement sur le terrain. Quoiqu’il en soit, avec cette volonté permanente de faire le spectacle et ses talents naturels, LaMelo Ball devrait être sélectionné dans le Top 5 de la prochaine de draft.

✔️ FORCES

FAIBLESSES

PRÉDICTION DRAFT 2020

Premier tour (Top 5)

Hypothèse : #4 – Detroit Pistons

Qui d’autre que LaMelo Ball pour rallumer la flamme du basket à Detroit ? Spectaculaire, capable de gros carton, de mener une équipe, de faire briller ses coéquipiers… LaMelo Ball présente un profil encore très brut qui doit être perfectionné et développé. Une perspective qui correspond bien à Detroit qui enclenche sa reconstruction. Si LaMelo développe rapidement son tir et son adresse, il peut potentiellement être utilisé au poste 2 en compagnie d’un meneur comme Derrick Rose. Si le Michigan veut du feu, LaMelo Ball peut leur en fournir à volonté.

NOTE DU CCS

Des secteurs déjà élites mais des défauts terriblement visibles et préjudiciables : tel est le paradoxe LaMelo Ball. Malgré des risques évidents, il reste un prospect exceptionnel avec un plafond très élevé. LaMelo devra travailler avec acharnement pour combler ses lacunes et endosser le destin qui lui a été promis par son père. Du spectacle, du dribble, de la passe… Un cocktail terriblement excitant qui va évidemment séduire un bon nombre de franchises NBA. Mais attention à l’inconstance : LaMelo est largement capable de faire vous faire un triple-double avec plus de 30 points et le lendemain terminer avec un 0/12 au tir… Attention à vos fantasy…

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