“Est-il défendu d’aimer à avoir des rivaux ?” Si Alfred de Musset se posait effectivement cette épineuse question, les parisiens peuvent partager l’interrogation du clairvoyant écrivain.
En effet, depuis le rachat du club par QSI en 2011, la volonté du club a toujours été de faire du PSG un grand d’Europe en gagnant la Ligue des Champions. Aux nouveaux débuts du club dans cette même compétition, on reprochait au PSG de s’inventer une rivalité avec certains géants européens, comme Chelsea par exemple. Cependant, il est assez aisé de dire qu’il existe bel et bien aujourd’hui un rival européen au Paris Saint Germain : le FC Barcelone.
Peut-on dire qu’il existe un sentiment tel que la haine ou le dégoût entre les deux clubs ? C’est fort probable tant les différends existent entre ces derniers. Mais ces expressions sont fortes, trop fortes pour caractériser des sensations inhérentes au milieu sportif. Leurs différends s’expriment de biens des manières, et si l’aspect sportif peut apparaitre comme la pierre angulaire de ce rejet mutuel, il n’est rien à coté du reste.
Sur bien des points il est impossible de cantonner la rivalité entre les deux clubs à une simple rivalité de terrain. Non, et même s’ils se sont affrontés de manière assez récurrente en Ligue des Champions (que ce soit lors des phases de poules ou des phases finales), cette rivalité puise sa source dans les intarissables, inextinguibles sources de rumeurs, déclarations ou d’informations véridiques : les médias espagnols (https://cafecremesport.com/2020/05/22/pourquoi-les-medias-espagnols-sont-ils-un-probleme-pour-le-football/)

Nombreuses furent les unes de ce genre : un quotidien catalan annonce un qu’un joueur parisien a un accord avec le FC Barcelone, mais au final : personne ne part.
Tentative de déstabilisation de la part des médias catalans pour semer la zizanie au sein du Paris Saint Germain ? Peut être. En tout cas, nous avons souvent assisté à une prolongation du joueur (assortie d’une belle revalorisation salariale évidemment). Les médias n’ont jamais cessé de rajouter de l’huile sur le feu, et Verrati n’a pas été la seule et unique “victime” de cela : Adrien Rabiot a lui aussi longtemps été assujetti à ces élucubrations d’un autre monde, d’une autre perspective du journalisme. Que ces rumeurs aient été fondées ou non, le résultat est le même : elles n’ont fait qu’attiser une rivalité croissante entre un cador européen en la personne du FC Barcelone et celui que ces mêmes cadors européens ont commencé à craindre : le Paris Saint Germain.
Outre les fantasmes médiatiques, Paris a longtemps reproché à Barcelone sa manière de faire en matière de transfert. En effet, la direction catalane discute avec le joueur, trouve un accord, et enfin va discuter avec le club. Ce fut notamment vrai pour le cas Rabiot, comme le racontait Antero Henrique (ancien directeur sportif du PSG) dans les colonnes de RMC fin 2018.
Comment ne pas évoquer l’affaire, si ce n’est le feuilleton Neymar, qui a définitivement fait voler en éclat le peu de reste des rapports cordiaux entre Paris et Barcelone ? Est-ce la “Remuntada” qui a piqué l’orgueil des dirigeants parisiens, la débâcle les poussant à venir s’offrir la “deuxième star” du Barça ? Excès d’orgueil ? Réponse aux nombreuses rumeurs médiatiques ? L’aspect sportif est évidemment la raison principale de l’arrivée de Neymar au PSG, mais au vu des antécédents entre les deux clubs et la manière d’aller chercher le prodige brésilien (paiement de sa clause libératoire d’un montant de 222 millions d’euros), il est difficile de croire que Nasser Al-Khelaïfi n’ai pas voulu venir se dédommager du préjudice engendré par la débâcle 6-1 au Camp Nou et des approches déloyales barcelonaise.
Ce transfert est avant tout la raison de la rupture diplomatique : meme le président de la Liga Javier Tebas est venu se mêler des relations entre les deux clubs, allant même jusqu’à critiquer publiquement le PSG :
“Ils se moquent du système ! Nous les avons surpris en train de pisser dans la piscine (le PSG). Neymar pissait depuis le plongeoir. C’est inacceptable.”
Déclaration de Javier Tebas en conférence de presse en septembre 2017.

Le feuilleton Neymar a perduré, et perdurera encore surement : lors de tous les mercatos, il est annoncé que le Brésilien souhaite quitter Paris pour retourner en Catalogne. Mais si les médias annoncent avec insistance le “retour du Roi“, celui ci a l’air bien plus à sa place qu’avant au PSG. De plus, il est dit que l’état major parisien est agacé des propositions barcelonaises, plus farfelues les unes que les autres, et que Paris ne négociera que contre une somme d’argent et non un paquet de joueur.
Il est vrai que Barcelone a outrageusement dominé les débats sur le plan sportif ces dernières années. Ainsi, Paris s’est vu plusieurs fois barrer la route par le géant de Catalogne en Ligue des Champions : Si l’on pense notamment en premier lieu à la “Remuntada“, il ne faut pas oublier le premier gros choc entre les deux formations en quart de finale lors de l’édition 2012-2013 (3-3, Barcelone qualifié grâce aux buts à l’extérieur) mais aussi en quart de finale en 2014-2015 (1-5, Barcelone qualifié).
Ainsi, entre humiliations sportives, coup de poignard sur le marché des transferts (personne n’a oublié le dossier De Jong de l’été dernier), feuilletons médiatiques et des critiques qui dépassent le seul cadre des relations entre les deux clubs, il est donc facilement prévisible qu’aujourd’hui, Nasser Al-Khalaifi et Josep Bartomeu ne passeraient surement pas leurs vacances ensemble, tout comme les supporters du PSG et du Barça. Cependant, cette rivalité nouvelle n’a pas l’air d’affecter les joueurs des deux clubs, qui eux, passent des moments ensemble, ce qui permet encore une fois aux médias de s’en donner à coeur joie …