La draft MLB s’est déroulée début juin. Véritable usine à gaz de 40 (!) tours habituellement, elle a eu lieu cette année dans un format raccourci de cinq tours et surtout dans un contexte compliqué, entre bras de fer joueurs/propriétaires pour un retour de la saison, plan de restructuration de la ligue et pandémie de Covid-19. Au baseball, il est généralement plus difficile pour les nouveaux draftés de percer l’alignement dès leur première saison que dans les autres sports américains. Cela n’empêche pas la draft version 2020 d’avoir accouché de quelques surprises intéressantes et, surtout, de choix qui changeront le futur de nombreuses franchises. Nous vous présentons cinq prospects dont vous entendrez parler rapidement.
Spencer Torkelson (Detroit Tigers), choix 1
Pire équipe de la ligue en 2019/2020 (47-114), les Detroit Tigers ont besoin d’aide un peu partout, et ce n’est pas un seul choix, si talentueux soit-il, qui en fera des prétendants au titre rapidement. Mais la sélection de Spencer Torkelson, 20 ans, est incontestablement un pas dans la bonne direction. Joueur le plus talentueux offensivement de cette draft, le produit d’Arizona State est un frappeur de puissance droitier qui est projeté au poste de troisième base en défense, même s’il a eu du succès en première base au niveau universitaire. Numéro un de presque toutes les mocks draft, Torkelson arrive à Detroit avec beaucoup de pression sur les épaules. Heureusement pour lui, les Tigers travaillent dans l’ombre depuis quelques années pour améliorer leur “farm system” (tous les prospects d’une franchise), qui se classe actuellement cinquième de toute la ligue selon MLB.com. Nul doute que l’arrivée de Torkelson devrait encore les faire grimper de quelques places, d’autant que les Tigers ont aussi drafté, au second tour, le receveur Dillon Dinger, que beaucoup voyaient comme un talent de milieu/fin de premier tour…
Asa Lacy (Kansas City Royals), choix 4
Tous les insiders attendaient le jeune américain (21 ans) gaucher comme le premier lanceur à être choisi. Cela n’a pas été le cas, puisque les Marlins de Miami, qui choisissaient en troisième position, ont surpris pas mal de monde en jetant leur dévolu sur Max Meyer. Et si on ne veut rien enlever à Meyer, qui possède sans doute avec sa slider le meilleur pitch de la draft, Lacy apparaît comme un prospect un peu plus fiable. Il a connu beaucoup de succès au niveau universitaire avec Texas A&M et son bras devrait faire des dégâts au niveau supérieur. S’il doit encore travailler son contrôle, il possède un arsenal de quatre pitchs intéressants (balle rapide, balle courbe, slider et change-up), faisant de lui le lanceur le plus complet de la draft. Son arrivée à Kansas City se fera en douceur, puisque les Royals possèdent déjà des prospects de haut-niveau au poste de lanceur. De quoi monter, d’ici quelques années, la meilleure rotation de la ligue ?
Austin Martin (Toronto Blue Jays), choix 5
Le steal de la draft ? Austin Martin, 21 ans, a longtemps été dans les discussions pour le premier choix et quasiment personne ne le voyait tomber plus bas que le troisième choix. Cela a donc dû être une surprise pour les Blue Jays quand ils ont vu le jeune Américain encore disponible au cinquième choix. Et une très bonne surprise. Meilleur frappeur pur de cette draft, Martin est également un athlète de haut niveau qui a la capacité de jouer à de nombreux postes en défense (short-stop, deuxième base…). Certes, il n’est pas aussi puissant que Torkelson, mais sa capacité à arriver sur base devrait plaire aux fans de Toronto, qui ont déjà la chance de voir sous leur maillot des jeunes talents offensifs parmi les plus électrisants de la MLB, en la présence de Vlad Guerrero Jr, Bo Bichette ou encore Cavan Biggio. Si Martin confirme les espoirs placés en lui, Toronto sera à n’en pas douter une place forte de la ligue. Et un véritable cauchemar pour les lanceurs adverses.
Zac Veen (Colorado Rockies), choix 9
A tout juste 18 ans, Zac Veen est le premier lycéen à avoir été choisi dans cette draft. Le joueur de champ extérieur, que certains comparent à Cody Bellinger, est un “fit” presque parfait pour les Rockies. Et pour cause, ce frappeur de puissance trouvera à Coors Field, considéré comme le stade où il est le plus “facile” de faire des homes run car situé en altitude, un terrain de jeu parfait pour son talent offensif. Là encore, rare sont les insiders à avoir prévu de voir Veen tomber aussi bas dans la draft, mais le contexte particulier de cette dernière a forcé de nombreuses franchises à se tourner vers des joueurs universitaires, un peu plus vieux et confirmés, que vers des lycéens, dont la saison a été totalement chamboulée par la pandémie.
Nick Bitsko (Tampa Bay Rays), choix 24
Un as en devenir ? C’est ce qu’a indiqué un scout confirmé, sous couvert d’anonymat, avant la draft : “Je vois en lui du Justin Verlander s’il atteint son plein potentiel”. A la base éligible pour la draft 2021, le jeune lanceur de 18 ans a gradué plus tôt que prévu et s’est donc rendu disponible dès cette année. Le lycéen, tout comme Veen, a vu sa cote légèrement baisser à cause de la saison annulée, et ce sont donc les Rays qui ont pris le risque de le sélectionner. Bitsko est un projet, mais ce qu’il a montré jusqu’à maintenant en fait l’un des jeunes lanceurs les plus intéressants de la ligue, avec une balle courbe assassine et une balle rapide qui peut atteindre une vitesse impressionnante. Il lui faudra un peu de temps pour atteindre son plein potentiel, mais les Rays peuvent lui offrir.