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Mohammed Salisu, l’archétype du stoppeur moderne

Courtisé depuis de longues semaines par plusieurs grands d’Espagne, notamment par l’Atlético de Madrid, le défenseur de Valladolid, un temps proche du Stade Rennais, va finalement s’engager avec le club anglais de Southampton contre un chèque avoisinant les 11 M€. Auteur d’une très bonne saison avec son club, le joueur ghanéen est devenu, en l’espace d’une saison, l’un des défenseurs centraux les plus “hype” de Liga Santander. Retour sur le phénomène Mohammed Salisu !

“Personne au Real Valladolid n’imaginait que Salisu aurait un tel niveau à son âge.

Gonzalo Castro, journaliste d’ABC Castilla y Leon

Né à Accra, la capitale ghanéenne, le 17 avril 1999, Salisu intègre l’African Talent Football Academy, lors de sa fondation en mars 2017. Cette académie a pour but de former et développer de jeunes joueurs âgé de 15 à 18 ans et de les aider aussi bien d’un point de vue sportif que financier. À partir de 18 ans, l’ATFA leur donne l’opportunité d’aller en Europe et permet à certains joueurs de faire des essais dans des clubs espagnols ou portugais. Mohammed Salisu est le premier joueur issu de cette académie à avoir véritablement percé au plus haut niveau, à l’heure actuelle. En novembre 2017, ce dernier intègre donc le centre de formation du Real Valladolid. Après une saison et demi passé avec les équipes de jeunes et la réserve des blanquivioletas, l’entraîneur de l’équipe première, Sergio Gonzalez, fait appel à lui, le 9 janvier 2019 pour un match de Coupe du Roi face à Getafe. À l’issue de la saison 2018/2019, Salisu est intégré définitivement à l’équipe première suite au départ de Fernando Calero pour l’Espanyol Barcelone, cela étant personne au club ne s’attendait à ce qu’il explose aussi vite. Lors d’un entretien à FootMercato, en mai dernier, le journaliste proche du club de Valladolid, Gonzalo Castro indiquait ceci : “Personne au Real Valladolid n’imaginait que Salisu aurait un tel niveau à son âge. Nous savions tous qu’il était très bon et qu’il était doté d’un grand potentiel, mais tout s’est passé très vite pour lui. Il n’a que 21 ans. Il a encore beaucoup à apprendre. Nous nous souviendrons toujours à Valladolid que Salisu a fait ses débuts ici. Ce sera dans l’histoire du club.”

Cette saison, le défenseur ghanéen a été lancé dans le grand bain de la Liga dès la première journée, par Sergio Gonzalez, alors qu’il n’avait que deux matchs pro au compteur. Cela dit, Salisu s’est très vite acclimaté au jeu et au championnat espagnol et son association avec Kiko Olivas dans l’axe de la défense fait même des merveilles cette saison et permet aux blanquivioletas d’être en bonne position pour le maintien. Mais qu’est-ce qui explique cette explosion aussi soudaine ?

Un bagage physique hors du commun

Du haut de son mètre quatre-vingt-onze et de ses quatre-vingt-deux kilos, Mohammed Salisu est ce qu’on peut appeler un “beau bébé”. Pas étonnant donc de voir le défenseur ghanéen parmi les défenseurs disputant et remportant le plus de duels, cette saison, en Liga. En effet, avec une moyenne de 7,6 duels disputés par match, le gaucher fait partie du top 5 des défenseurs dans ce domaine, il possède également un ratio de duels intéressant avec près de 61 %. En termes de duels aériens il ne fait pas forcément partis des meilleurs élèves de la Liga, mais il possède des statistiques très correct avec près de 2,3 duels aériens par match dont près de 67 % remportés, même s’il est assez loin des références que sont Gérard Piqué (74,4 %) et Raphaël Varane (74,2 %) dans ce domaine. Grâce à son agressivité, son explosivité et sa bonne lecture des trajectoires, ses facilités dans les duels lui permettent également de commettre assez peu de fautes au vu de son poste et de son style de jeu. Avec 0,7 fautes commises par matchs, Salisu commet moins de fautes que Sergio Ramos (1,5/match), Gérard Piqué (1/match) ou encore Clément Lenglet (1,1/match) et soulage souvent son équipe lors des phases offensives adverses.

Mohammed Salisu aux prises avec Alvaro Morata. (Crédits : GettyImages)

Salisu, un colosse aux pieds de velours

Le défenseur ghanéen n’est pas qu’un déménageur commettant peu de fautes, c’est aussi un défenseur capable de prendre des risques balle aux pieds et capable de faire avancer son bloc équipe par la passe. Même si ce n’est pas sa qualité première, il faut bien avouer que sa courbe de progression dans ce domaine paraît assez élevé, en témoigne sa superbe passe décisive pour Enes Ünal, face à Leganes, le 3 janvier dernier.

Positionné très bas dans le 4-4-2 à plat de Sergio Gonzalez, le natif d’Accra a une position moyenne sur le terrain qui penche énormément à gauche, cela lui permet de faire parler sa patte gauche et d’être plus à l’aise lors de ses relances. Les stats sont là : avec 84 % de passes réussis depuis le début de la saison, il fait partie des défenseurs centraux les plus précis dans ce domaine, parmi les clubs de la deuxième moitié de tableau. Ce taux augmente même drastiquement si l’on ne prend en compte que les relances courtes : 91,9 %. Son jeu long n’est pas en reste bien que plus fluctuent (ce qui est normal) avec un taux de réussite avoisinant les 73 %. Si la qualité de ses relances et de ses passes est encore perfectible, il semble évident que dans une équipe plus pro active, ces mêmes qualités pourraient être encore mieux exploités.

À gauche, une vue d’ensemble des stats de Mohammed Salisu, cette saison, à droite la position moyenne de ce dernier lors de sa saison en Liga où l’on voit une forte propension du joueur ghanéen à occuper une très large zone de la partie gauche du terrain. (Crédits : StatsBomb & SofaScore)

Southampton, le bon choix ?

La Premier League semble être un championnat taillé pour lui. Fort dans les duels, doté d’une très bonne anticipation et d’une capacité de relance plutôt intéressante, le ghanéen pourra pleinement s’épanouir en Premier League et d’autant plus dans une équipe comme Southampton qui, sous l’impulsion de son coach, Ralph Hasenhüttl, est devenu une équipe beaucoup plus pro active sur le terrain et avec l’un des taux de possessions les plus élevés de Premier League, hors top 5, cette saison (près de 50 %). Dans un secteur de jeu où il n’y a pas de certitude établie, bien que Bednarek et Stephens aient montré plusieurs signes de satisfaction, Salisu pourrait bien se faire une place de choix dans l’effectif des Saints et qui sait, avoir un destin similaire à celui d’un certain Virgil van Dijk, lui aussi passé par le club du Hampshire. Toutefois s’il veut, un jour, atteindre ce niveau il devra être amené à améliorer quelques aspects de son jeu, car s’il a montré d’énormes qualités cette saison, il a également montré certaines limites, notamment sur le plan de la concentration comme ce penalty bêtement concédé, il y a quelques semaines face à Leganes, lors de la victoire des blancs et violets, en championnat, deux buts à un.

À tout juste 21 ans, Mohammed Salisu s’impose déjà comme l’une des futures stars à son poste. Le défi qui l’attend en Premier League, s’annonce difficile, mais il a toutes les qualités requises pour s’imposer chez les Saints et plus globalement en PL. Pour Southampton, c’est un gros coup réalisé sur le marché des transferts surtout à ce prix-là (environ 11 M€) et une preuve de plus que les clubs anglais, ne font pas forcément n’importe quoi avec leur argent !

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