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Pourquoi les « nouveaux riches » ont-ils autant de mal à gagner la Ligue des Champions ?

«  Etre riche, ce n’est pas avoir de l’argent, c’est d’en dépenser « . Comment ne pas mettre en corrélation cette citation de l’immense Sacha Guitry au football moderne ? Celle-ci nous rappelle les houleux débats UEFA/clubs, notamment à propos des sommes dépensées pour les transferts. A priori bien loin des oeuvres dramatiques de Guitry, les nouveaux riches du football sont eux aussi à la peine …

En effet, nous assistons aujourd’hui à une situation pour le coup assez singulière : des clubs récemment rachetés par des richissimes fonds d’investissements étrangers et dont le but premier est la conquête de l’Europe ne parviennent pas à détrôner les vainqueurs historiques de la coupe aux grandes oreilles. Mais pourquoi une telle difficulté ? C’est ce que nous allons tenter de vous expliquer via l’exemple du PSG et de Manchester City.

Paris Saint-Germain et Manchester City : même combat

Les mêmes échecs, les mêmes similitudes : le PSG et Manchester City sont en tout point des frères de revers. Pourquoi ? En 2008, le club de Manchester est racheté par un fonds d’investissements d’Abu Dhabi. 5 ans plus tard, c’est au tour du PSG d’être racheté par un fond souverain d’investissement Qatari.

Les ambitions sont claires : mettre les clubs sur le devant de la scène nationale avant d’en faire des modèles européens. Si le premier des objectifs a facilement été acquis (5 titres pour le PSG depuis le rachat et 4 pour Manchester City), l’obtention du Saint Graal : la Ligue des Champions, s’avère plus compliquée.

Débuts difficiles et échecs frustrants

Pour Manchester City, malgré un rachat en 2008, ce n’est que lors de la saison 2011-2012 que les citizens d’une nouvelle ère débutent en Ligue des Champions. Ces derniers ne passeront pas la phase de poules et finiront relégués en Ligue Europa, éliminés en 1/8ème de finale par les Portugais du Sporting.

La saison suivante, ils feront leurs adieux à l’Europe de nouveau dès la phase de poules, derniers de leur groupe. Ce n’est que la saison suivante qu’ils parviendront enfin à atteindre la phase à élimination directe, mais ils ne pourront jouir de ce plaisir bien longtemps, le FC Barcelone venant leur barrer la route en 1/8ème de finale. Que dire de leur parcours la saison suivante ? Et bien c’est le même, encore une fois éliminés en 1/8ème de finale par le Barcelone de Luis Enrique.

La délivrance sera pour la saison prochaine ! Lors de l’édition 2015-2016, les citizens parviennent en 1/2 finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes, ce qui restera aujourd’hui encore leur meilleur résultat. Par la suite, le club va connaitre d’autres déceptions, comme une élimination en 1/8ème par l’AS Monaco, suivie de deux éliminations en 1/4 par Liverpool et Tottenham.

Le point commun de toutes ces désillusions ? Il est assez simple : City a souvent fait figure de favoris à la victoire finale, surtout lors des deux dernières éditions.

Kevin de Bruyne à la lutte avec Lucas Vasquez lors de la 1/2 finale de Ligue des Champions 2015-2016.

Paris : l’obstacle du quart

Pour résumer les échecs européens parisiens, il faudrait bien plus qu’un simple article : un livre pourrait même être nécessaire vu la tonne de chose à analyser.

Il faut faire simple, dès la première des participations du PSG ère moderne en Ligue des Champions lors de l’édition 2012-2013, le club s’est heurté au FC Barcelone en 1/4 de finale, bis repetita l’année suivant face à Chelsea, puis encore une fois l’année d’après, encore une fois face à Barcelone et enfin Manchester City pour un choc des « nouveaux riches ».

Ne s’ensuivra que deux des pires prestations jamais vues pour un club français en Ligue des Champions : une Remuntada à Barcelone et une prestation ridicule à domicile face à la jeune garde de Manchester United …

Les déceptions ont forgé le mental des supporters, qui subissent un échec constant depuis des années, et tout cela malgré les joueurs recrutés à prix d’or pour former l’un des meilleurs effectifs européens. Les clubs allant même parfois jusqu’à chambouler complètement ce dernier d’une saison à l’autre, en passant du gardien au numéro 9, jusqu’à l’entraineur.

Mais alors, quel est le secret pour réussir à performer à ce niveau ? Et si tout ne résidait justement pas dans la gestion de l’effectif ?

Le Real Madrid, patron européen et modèle de gestion

Triple vainqueur consécutif de la Ligue des Champions entre 2016 et 2018, comment le Real Madrid a t-il pu réussir le plus gros exploit européen de la décennie ? Certains diront que l’arbitrage ne leur a jamais été défavorable, mais les plus sensés et ingénieux se réfèreront à l’impériale gestion de l’effectif madrilène.

Zinedine Zidane à la tête d’un groupe de joueurs qui ne changera pratiquement pas : voici la clé de la réussite madrilène. Un milieu qui restera le même lors des 3 finales, composé de Modric, Kroos et Casemiro ; une attaque emmenée par la BBC de Bale, Benzema et Cristano Ronaldo, le tout défendu par Marcelo, Ramos, Carvajal et Varane (n’oublions pas Pepe) !

Les joueurs madrilènes se connaissaient par coeur, ils se trouvaient les yeux fermés, les actions étaient fluides et le jeu prodigué permettait de dominer n’importe quelle formation. Zinedine Zidane a réussi à incorporer à son effectif des joueurs neufs et jeunes comme Isco ou Asensio, mais jamais sans dénaturer complètement son onze de départ.

Serait-ce donc ça le secret de la réussite ? Non, on ne peut cantonner une triple victoire en Ligue des Champions à une simple gestion de l’effectif. Il faut aussi de la réussite, mais aussi de l’expérience, donc il faut connaitre l’échec pour triompher.

Un club me vient à l’esprit quand on évoque tous ces éléments : Chelsea.

Chelsea : l’exemple à suivre

Mais pourquoi Chelsea serait-il un modèle ? Le club londonien ne compte pourtant qu’une seule victoire en Ligue des Champions lors de l’édition 2012 face au Bayern Munich !

C’est uniquement car Chelsea est par bien des aspects similaires à City et au PSG : racheté par le milliardaire russe Roman Abramovich en 2003, le club de la capitale britannique a lui aussi connu les mêmes objectifs que ses rivaux européens. Après avoir redonné au club sa prestance nationale, Abramovich a cru connaitre la consécration ultime chez lui, à Moscou, en mai 2008 dans le stade Loujniki qui accueillera 10 ans plus tard l’équipe de France pour la finale de la Coupe du Monde. Mais il aura fallu que le destin s’en mêle, l’occasion était trop belle, et c’est John Terry, le capitaine des blues qui va glisser au moment de tirer le tir au but de la victoire, il s’ensuivra un arrêt de Van der Saar sur le pénalty du français Anelka pour voir les joueurs de Chelsea en larmes.

C’est pourtant lors d’une année à priori catastrophique que Chelsea va décrocher le sacre suprême. Lors de la saison 2012, le Chelsea d’Andre Villas Boas n’arrive pas à renouveler son effectif et avance à tâtons en Ligue des champions. Roberto Di Matteo prend la place du Portugais, réinstalle déjà les cadres non-utilisés par Villas Boas comme Lampard, Terry ou Drogba pour aller conquérir la Ligue des Champions.

Mais alors que retenir de tout cela ? Et bien une chose nous rapproche de ce que nous avons pu lire précédemment : les cadres de l’équipe étaient déjà présents en 2008, ils ont connu la défaite, le gout amer qu’une défaite en finale laisse dans la bouche, et malgré un effectif différent, Di Matteo a su s’appuyer sur ces joueurs pour gagner : c’est Drogba qui égalise dans les derniers instants ! Pour certains, l’équipe vainqueur de cette Ligue des Champions était la pire depuis le rachat, ce qui prouve que l’effectif n’est qu’un point de départ, et qu’un collectif fait souvent bien mieux qu’une montagne d’or. C’est en cela que s’inscrivent les épopées européennes récentes de Monaco en 2017 et de l’Ajax en 2019 : les deux clubs ont de nombreux talents, mais c’est surtout par leur cohésion et leur collectif que les deux clubs sont parvenus jusqu’en 1/2 finale.

Mais alors, que répondre à notre interrogation initiale ? Et bien il va sans dire qu’il faut que les nouveaux riches du football puisent leur inspiration dans autre chose que dans leur portefeuille. En effet, ces derniers doivent voir sur la durée, et ne pas tout envoyer valser au premier dysfonctionnement ! C’est en ce sens que s’inscrit la nouvelle politique de ces clubs : ils ont déjà une ossature bien huilée, qu’ils essayent d’améliorer. Mais il faut aussi apprendre de ses échecs précédents, les comprendre et analyser pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, ce qui peut être notamment le cas du PSG. Ces clubs doivent prendre le pli de la Ligue des Champions, de la pression des matchs, de ce que cette compétition représente. Il faut se mettre au niveau, mais les « nouveaux riches » ne peuvent pas acquérir cette expérience en seulement une dizaine d’année ! La Ligue des Champions ne ressemble en rien à toutes les autres compétitions continentales ou internationales, elle est de celle dont l’ambiance et l’atmosphère sont si particulières que même une finale de Coupe du Monde ne procure les mêmes émotions

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