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Que devient Alexandre Pato ?

Après Bojan la semaine dernière, le CCS revient aujourd’hui sur la carrière d’Alexandre Pato. Nous nous souvenons tous de ses débuts au Milan à la fin des années 2000. Il était promis à un grand avenir, pourtant, à 30 ans, il évolue depuis 2019 au São Paulo FC dans son pays natal, le Brésil. Que s’est-il passé pour qu’un joueur aussi talentueux ne réussisse pas au plus haut niveau ? Pato fait partie de ces joueurs qui n’ont jamais su confirmer à cause de défaillances physiques et mentales. Retraçons ensemble la carrière d’un espoir déchu.

Nous sommes le 2 août 2007 et l’AC Milan annonce la venue d’une pépite brésilienne : Alexandre Pato. Le jeune joueur est âgé de 17 ans et apparaît comme le nouvel héritier de Kaká. Au Brésil, de nombreux espoirs reposent sur lui, espérant tenir la future star du ballon rond. Il n’a pas encore mis les pieds en Europe, mais tous les observateurs s’accordent à dire qu’Alexandre Pato a tout pour lui. La vitesse, la technique, les dribbles, la finition, la vision de jeu, il est donc très complet. Né le 2 septembre 1989 à Pato Branco, c’est de là qu’il tient sur son surnom, Alexandre Rodrigues da Silva évolue chez les professionnels depuis seulement un an. Il joue à l’Internacional, l’autre grand club de Porto Alegre avec le Grêmio, depuis 2000, et y a donc été formé. Auteur de 12 buts en 27 matchs, Pato s’envole donc pour l’Europe avec l’étiquette du jeune prodige.

Alexandre Pato au duel avec Andrés Iniesta lors de la finale de la Coupe du monde des clubs 2006. Victoire 1 à 0 de l’Internacional. Crédits : esportes.yahoo.com

Sa période au Milan, une ascension de courte durée

Pour des raisons administratives, Alexandre Pato débarque dans son nouveau club le 3 janvier 2008, soit 6 mois après sa signature. Lors de son premier match, le néo-rossonero marque son premier but, le 12 janvier face au Napoli. Tout le monde s’enflamme, mais l’engouement est justifié, car après sa première demi-saison en Europe, Alexandre Pato affiche de très belles statistiques. Après 6 mois au Milan, il a inscrit 9 buts et une passe décisive en 18 matchs de Série A. La saison suivante, il effectue, lorsqu’on regarde la totalité de sa carrière, sa meilleure saison. Pour un joueur de 19 ans, il fait preuve de régularité, chose qu’il ne saura pas reproduire les années suivantes. En 36 matchs de championnat, il marque 15 buts et délivre 4 passes décisives. La progression est réelle et l’engouement se poursuit. S’il continue à ce rythme, il peut devenir l’un des meilleurs du monde.

Alexandre Pato avec le maillot rossonero lors de la saison 2009-2010. Crédits : pinterest.com

La fin de l’année 2009 est très belle pour Pato. Il est élu Golden Boy 2009 devant Stevan Jovetić et Bojan Krkić. Il est également élu meilleur jeune joueur de la Série A de l’année 2009 devant Mario Balotelli et Davide Santon. En somme, alors qu’une année de Coupe du Monde arrive, Alexandre Pato est vu comme le plus grand prodige du moment. Le monde du football est à ses pieds, il ne lui reste plus qu’à progresser, en espérant que le destin y mette du sien.

C’est alors que les problèmes commencent. En janvier 2010, il se blesse quelques semaines et revient courant février. Mais il se blesse fin février durant une rencontre de championnat face à l’Atalanta et doit déclarer forfait pour le match retour des 1/8èmes de finale de Ligue des Champions. Son équipe perd ce match 4-0 à Old Trafford et Manchester United inflige un 7-2 sur la double confrontation. Il revient quelques semaines plus tard, mais se re- blesse au même endroit : aux ischio-jambiers. Sa saison est terminée et son bilan est mitigé. En 23 matchs de Série A, il marque 12 buts et délivre une passe décisive. En Ligue des Champions, il prend part à 7 matchs mais n’inscrit seulement que 2 petits buts. Malgré ces statistiques décevantes pour un joueur qui devait faire mieux que lors de la saison précédente, ses deux buts inscrits en C1 l’ont été lors de la phase de poule. C’était durant un déplacement au Real Madrid comptant pour la 3ème journée et Alexandre Pato donna la victoire à son équipe. Ce sera son dernier coup d’éclat dans cette compétition. Malgré son ouverture du score à la 1ère minute face au Barça lors de la 1ère journée de la phase de poule de la Ligue des Champions 2011-2012, le brésilien n’aura jamais réellement briller en coupe d’Europe.

Alexandre Pato lors de la saison 2011-2012, sa dernière saison avec le numéro 7 dans le dos. Crédits : independent.co.uk

En 2010-2011, il se blesse dès le début de saison pour un mois, puis se re blesse au mois de septembre. En octobre, il joue, mais début novembre, il se blesse de nouveau pour une durée de deux mois et ne revient qu’en janvier. Lors de cette première partie de saison, Alexandre Pato manqua plus de 12 matchs. Jusqu’en mars 2011, tout se passe bien, mais il se blesse deux fois en deux mois et sa fin de saison est largement tronquée. Malgré son manque de régularité, le jeune milanais marque 14 fois en 25 matchs de championnat. Il réussit à délivrer 4 passes décisives et présente de ce fait, un bon bilan. Malgré cela, la frustration règne dans son club. S’il n’était pas fragile physiquement, Pato présenterait évidemment des très bonnes statistiques individuelles.

Ses deux dernières saisons sont jonchées de blessures. En un an et demi – il part en janvier 2013 au Corinthians -, il prend part à 25 matchs avec le Milan. Lassé par ces blessures, son club préfère le vendre. Son départ est aujourd’hui vu comme une première retraite, car il n’a depuis, jamais retrouvé le haut niveau.

Avec le Brésil, c’est un peu la même histoire. Sélectionné entre 2008 et 2013, il a joué 27 matchs sous le maillot de la Seleção et a marqué à 10 reprises.

Depuis 2013, Alexandre Pato a visité trois continents

Lors de son départ du Milan le 2 janvier 2013, soit cinq ans après son arrivé, il déclare que c’est pour mieux revenir. Il est persuadé que son avenir s’inscrit en Lombardie. Durant ce mercato d’hiver 2013, il retourne dans son pays natal et rejoint un club qui joue régulièrement le titre. Malgré des statistiques honorables, il ne s’entend pas avec ses supporters et son club décide de le prêter deux fois. Le premier prêt se fait à São Paulo pour une durée de deux ans. Les performances sont bonnes et un grand club européen décide de le faire venir : Chelsea. Malheureusement pour lui, sa période londonienne n’est pas concluante, car il ne dispose que très peu de temps de jeu causé par sa mauvaise forme physique. Après un but en deux matchs, il reste en Europe, car c’est Villarreal qui décide de miser sur lui. Encore une fois, il ne convainc pas et le club espagnol parvient à faire une très belle plus-value en le vendant en Chine pour 18 millions d’euros.

Alexandre Pato lors d’un entrainement avec son club de São Paulo début 2020. Crédits : esporteinterativo.com.br

Depuis, il disputé deux saisons dans le club de Tianjin puis est retourné au Brésil, une seconde fois pour jouer sous les couleurs du São Paulo FC où il a marqué 5 buts en 30 matchs de championnat. A presque 31 ans, Alexandre Pato ne peut plus prétendre à mieux. Il va sûrement jouer les prochaines saisons au Brésil puis mettra un terme à sa carrière dans un anonymat quasi-complet.

Miné par les blessures, Alexandre Pato n’a jamais su confirmer à l’AC Milan, là où il aurait pu incarner la période post-Kaká. Son destin ressemble à beaucoup d’autres, celui dont son talent était indéniable et pourtant, cela n’a pas suffit. Lorsqu’on se souvient avec nostalgie de tous ces joueurs qui ne sont jamais devenus de grands joueurs, on comprend alors à quel point il est difficile de faire parti des meilleurs. Le talent ne suffit pas.

(Crédits photo de couverture : latestspostalerts.blogspot.com)

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