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Michael Woods : de la piste au bitume

En cette période sans course, le CCS vous propose une nouvelle fois de revenir sur le parcours d’un cycliste. Aujourd’hui, cap sur le pays que l’on surnomme le Grand Nord Blanc et le parcours surprenant du coureur canadien Michael Woods.

Un jeune talent de l’athlétisme

Michael Woods est un coureur cycliste canadien né le 12 octobre 1986 à Ottowa. Aujourd’hui puncheur reconnu du peloton World Tour, ce n’est pas sur son vélo qu’il va commencer à établir de belles performances. En 2008, il sort diplômé de l’Université du Michigan pour laquelle il avait une bourse d’athlétisme. Durant sa jeunesse, il établit des records nationaux sur diverses épreuves de demi-fond (avec notamment un record national du mile juniors qui tient toujours), et devient également champion panaméricain junior d’athlétisme. Mais une grosse blessure (fracture de fatigue du pied gauche) le contraint de stopper sa carrière d’athlétisme en disputant sa dernière course en 2007. Après deux opérations, il commence à fleurter avec le vélo en faisant du crosstraining. En plus de cette pratique, il entre dans la vie active en travaillant dans un magasin de chaussures ainsi qu’au sein d’une banque.

Cap sur la bicyclette

C’est seulement en 2013 qu’il se met à fond dans le cyclisme. Après avoir couru dans plusieurs formations et à la suite d’une saison 2015 prometteuse, il signe à 29 ans pour la première fois dans une équipe World Tour, en intégrant la Cannondale. Dès sa première course World Tour, il finit cinquième du Tour Down Under. Par la suite, il termine deuxième de la semi classique Milan-Turin derrière le jeune colombien Miguel Angel Lopez. En 2017, il réalise un top 10 de Liège-Bastogne-Liège ce qui lui permet de mettre en avant ses talents de puncheur. Quelques semaines plus tard, il termine 37e du Giro pour ce qui est de sa première participation dans un grand tour. Mais c’est bien sous le soleil d’Espagne que le Canadien va révéler de jolies aptitudes en montagne. A la suite des trois semaines de course, il finit à la septième place du classement général.

Première victoire World Tour et médaillé de bronze aux mondiaux

La saison suivante, il continue de progresser en finissant deuxième de Liège-Bastogne-Liège derrière le luxembourgeois Bob Jungels. Premier podium pour la canadien sur une grande course d’un jour, mais pas le dernier ! Comme durant la saison 2017, il choisit comme programme le Tour d’Italie et le Tour d’Espagne, avec en point de mire les championnats du monde, qui correspondent parfaitement à son profil de grimpeur/puncheur. Après une dix-neuvième place au général sur les routes italiennes et une première victoire sur un grand tour durant la dix-septième étape de la Vuelta, il prend part au championnat du monde en ligne de cyclisme.

Michael Woods remporte son premier succès World Tour en s’imposant sur la 17e étape de la Vuelta 2018. (Photo : AFP/Getty Images / ANDER GILLENEA)

Dans cette édition difficile, il reste présent parmi les meilleurs tout le long de la course. En surnombre, l’équipe de France impulsée par Pinot et Bardet met le feu dans la dernière côte de Höll. Mais alors que l’auvergnat Bardet fait le travail pour mettre en orbite le favori Alaphilippe, ce dernier craque. On retrouve ainsi à l’avant de la course Bardet, Valverde… et Woods. Le vétéran Valverde finit par devenir champion du monde tandis que Michael Woods s’empare d’une très belle médaille de bronze. Il devient le premier canadien depuis Steve Bauer en 1984 à finir sur le podium d’un championnat du monde. Un jour historique pour le cyclisme canadien et la conclusion d’une très belle saison.

Le podium de la course en ligne du championnat du monde 2018 : Alejandro Valverde (centre), Romain Bardet (gauche) et Michael Woods (droite). (photo : UCI)

Victoire sur Milan-Turin

Michael Woods continue en 2019 de faire de belles places d’honneur, sans toutefois parvenir à lever les bras. C’est après avoir participer pour la première fois au Tour de France (qu’il a d’ailleurs terminé courageusement après avoir eu deux côtes cassées dans les Alpes) qu’il remporte sa première course d’un jour professionnelle en devançant Valverde et Yates sur Milan-Turin. Plaçant une ultime attaque à 300 mètres de la ligne, il n’a laissé aucune chance à ses concurrents. Il écrit une nouvelle page d’histoire du cyclisme canadien en devant le premier coureur de ce pays à remporter cette classique.

Michael Woods exulte, il remporte sa première course d’un jour avec EF Education First devant le maître des classiques Alejandro Valverde et le britannique Adam Yates.

En début de saison 2020, Michael Woods se fracture le fémur durant Paris-Nice, dernière course avant l’interruption de la saison. Mais le Covid-19 est passé par là, et a permis au canadien de se remettre en selle, alors que dans une configuration normale il aurait sûrement raté le Tour de France. L’homme d’Ottawa l’a exprimé il y a quelques semaines à nos confrères de radio canada : « J’aurais souhaité ne pas subir cette fracture, mais elle n’aurait pas pu survenir à un meilleur moment. ». Après une rééducation du côté de Gérone en Espagne, il revient au top de sa forme et entame un stage avec ses coéquipiers de EF Pro Cycling sur les routes d’Andorre. Il va à coup sur nous montrer tout son talent lors des prochaines classiques ardennaises, lui qui a fait ces dernières saisons de belles performances sur les courses d’un jour. Le canadien est également prévu sur le Critérium du Dauphiné et pour la deuxième fois de sa carrière sur le Tour de France qui débute le 29 août.

Michael Woods est un coureur à la trajectoire étonnante. Pressenti pour devenir champion d’athlétisme, c’est sur le cyclisme qu’il est aujourd’hui devenu une star dans son pays. Après Ryder Hesjedal, un nouveau canadien fait partir des grands coureurs du peloton. Arrivé sur le tard, il est aujourd’hui un des meilleurs puncheurs du monde.  Mais peut-il un jour devenir le premier canadien à remporter un monument du cyclisme ?

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