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Course aux Playoffs – Phoenix, où l’espoir meurt en dernier

Ce n’est plus un secret pour personne : la NBA est de retour. Le 30 juillet prochain, 22 équipes disputeront 8 matchs de classement in the House of Mickey Mouse, à Orlando. L’objectif est simple : établir une hiérarchie pour les dernières places qualificatives aux Playoffs. À l’Est, seuls les Wizards de Washington peuvent bousculer les plans du Magic et des Nets. À l’Ouest, l’équation est bien plus complexe. Les Grizzlies de Memphis tiennent la 8ème place de la Conférence depuis l’arrêt de la compétition le 12 mars dernier. Derrière, 5 équipes peuvent encore espérer décrocher le dernier spot pour les Playoffs : Portland, New Orleans, Sacramento, San Antonio et Phoenix. Face à cette situation inédite, le CCS vous propose d’évaluer les chances de qualification de toutes ces franchises en course pour les Playoffs. Aujourd’hui, place aux Suns de Phoenix, dernier invité de la conférence Ouest.

PHOENIX SUNS

SAISON RÉGULIÈRE

Enfin une lumière au loin après une décennie de galères en tout genre, c’est notre vision de la saison régulière à Phoenix. Depuis l’arrivée de James Jones en tant que GM de l’équipe, on sent qu’un vent nouveau souffle dans l’Arizona et cet exercice 2019/2020 en a été la confirmation. La validation des espoirs déjà entrevus lors de la saison précédente et ce, même malgré les 19 petites victoires au compteur. À l’intersaison, le GM des Suns ne s’est pas trompé en misant principalement sur l’expérimenté meneur espagnol Ricky Rubio (MVP de la Coupe du Monde 2019), la réalité du terrain lui a vite donné raison. Les Suns ont d’abord remporté 7 de leurs 11 premiers matchs, offrant un vrai bol d’air à leurs fans grâce à des victoires convaincantes face aux Clippers ou aux Sixers. L’enthousiasme s’est montré omniprésent jusqu’à Mi-Décembre, les Suns s’accrochant contre vents et marées à la huitième place de la conférence Ouest.

Le bonheur de voir les Suns enfin développer un semblant de fond de jeu nous a presque fait oublier que tout ça s’est fait sans leur pivot star Deandre Ayton, premier choix de la Draft 2018. Suspendu dès le début de la saison régulière pour la consommation d’un diurétique, son absence a été la pire des présences jusqu’à Noël. Alors une fois passée l’euphorie des débuts, l’alchimie des Suns s’est effritée comme dans un couple instable. Le 12 Décembre, les Suns affichent un bilan à l’équilibre (11 victoires, 12 défaites). 2 semaines plus tard, ces beaux débuts ont disparu après 8 défaites consécutives. La réintégration de Deandre Ayton dans le 5 majeur en Décembre a été un vrai calvaire. Monty Williams a expérimenté en alignant Aron Baynes et le Bahaméen ensembles sur le parquet, sans succès.

C’est l’un des reproches qu’on peut faire à Monty Williams. Malgré une gestion du groupe excellente, il n’a pas toujours brillé dans ses rotations, n’installant jamais de vraie hiérarchie sur les ailes comme au poste de meneur. 65 matchs de saison régulière n’auront pas suffi à définir un remplaçant établi de Ricky Rubio entre Elie Okobo, Jevon Carter, Tyler Johnson (coupé) et Ty Jerome, tous brillants par leur faiblesse. Par moments, un manque de détermination frappant sur des matchs pourtant prenables a également frustré ces Suns pourtant affûtes. Devin Booker, All-Star pour la première fois à presque 27 points par match s’est montré plus fort que jamais, mais a trop souvent manqué du soutien d’un groupe meilleur mais encore limité.

Le français Elie Okobo ne s’est jamais imposé dans la rotation de Monty Williams cette saison. (Crédits : Valley of the Suns)

En 65 matchs, ces Suns ont offert à leurs fans la meilleure saison de la franchise depuis 2014 et c’est déjà une victoire après des années de vide abyssal. Le résultat d’ensemble est encore décevant chez un groupe qui a manqué de profondeur et d’expérience, mais porteur d’espoirs. La preuve, les Suns ont gagné assez de matchs (26) pour être considérés parmi les prétendants aux playoffs et être invités à Orlando. Même si leur invitation permet surtout à la NBA de diffuser 8 matchs supplémentaires et d’empocher les quelques dollars qui vont avec, la symbolique sportive est forte à Phoenix.

SITUATION À LA REPRISE

Ce bilan de 26 victoires et 39 défaites ne va laisser aucune marge de manœuvre aux Suns. Invités in-extremis à Orlando, ils devront réaliser un grand exploit pour rattraper les Grizzlies provisoirement accrochés à cette précieuse 8ème place. 6 victoires de retard avec seulement 8 matchs à jouer, le défi est homérien, voir irréalisable. Le seul espoir des Suns réside dans l’éventualité d’obtenir la neuvième place devant leurs autres concurrents, en espérant que Memphis ne soit que peu inspiré devant eux. Si les Suns possèdent moins de 4 victoires de retard sur les Grizzlies à la mi-Août, ils obtiendront alors un double match de barrage contre ces derniers, et deux victoires de rang obligatoires à la clé pour aller rencontrer les Lakers au premier tour des playoffs.

Au niveau des affrontements directs :

  • Washington Wizards : Défaite 132-140 (28 Novembre)
  • Dallas Mavericks : Défaite 113-120 (30 Novembre) ; Victoire 133-104 (29 Janvier)
  • Los Angeles Clippers : Victoire 130-122 (27 Octobre) ; Défaite 99-120 (18 Décembre) ; Défaite 92-102 (27 Février)
  • Indiana Pacers : Défaite 87-112 (23 Janvier)
  • Miami Heat : Défaite 108-124 (08 Novembre)
  • Oklahoma City Thunder : Défaite 108-126 (21 Décembre) ; Défaite 107-111 (01 Février)
  • Philadelphia Sixers : Victoire 114-109 (05 Novembre)

Si on s’en fie aux résultats de la saison régulière, c’est un calendrier défavorable qui attend les Suns dans la bulle d’Orlando. Un programme qui peut enterrer encore un peu plus les derniers espoirs des plus optimistes. Sur la saison régulière, les Suns ont un bilan de 3 victoires et 8 défaites face aux 7 équipes qui croiseront leur route à DisneyWorld. Les défaites contre Washington, Indiana ou Oklahoma City sont symptomatiques de ces rencontres où les Suns ont manqué d’envie et n’ont pas perdu par manque de talent, mais par manque d’agressivité et de détermination. Parmi leurs 3 victoires se trouvent aussi certains de leurs plus beaux coups d’éclat, comme face aux Clippers où Devin Booker avait réalisé un dernier quart-temps fantastique faisant craquer les nerfs de Patrick Beverley.

Il faut plutôt juger ce calendrier sur l’ensemble des équipes invitées à Orlando. Si les Suns n’ont pas brillé face à ces concurrents en saison régulière, ils pouvaient difficilement espérer meilleur calendrier. Les favoris pour le titre que représentent les Bucks, Lakers, Nuggets, Rockets, Celtics ou Raptors sont évités. Seuls les Clippers sont de ce calibre sur la route des Suns. Pour le reste, il y aura une victoire obligatoire à aller chercher d’emblée contre les Wizards. Les six autres rencontres sont loin d’être simples, mais toutes prenables dans des soirs d’euphorie pour la bande à Devin Booker. Quoi qu’il en soit, les Suns arrivent dans la bulle avec l’avant-dernier plus mauvais bilan, et 20 équipes sont meilleures qu’eux sur le papier. Ainsi, ce sera à Phoenix de trouver un supplément d’âme pour remporter des matchs où ils ne seront pas favoris au coup d’envoi.

LES SECTEURS CLÉS

✔️ Un jeu collectif fluide

Peu cité dans les médias traditionnels, le jeu collectif des Suns a été sa grande force lors de la saison régulière et a en partie provoqué les nets progrès de l’équipe. Les Suns sont leaders de la NBA dans de nombreuses catégories de passes. 66% de leurs tirs marqués proviennent d’une passe décisive, le meilleur pourcentage de la ligue. Avec 27 passes décisives par match en moyenne, ils sont également premiers. Dans les statistiques avancées, leur 19% au ratio de passes décisives les place également en tête de la ligue. Cette capacité à se trouver les yeux fermés souligne le bon travail de Monty Williams, amplifié par l’arrivée de Ricky Rubio, troisième meilleur passeur de la ligue (8.9 passes décisives par match) derrière LeBron James et Trae Young. C’est donc tout naturellement qu’on retrouve 5 duos des Phoenix Suns, parmi le Top 10 des duos qui provoquent le plus de passes décisives.

Parmi les duos qui provoquent le plus de passes décisives, lorsqu’ils sont alignés ensembles sur le parquet, les Suns sont inévitables.

Ces statistiques montrent aussi la qualité supérieure du duo d’extérieurs que l’espagnol compose avec Devin Booker. Complémentaires mais encore perfectibles dans leur entente, les deux hommes sont des menaces permanentes pour les défenses adverses dans leur vision du jeu. Devin Booker complexifie l’équation en délivrant 6.6 passes par match, en plus de pouvoir être un soliste merveilleux. Le rôle de Deandre Ayton dans cette réussite est à ne pas sous-estimer. Après sa suspension, on a pu observer ses pick and roll avec Rubio et Booker faire des ravages. C’est en particulier vrai avec ce dernier qui ne peut être délaissé par la défense, qui doit alors faire un choix entre deux attaquants impitoyables dans leur registre.

❌ Des quatrièmes quart-temps infernaux

Comme on vous l’a répété dans cet article, les Suns ont trop souvent péché par inexpérience cette saison. Leur incapacité à se surpasser dans le money-time des matchs serrés en témoigne. Alors que la défense des Suns est dans la moyenne NBA, elle est la plus mauvaise de la ligue (defensive rating) dans le dernier quart-temps. Alors que Phoenix conserve un jeu offensif satisfaisant, cette défense tant mise à mal fait tomber l’équipe au 27ème Net Rating de la ligue toujours dans ce quatrième quart temps. Même son de cloche dans le Plus/Minus de l’équipe, 28ème dans cette maudite période. Les Suns doivent apprendre à se concentrer et à ne plus seulement échanger des paniers lorsqu’il s’agit de tuer un match. Leurs 11 défaites par 5 points ou moins en témoigne, avec parmi elles de trop nombreuses fins de matchs rocambolesques en tout genre.

Devin Booker et les Suns n’ont pas toujours été gâtés par l’arbitrage, comme le 28 Octobre dernier face au Jazz où les officiels ont refusé de recalculer l’horloge dans les dernières secondes du match, alors qu’elle ne s’était pas arrêtée à leur coup de sifflet. (Crédits : Arizona Sports)

C’est en cela que ce voyage à Orlando doit être instructif. Ces 8 matchs à couteaux tirés offrent aux Suns une vraie opportunité de se tester contre des adversaires tous meilleurs qu’eux dans des matchs à enjeux. Ne nous trompons pas de combat, Devin Booker ne doit pas être pointé du doigt. S’il a parfois été maladroit dans le money time, il n’en est pas pour autant un mauvais leader. Dans les moments clés, les Suns doivent se baser sur ce qui marche le mieux, leur jeu collectif.

🕵️ Le facteur X : La protection du cercle

L’élément qui pourrait faire pencher la balance de ces matchs serrés que Phoenix a du mal à gagner, c’est la protection de la raquette. Dans ce domaine, Deandre Ayton est directement concerné. Lors de son année rookie, il a trop souvent été un défenseur naïf et facile à tromper pour les meilleurs attaquants adverses. Depuis, la donne a changé. Le bahaméen progresse vite dans ce domaine, au point de déjà s’élever parmi l’élite des pivots en ce qui concerne la protection du cercle. Le pourcentage des tirs adverses près du cercle tombe à 40% lorsqu’ils sont défendus par Ayton. Mais la route est encore longue pour le numéro 1 de Draft, qui a le potentiel pour devenir un défenseur encore plus intimidant.

Plus globalement, c’est tout le secteur intérieur des Suns qui doit apprendre à se faire respecter dans la raquette. Ayton et ses 12 rebonds par match est l’arbre qui cache la forêt. Derrière lui, aucun intérieur des Suns ne dépasse les 5 rebonds par match. Ni Dario Saric, ni Frank Kaminsky, ni même le bûcheron australien Aron Baynes ne font figure de menace défensive. Cela doit changer et les Suns doivent au moins entrer dans le Top 15 de la ligue (17èmes) au pourcentage de rebonds pour espérer entrevoir de meilleurs résultats.

L’AVIS DE @SunsFR

Les Suns, invités presque par défaut, partent de trop loin pour rattraper leur retard en seulement huit matches, qui plus est sans confrontations directes avec leurs concurrents. Bradley Beal forfait côté Wizards, on peut même penser que le carton d’invitation n’aurait jamais dû arriver jusque dans la boîte aux lettres de James Jones. Même un sans-faute ne garantirait pas une place en playoffs tant les délais pour refaire le retard sont courts. Alors qu’espérer donc ? Pas grand-chose.

On aimerait évidemment voir le niveau de cet effectif au complet, puisqu’à peine entrevu au cours de la saison, entre blessures de role players essentiels et suspension de la pierre angulaire de l’équipe, mais il n’est même pas certain que tous les Suns soient en état de jouer à Orlando. La communication autour de la guérison d’Oubre est nébuleuse au possible, avec un GM qui assure qu’il peut jouer, un médecin qui soutient le contraire, et un joueur qui reste évasif sur la question. Au moins, Baynes et surtout Rubio auront pu enfin souffler, et ils en avaient cruellement besoin.

Alors en prenant les choses en l’état, on souhaiterait juste avoir sur les parquets un aperçu rassurant des bonnes choses que l’équipe a pu produire de manière éparse au cours de la saison. Si on a confirmation de la cohésion du jeu de Monty Williams, ou de la montée en puissance de Bridges, ou de l’entente Rubio-Booker, ou de l’impact défensif en gestation d’Ayton, ou du niveau du banc lorsque tous les remplaçants sont en tenue, on sera très contents. Si on n’a rien de tout ça, on ne paniquera pas pour autant car le contexte est encore plus rude pour une équipe qui repose autant sur son jeu collectif et dispose de si peu de playmakers individuels. On se satisfera donc aisément de quelques matches agréables à heure française, voire même, soyons ambitieux, d’aucune blessure rédhibitoire.

@SunsFR

CHANCES DE QUALIFICATION

En leur donnant la note la plus basse possible, nous n’imaginons pas les Suns aller au-delà de leurs 8 matchs de saison régulière restants à Orlando. Cet effectif est encore trop vert pour concurrencer celui des Pelicans, Grizzlies ou même Trail Blazers, globalement mieux fournis. Cette bulle doit avant tout servir de base de travail à Monty Williams en vue de la saison prochaine, lui qui a par exemple affirmé vouloir expérimenter davantage de séquences avec Devin Booker au poste de meneur. Enfin, les belles histoires n’arrivent qu’à ceux qui ont essayé. Alors dans un éventuel état de grâce, les Suns peuvent espérer remporter au moins 6 matchs sur 8 et se qualifier vers un barrage de façon miraculeuse. L’espoir meurt en dernier.

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