Ce n’est plus un secret pour personne : la NBA est de retour. Le 31 juillet prochain, 22 équipes disputeront 8 matchs de classement in the House of Mickey Mouse, à Orlando. L’objectif est simple : établir une hiérarchie pour les dernières places qualificatives aux Playoffs. À l’Est, seuls les Wizards de Washington peuvent bousculer les plans du Magic et des Nets. À l’Ouest, l’équation est bien plus complexe. Les Grizzlies de Memphis tiennent la 8ème place de la Conférence depuis l’arrêt de la compétition le 12 mars dernier. Derrière, 5 équipes peuvent encore espérer décrocher le dernier spot pour les Playoffs : Portland, New Orleans, Sacramento, San Antonio et Phoenix. Face à cette situation inédite, le CCS vous propose d’évaluer les chances de qualification de toutes ces franchises en course pour les Playoffs. Aujourd’hui, place aux Sacramento Kings, une équipe qui n’a plus connu la post-season depuis la saison 2005-2006.
SACRAMENTO KINGS
SAISON RÉGULIÈRE
14 ans. Quatorze longues années que les fans de Sacramento attendent que leurs Kings retrouvent les playoffs. Après une prometteuse saison 2018-2019 terminée à une encourageante 9ème place à l’Ouest, les coéquipiers de De’Aaron Fox démarrent la saison avec un objectif clairement annoncé : retrouver l’un des huit spots qualificatifs pour enfin jouer les playoffs. Étonnamment, malgré des résultats clairement en hausse, Dave Joerger est remercié à l’inter-saison et remplacé par le jeune coach Luke Walton, en provenance des ennemis de Los Angeles. L’effectif est talentueux, mais jeune et inexpérimenté et les bookmakers annoncent en début de saison une 11ème place avec 37 victoires pour les Kings dans cette conférence Ouest une nouvelle fois très relevée. Fox a-t-il les épaules pour être Franchise Player ? Marvin Bagley peut-il réaliser une saison pleine ? Voici les deux questions qui allaient décider du sort de cette saison à Sacramento.

Dès le début de la saison, les Kings se retrouvent en grande difficulté. Marvin Bagley III se blesse dès le match d’ouverture que ses coéquipiers perdent largement à Phoenix et le nouveau coach Luke Walton doit directement composer avec les blessures. Les cinq premières rencontres sont perdues et tous les espoirs de pré-saison se retrouvent rapidement envolés. Ce qui faisait la véritable force des Kings de Dave Joerger l’an passé, à savoir un rythme ultra-rapide avec la meilleure Pace de NBA, n’est plus d’actualité en ce début de saison. Quelques coups d’éclats, à l’image des Buzzer Beaters de Barnes contre Utah en novembre ou celui de Bjelica le 10 décembre face aux Rockets, ont du mal à cacher les difficultés des hommes de la capitale Californienne. Les joueurs de Sacramento ne parviennent pas à trouver leur identité, avec une accumulation de talents dans l’effectif, à l’image du meneur dynamité De’Aaron Fox, du prometteur n°2 de la Draft 2018 Marvin Bagley, du sniper des Bahamas Buddy Hield, de l’ex-Warrior Harrison Barnes ou encore de l’un des meilleurs joueurs de la dernière coupe du monde en Chine, le serbe Bogdan Bogdanovic.
Les difficultés se poursuivent pour Sactown lorsque Fox, censé être le Franchise Player des Kings, se blesse à la cheville à l’entraînement début Novembre. Hield maintient le navire à flot en scorant très proprement, mais cela ne suffit pas et Sacramento connait une série cauchemardesque de mi-décembre à mi-janvier : 18 matchs et seulement… 3 victoires pour atteindre un horrible bilan de 15 victoires pour 29 défaites le 22 Janvier. À ce moment de la saison, la huitième place à l’Ouest paraît inaccessible. Mais Luke Walton trouve la bonne recette, quelques victoires s’enchainent et les sourires commencent à revenir à Sacramento. Les Kings retrouvent une des meilleures Pace de la ligue (11ème de NBA depuis début Janvier) et peuvent de nouveau apercevoir le huitième spot tenu par les Grizzlies. Belle surprise de la saison, le pivot Richaun Holmes fait beaucoup de bien aux siens avec une très belle énergie sur le terrain. Parti de loin, Sacramento est sur une bonne dynamique lorsque la saison est suspendue avec une belle alchimie d’équipe. Dans l’effectif, un cinq majeur bien équilibré (Fox, Bogdanovic, Barnes, Bjelica, Holmes) et un banc fourni en qualité avec un meneur gestionnaire expérimenté en la personne de Cory Joseph, un sixième homme très efficace avec Buddy Hield, un intérieur sous-côté nommé Harry Giles ainsi que quelques arrivées judicieuses lors de la trade deadline (Bazemore, Len voire Parker ?). Il aura fallu quelques mois pour trouver un équilibre – imparfait – chez les Kings, mais cet effectif possède des qualités indéniables.

La saison a été compliquée du côté de Sacramento. Le pari de changer de coach après une saison prometteuse a été partiellement perdu, avec beaucoup de difficultés dans la première partie de saison. Luke Walton n’a quasiment jamais eu son effectif au complet et le cinq majeur a souvent évolué au cours des mois, mais les résultats ont commencé à s’améliorer à partir de la fin du mois de Janvier pour finir en trombe avec 10 victoires sur les 14 dernières rencontres. Pour espérer accrocher les playoffs, les coéquipiers de Buddy Hield, vont devoir garder la dynamique positive qui était la leur avant la coupure forcée.
SITUATION À LA REPRISE

Malgré une saison globalement décevante avec une période catastrophique entre mi-décembre et mi-janvier, les hommes de Luke Walton se retrouvent en 11ème position à l’Ouest, à égalité avec les New Orleans Pelicans, avec un bilan de 28-36. Même si cela s’annonce très compliqué pour Sacramento, il est toujours envisageable d’aller chercher la huitième place occupée par Memphis qui possède 3,5 victoires d’avance. S’ils parviennent à maintenir le rythme d’avant-coupure pour cette reprise, les espoirs pourront être permis. Voici les 8 matchs restants pour Fox et les siens :

Au niveau des affrontements directs :
- San Antonio : D 105-104 (OT), V 122-102
- Orlando : D 114-112
- Dallas : V 110-106, D 127-123, D 130-11
- New Orleans : D 117-115
- Brooklyn : D 116-97
- Houston : V 119-118, D 113-104
- New Orleans : D 117-115
- Los Angeles Lakers : D 99-97, D 129-113
Au cumulé, les Kings présentent un bilan de 3 victoires pour 9 défaites sur l’exercice 2019-2020 contre les équipes qu’ils auront à affronter à Orlando. Pas franchement rassurant. Au menu, trois rencontres face à des concurrents directs pour aller chercher le huitième spot. Un premier match face à des texans qui n’auront pas le droit à l’erreur ainsi que deux face aux Pels de Zion qui devraient être ultra-motivés. Trois rencontres qui compteront double. Cette année, face aux Spurs, les joueurs de Walton s’étaient inclinés d’un petit point en décembre sans Fox et Bagley puis s’étaient vengés avec un Hield impressionnant derrière l’arc (9/10 !) et un bel apport de la recrue Bazemore en sortie de banc (15 pts). Face à New Orleans en janvier, les Kings avait rendu les armes dans les dernières secondes en manquant de scoring dans leur second unit (seulement 16% des points venant du banc).
Si l’on s’en tient au Strenght Of Schedule (combinaison des bilans de leurs adversaires), les Kings ont un des calendriers les plus simples parmi les 22 équipes présentes à Orlando. Ce n’est pas un détail à négliger : avec 3 victoires de retard sur la 8ème place qualificative, sachant que les Grizzlies ont hérité d’un calendrier très corsé, Sacramento est maitre de son destin. Le bilan combiné mis de côté, c’est d’un planning abordable dont les Kings disposeront. À l’exception des Lakers qui se feront un malin plaisir d’empêcher leur meilleurs ennemis d’aller en playoffs lors de l’ultime rencontre, Sacramento n’aura à affronter aucune équipe classée Top 5 de conférence. Autrement dit, chaque match pris individuellement est gagnable. Facile, non. À leur portée, oui. L’addition du vétéran Corey Brewer ainsi que le possible retour de Marvin Bagley III donnent aux Kings l’envie d’y croire, d’autant plus qu’ils seront au complet (à l’exception de Jabari Parker blessé au genou).
LES SECTEURS CLÉS
✓ Jeu en transition et adresse extérieure
L’an passé, les Kings étaient reconnus pour courir sans cesse et ne laisser aucun répit à leurs adversaires. Après quelques difficultés d’adaptation en début de saison, les hommes de Luke Walton ont trouvé leur rythme et ont su faire la différence en augmentant le rythme de jeu. L’effectif possède des qualités certaines pour finir en transition avec celui considéré comme le joueur le plus rapide de NBA, De’Aaron Fox, mais également Harrison Barnes, Marvin Bagley III ou encore Richaun Holmes. À partir de mi-Janvier, lorsque les Kings sont sortis de leur série noire en augmentant leur Pace et avec le retour de blessure de Fox, ils ont maintenu un rythme d’équipe playoffable, virtuellement dixième de NBA, à égalité avec des équipes comme Miami, Philadelphie ou encore Utah. Pour espérer accrocher la huitième place dans la bulle d’Orlando, il faudra profiter des quelques espaces offerts pour finir en transition et obliger les adversaires à courir.
Une autre caractéristique positive de cette équipe, la belle adresse extérieure. From downtown, les coéquipiers de Cory Joseph se classent dixième de NBA cette saison avec 12,6 paniers à 3 points réussis par rencontre en moyenne à une belle réussite de 36,4%. Une belle menace extérieure représentée par le deuxième meilleur sniper de NBA, mister Buddy Hield. Le meilleur joueur de NCAA en 2016 a en effet réussi 244 tirs derrière l’arc cette saison, en moyenne près de 4 par match, avec une réussite proche des 40% ! Mais il n’est pas seul dans l’effectif à pouvoir artiller de loin. Nemanja Bjelica est également très fiable à longue distance avec une réussite moyenne 42,4%. Bluffant. Dans l’équipe, Bogdanovic, Barnes, Joseph ou encore Bazemore sont tous solides à 3 pts et permettent d’écarter le jeu des Kings.
❌ Défense dans la peinture
Lorsque l’on regarde les statistiques détaillées, Sacramento se retrouve bon dernier de NBA en pourcentage de réussite des équipes adverses dans la raquette. Sans Bagley qui n’a participé qu’à 13 rencontres cette saison et avec un pivot plutôt offensif comme Holmes en titulaire, l’équipe manque de protecteurs de raquette et ne parvient donc pas à dissuader les joueurs adverses de venir finir dans la peinture violette. Cela se confirme avec la 25ème moyenne de la ligue en contre/match. De plus, les Kings offrent de trop nombreuses seconde chance en ne captant que 42,5 rebonds/match (27ème de NBA), malgré le bel apport récent de l’Ukrainien Alex Len dans ce domaine avec 7,1 prises par rencontre en seulement 16 minutes de moyenne. Ses coéquipiers ne profitent donc pas de certaines défenses réussies pour capter le rebond et se projeter vers le cercle adverse, mais subissent de nouvelles offensives adverses qui leur ont été fatales à plusieurs reprises.
🕵️ Le facteur X : La présence de Marvin Bagley
Le numéro 2 de la Draft 2018 avait apporté ce qu’il manquait à Sacramento dès sa saison rookie l’an passé. Avec 64 matchs au compteur, il apportait chaque soir du scoring (14,9 pts/match) et de la présence à l’intérieur (7,6 rebonds/match). Le management et les fans des Kings espérait une saison pleine de sa part cette saison pour enfin retrouver les Playoffs. Il a réalisé sensiblement la même contribution statistique cette saison mais sur un très faible échantillon. En effet, le jeune intérieur n’a disputé que 13 matchs lors de cette saison 2019/2020, dû à des blessures au pouce puis à la cheville. Une fragilité qui fait prendre du retard au projet Kings qui ont beaucoup misé sur l’ancien de Duke. De retour dans la bulle d’Orlando, il faudra quelque temps pour que l’ailier-fort s’intègre dans l’équipe et s’imprègne des systèmes de Luke Walton qui souhaite toujours en faire son arme fatale capable de dépanner aux postes 3, 4 ou 5, pour combler les besoins de la team. Car on s’en est encore rendu compte lors de sa dernière apparition en NBA face au Heat le 20 janvier (15 points et 15 rebonds en 38 minutes), le potentiel du garçon est énorme et pourrait aider les Kings à franchir un cap lorsqu’il sera utilisé efficacement.
Coach Walton est ravi de pouvoir compter sur le jeune ailier-fort américain, comme il le glissait dans une interview en marge du premier jour de camp “Je suis très content qu’il se sente mieux et qu’il ait l’air en forme, et quand on regarde la saison on y voit toutes les opportunités manquées. Les blessures font partie du jeu mais il a raté une grosse partie de la saison et en tant que jeune joueur il a encore une grosse marge de progression“. Mais pour lui, ce n’est pas non plus le moment de tout changer dans la rotation : “ Nous jouions vraiment bien avant la coupure de la saison donc on ne va pas trop prendre de risque avec ce qui marchait en terme de rotation. Richaun a été incroyable cet année, Alex est arrivé dans un échange et a tout de suite eu un impact en jouant physique et en protégeant le cercle “. Bjelica propulsé titulaire en l’absence de Bagley devrait garder sa place dans la cinq majeur des Kings, pendant que le sophomore devrait apporter son énergie et son scoring en sortie de banc, aux côtés de Buddy Hield.
CHANCES DE QUALIFICATION

Si les Kings sont sérieux (il faudrait songer à stopper les Uber Eats Richaun) et au complet (Harrison Barnes ayant été positif au Covid-19), il ne faudra pas les écarter trop vite de la course à la huitième place à l’Ouest. Avec 3 victoires de retard sur les Grizzlies grâce à une belle deuxième partie de saison, les joueurs de Sacramento auront les cartes en main pour réaliser quelque chose d’historique dans la bulle d’Orlando. Soyons réalistes, il y a de faibles chances que les coéquipiers de Fox y arrivent (nous donnons 2 étoiles sur 5), mais les Kings pourraient en surprendre plus d’un dans ce scénario offert par la NBA.