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Gasperini, le révolutionnaire

Gollini, Castagne, Djimsiti, Gosens, Hateboer, Palomino, Toloi, De Roon, Gomez, Ilicic, Freuler, Pasalic, Muriel, Zapata. Des noms qui paraissent étrangers aux personnes ne suivant pas le football Italien. Et à raison, qui aurait cru il y a deux ans à peine que l’équipe de l’Atalanta Bergame serait une des plus belles à voir jouer en Europe, produisant un jeu offensif et séduisant, sans complexes et avec l’ADN d’un homme : Gian Piero Gasperini.

Arrivé en 2016 à la tête de l’équipe de Lombardie, le technicien Italien passé principalement par le FC Crotone et par le Genoa (durant sa carrière d’entraîneur) a métamorphosé l’Atalanta, en faisant passer son équipe d’équipe moyenne de Serie A à quart de finaliste de la mythique Ligue des Champions. Au bord de la relégation en 2014-2015 avec une alarmante 17 ème puis une triste 13ème place la saison suivante en Série A, le club de Bergame décide de s’attacher les services de Gasperini. Une bien belle idée puisque depuis son arrivée, le club n’a pas été en dessous de la 7ème place (lors de la saison 2017-2018) et a surtout réussi à se qualifier pour la Ligue des Champions pour la première fois de son histoire avec une très enthousiasmante 3ème place en 2018-2019.

Qui est Gasperini ?

De son nom complet Gian Piero Gasperini, cet italien de soixante deux ans est un ancien milieu de terrain formé à la Juventus, équipe avec laquelle il jouera seulement 9 matchs pour 1 but. Il effectuera l’ensemble de sa carrière professionnelle dans son pays natal en jouant pour l’US Palerme (128 matchs), USD Cavese (34 matchs), US Pistoiese (34 matchs), Pescara (171 matchs), Salernitana (35 matchs) avant de finir sa carrière en 1993 au Vis Pesaro. Une carrière de joueur moyenne puisqu’il en effectuera la majeure partie en Série B et en Série C.

Gasperini sous les couleurs de la Juve. (Crédits : Dagospia)

Il débute sa reconversion d’entraîneur en 1994 en entraînant les équipes jeunes de la Juventus de Turin pendant presque 10 ans, avant de se lancer dans le dans le monde professionnel en devenant le coach du FC Crotone. Une grande année pour le technicien Italien puisqu’il permet à Crotone de monter en Série B. Il passe ensuite par le Genoa en Série B et parvient à faire remonter le club de Gènes en Série A. Gasperini passe ensuite par l’Inter de Milan et Palerme, deux clubs ou il ne convaincra pas avant de revenir au Genoa de 2013 à 2016. Il rejoint par la suite l’Atalanta Bergame, ou son analyse tactique et son ADN sont dévoilées au grand public.

Le style Gasperini

Le dispositif préférentiel de Gasperini est le 3-4-1-2, dispositif qu’il a utilisé dans plus de 56% des rencontres disputées par l’Atalanta cette saison. Le style offensif mis en place par le technicien Italien privilégie la transition rapide vers l’avant, la projection des éléments offensifs (pistons et milieux axiaux compris), une défense haute et un pressing intense dès la perte de balle. Le dépassement de fonction est également une des bases du schéma de Gasperini, le porteur de balle trouve toujours une ou des solutions entre les lignes adverses et cela est dû au nombre incalculable de courses que font les joueurs de l’Atalanta lors de chaque rencontre. Le fait d’avoir un bloc large avec les pistons collés à la ligne libère des espaces vers l’intérieur ce qui permet au porteur d’avoir 2 ou 3 solutions devant ou à côté de lui. La volonté d’apporter toujours du surnombre et du déséquilibre dans la défense adverse font du jeu de l’Atalanta, un jeu surprenant qui a pris au dépourvu un grand nombre de défenses. Malgré des transitions souvent rapides vers l’avant l’Atalanta est capable de poser son jeu et de redoubler les passes aux abords de la surface adverse. Le numéro 10 de cette équipe l’Argentin Alejandro Gomez réalise certainement à 32 ans la meilleure saison de sa carrière, véritable électron libre au sein du dispositif de Gasperini, il se place à merveille entre les lignes et distribue de véritables caviars à ses coéquipiers comme le montre les 11 passes décisives qu’il a cette saison à son actif. Avec 15 buts au compteur Josip Iličić est pour le moment le meilleur buteur de cette équipe. Malgré le 3-4-1-2, de base l’Atalanta joue souvent avec une seule pointe qui est chargée de prendre la profondeur ou de jouer un rôle de pivot, un poste qui convient à merveille au Colombien Duván Zapata. Malgré les études que peuvent faire chaque équipe sur le jeu de l’Atalanta Bergame, elles continuent à être surprises car les hommes de Gasperini possèdent beaucoup de variantes tactiques ce qui rend l’Atalanta imprévisible.

Soudés. (Crédits : Foot01)

En phase défensive, l’Atalanta inflige à ses adversaires un pressing très haut et constan tpour essayer de récupérer le ballon dans la moitié de terrain adverse. Toujours avec cette idée d’intensité, Gasperini met beaucoup de joueurs dans la zone ou le ballon est situé afin d’asphyxier le onze adverse. Un marquage individuel est adopté mais nous remarquons que quand le ballon pénètre dans la surface ou si il est aux abords de celle-ci alors le marquage individuel se transforme en marquage en zone avec l’idée directrice qui est d’avoir toujours un joueur en plus par rapport à l’adversaire. Avec le 3-4-1-2 du technicien Italien nous pourrions penser qu’en phase défensive l’Atalanta passerait à 5 en défense avec les deux pistons qui viendraient fermer les ailes et ainsi devenir de véritables latéraux, ce n’est pas vraiment le cas puisque il y a toujours un joueur de la ligne des 5 qui sort sur son vis à vis afin de le priver de solutions et qui coupe les lignes de passes. Dans cette situation il y a deux possibilités pour Gasperini soit un des centraux sort en milieu défensif, soit un des pistons avance sur son adversaire direct et donc l’un des 3 centraux devient latéral pour conserver la ligne de 4. Les joueurs de l’Atalanta Bergame sont toujours au diapason et travaillent ensemble pour le collectif.

Les limites du système

Malgré les nombreuses louanges que nous pouvons faire à l’Atalanta tout n’est pas parfait dans le jeu. Des erreurs de relances récurrentes, une défense haute qui laisse donc des espaces dans son dos font de l’Atalanta la 10ème défense de Série A avec une moyenne de 1.39 buts encaissé par match. La lourde défaite 5-1 en ligue des Champions face à Manchester City en octobre dernier a montrée les limites du système Gasperini. Face à des joueurs qui adorent les espaces dans le dos des défenses comme Sterling ou Mahrez, les joueurs de Bergame se sont vus dépassés par les évènements ce soir là à l’Etihad Stadium. Le nombre de courses que doivent fournir les joueurs de Gasperini impacte également leur lucidité devant le but et des joueurs manquent parfois de réalisme à l’image de la première mi-temps de Zapata face à la Lazio lors de la victoire 3-2 de son équipe ou encore lors du huitième de finale aller face à Valence ou bon nombre d’occasions n’ont pas été converties.

Malgré certaines limites, Gasperini et ses hommes ne renieront pas leur jeu alléchant, qui fait depuis plus de deux saisons maintenant leur force. Avec 80 buts marqués cette saison en championnat l’Atalanta possède la meilleure attaque du championnat avec une moyenne de 2.86 buts marqués par match, la seconde meilleure attaque est la Lazio avec une moyenne de 2.29. Toujours en lice en Ligue des Champions et toujours en course pour un podium en championnat, les hommes de Gasperini pourraient voir une saison déjà historique tourner au rêve éveillé, c’est en tout cas ce que tout les amateurs de beau jeu leurs souhaitent.

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