La tâche que les équipementiers sont amenés à suivre chaque année pour renouveler la personnalité d’un club à travers ses maillots et ses équipements d’entraînements n’est pas chose aisée. Souvent divisé en trois maillots différents – domicile, extérieur, “third” -, l’apparat principal d’un club, d’une équipe, ne doit pas décevoir. Respect de l’histoire, des couleurs, de la culture d’un club, façonnage du logo, qu’est-ce qui fait d’un maillot une réussite ? Tentative de réponses.
Respecter l’histoire et ses couleurs
Chaque année, des débats autour de l’histoire d’un club et de ses couleurs ressurgit. Chaque fois qu’un club présente son nouveau “kit” de maillots pour la saison à venir, cela suscite l’intérêt vif de nombreux supporters et même de curieux d’autres horizons. Doit-on privilégier le beau au détriment du culturel ? C’est parfois la question qui fait vaciller les fans. Par exemple, le maillot des Girondins de Bordeaux peut-il perdre sa couleur marine et blanche sur sa tunique domicile ? Le maillot domicile de l’Olympique de Marseille pourrait-il être rouge ? Le maillot d’un club de football est le fruit de sa représentation dans l’imaginaire collectif. Chaque club est associé à sa ou ses couleurs qui doivent ainsi apparaître sur le maillot principal, au moins. Fut un temps où le maillot extérieur n’était qu’une inversion des couleurs du maillot principal, intervertissant la couleur “x” avec la couleur “y”, et modifiant, dans des cas absolus, les motifs – leur position, leur forme, etc.

On note, sur l’image utilisée ci-dessus, cette fameuse inversion des couleurs : le bleu et le rouge sont les deux couleurs principales sur le maillot domicile ; le blanc reprend le dessus sur le maillot extérieur et constitue 90% de sa surface. Le bleu et le rouge sont ainsi placés seulement sur la bande qui se situe à droite du maillot. Aujourd’hui, l’apparence des maillots est devenue quasiment indissociable de l’équipementier : Adidas est ses trois bandes sur les épaules, Puma et ses courbes arrondies, Nike et sa sobriété parfois presque maladive. Pour tous les équipementiers, leur cahier des charges est fourni du patrimoine sportif de chaque club. Les supporters doivent reconnaître leur club à travers le maillot, ils doivent se sentir fiers de le porter et de le revendiquer. A travers une date – comme celle de la création du club -, des motifs qui peuvent représenter une ville, une région, un apport culturel dans lequel les supporters se retrouvent, le maillot doit être la vitrine d’une fierté, celle des couleurs d’un club.
Maillot et logo, destins liés ?
Les modifications récentes de certains logos de clubs européens ont-ils une influence sur le rendu des maillots de ces dits clubs ? Pour certains oui, mais dans des cas parfois complexes. Par exemple, avec le rachat de clubs organisé par City Football Group dernièrement, certaines institutions du football ont dû faire une modification totale de leur identité graphique, présentant ainsi les couleurs bleu ciel et blanc en avant. Les destins de ces deux entités graphiques sont liés par définition : le logo représente les couleurs qui s’afficheront sur un maillot. Modifier un logo peut dans certains cas faire modifier le maillot principal du club. Par exemple, dans le cas du LOSC, le logo, grâce à des modifications progressives, a fait apparaître de plus en plus de bleu, ce qui a entraîné une représentation plus massive de cette couleur sur les maillots.



Dans d’autres cas, le maillot ne change pas quand le logo lui est modifié. Par exemple, la Juventus a complètement transformé son logo, le rendant très froid et sans aucune référence à la culture du club turinois, mais les couleurs ont été conservés et le maillot est resté inchangé. Même cas pour le FC Nantes qui a modernisé son logo récemment mais qui a gardé ses couleurs canaris sur la tunique principale. Plus généralement, le maillot principal est le reflet parfait de ce que représente le club. Le maillot extérieur, lui, est devenu parfois presque un prototype comme par exemple le deuxième maillot de Newcastle lors de la saison 2019-2020 qui était … orange fluo.
Finalement, pour faire un bon maillot, il n’y a pas de miracle. Un bon maillot est une œuvre subjective. C’est le reflet de ce qu’un supporter attend de son club et de ce qu’il en aime. Avoir un beau maillot, c’est surtout se reconnaître dans son maillot. Quel intérêt porter à un club qui n’est pas le sien ? Comme tout, aimer un maillot, ce n’est pas le trouver beau ou laid, c’est exprimer ses goûts qui ne regardent jamais plus qu’une personne.
Image de couverture : Uruguay, championne du monde 1930.